20
octobre 2006
Notre avenir se construit à tout âge." Avec ce slogan en guise de
signature d'une campagne de communication en faveur de l'emploi des
seniors, le ministère de l'emploi et de la cohésion sociale espère
"changer les regards sur les plus de 50 ans dans le monde
professionnel". En clair, lutter contre les préjugés. En présentant,
devant le Conseil économique et social (CES), jeudi 19 octobre, notamment
les deux films de Raymond Depardon qui seront diffusés par la télévision,
le ministre Jean-Louis Borloo entame la "nouvelle étape" du
plan national d'action concertée pour l'emploi des seniors 2006-2010, dévoilé,
le 6 juin, par le premier ministre.
Ce plan reprend les principaux points d'un accord conclu entre les syndicats
- sauf la CGT - et le patronat, le 9 mars. Il doit permettre d'augmenter
le taux d'emploi des 55-64 ans jusqu'à 50 % à l'horizon 2010, alors
qu'il n'était en France que de 40,6 % en 2004, selon l'Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE).
"JE PEUX VOUS BATTRE AUX JEUX VIDÉO"
A titre de comparaison, ce taux s'élevait, cette même année, à 69,5 % en
Suède, 56,2 % au Royaume-Uni, 39 % en Allemagne ou 30,5 % en Italie.
L'exemple mis en avant par le ministère est celui de la Finlande qui, par
une campagne de communication grand public ("L'expérience est une
richesse nationale"), a élevé en cinq ans son taux d'emploi des
plus de 50 ans de 34,9 % à 43,7 % en 2000.
A grands renforts de portraits de seniors qui font, dans les films proposés,
des confidences parfois surprenantes, "je fais l'amour plus longtemps
que vous" ou, plus soft, "je peux vous battre aux jeux vidéo,
à l'aise", les autorités espèrent changer les mentalités.
Car, malgré les mesures contenues dans le plan gouvernemental et dans
l'accord entre syndicats et patronat, les réalités restent rudes. Les
salariés les plus âgés demeurent une variable d'ajustement de la
gestion du personnel dans les entreprises, avec des mises à la retraite
systématiques quand l'entreprise est en difficulté.
Le directeur de l'Unedic se plaignait, dans Le Monde (15 septembre), de ce
que les "dispenses de recherche d'emploi" pour les seniors
continuent d'être nombreuses : "Il y a toujours autant de personnes
dispensées de recherche d'emploi, les seniors de plus de 57,5 ans,
environ 170 000 par an, qui optent dès lors pour une préretraite."
De fait, les statistiques de l'assurance-chômage indiquent 419 542
dispensés de recherche d'emploi, "en stock", en août, un
chiffre en augmentation constante depuis plusieurs années malgré les
efforts du gouvernement pour favoriser le maintien dans l'emploi des
seniors.
"CDD VIEUX"
La principale mesure du plan, le CDD réservé aux seniors de plus de 57 ans,
de dix-huit mois renouvelable une fois, existe officiellement depuis le 29
août, jour de publication du décret. Cette mesure a été dénoncée par
la CGT comme un "CDD vieux" - le "contrat dernière
embauche" - qui allait "flexibiliser et précariser" le
travail.
S'il est encore trop tôt pour estimer son succès auprès des entreprises,
et si les partenaires sociaux signataires de l'accord semblaient croire en
son efficacité pour maintenir ou permettre le retour à l'emploi des
salariés âgés - leur offrant ainsi la possibilité d'arriver au taux
plein de leurs retraites, ont fait valoir les syndicats -, certains
doutent. "Il n'y a pas encore d'appropriation de ce dispositif par
les entreprises", explique ainsi Jean-François Veysset de la CGPME
(petites et moyennes entreprises). "Dans les entreprises de taille
moyenne, les directeurs de ressources humaines nous disent que ce CDD
n'est pas d'un grand intérêt", constate M. Veysset, qui aurait préféré
un CDD renouvelable plus d'une fois, ainsi que le patronat l'avait proposé
à l'origine.
Le président de l'association QuinCadres, Olivier Spire, estime que si la
mesure semble positive, "elle ne va pas concerner les cadres".
Selon lui, "les éléments de flexibilité doivent être apportés
plus tôt, dès 40-45 ans, parce qu'à 57,5 ans, cela n'a pas beaucoup
d'impact pour les cadres".
Outre le CDD réservé aux seniors, le plan prévoit d'autres mesures, dont
deux font l'objet d'articles dans le projet de loi de financement de la Sécurité
sociale pour 2007. La première, "l'encouragement de la pratique du
tutorat dans l'entreprise", qui va se traduire par la non-prise en
compte des sommes versées au compte de ce tutorat dans le calcul du cumul
"emploi plus retraites" dont, par ailleurs, le plafond a été
porté à 1,6 smic. Deuxième mesure, la fin de la possibilité pour les
entreprises de mettre d'office à la retraite des salariés en dessous de
65 ans.
Par ailleurs, la contribution Delalande - une somme versée par les
entreprises qui licencient un salarié de plus de 50 ans - sera supprimée
pour toutes les nouvelles embauches et disparaîtra complètement à l'échéance
du plan, en 2010.
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