Lundi,
la Cour des comptes a rendu son rapport sur l'usage fait des recettes liées
à la journée de solidarité. Pascal Champvert, président de
l'Association des directeurs d'établissements d'hébergement pour
personnes âgées (Adehpa), réagit.
Pascal
Champvert est le président de l'Association des directeurs d'établissements
d'hébergement pour personnes âgées (Adehpa). Dès 2003, l'Adehpa avait
indiqué «que la suppression d'un jour férié serait insuffisante pour
rattraper 20 ans de retard français en matière d'aide aux personnes âgées
fragilisées». Pascal Champvert réagit au rapport de la cour des comptes
rendu public lundi qui estime que les recettes liées à la Journée de
solidarité avec les personnes âgées sont bien utilisées.
Dans
son rapport sur la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA),
la Cour des comptes estime que les «craintes» sur l'affectation des
ressources du jour férié travaillé (initialement fixée le jour de la
Pentecôte) aux handicapés et aux personnes âgées ne sont «pas fondées»,
êtes-vous d'accord?
Son
président, Philippe Seguin, dit néanmoins que toutes les craintes ne
sont pas levées, cela montre bien qu'il faut rester vigilant. Nous
craignons par exemple la tentation permanente de tout responsable du
ministère de l'Economie et des finances de prendre l'argent là où il y
en a, c'est une crainte que nous exprimons depuis le début, et le fait
que Philippe Seguin l'ait également exprimée lundi matin montre bien
qu'elle n'était pas fantasmatique! En matière financière, il y a
toujours des risques. La cour relève ici où là des petites
substitutions. Bien sûr les crédits pris par l'Etat dans les caisses de
la CNSA n'ont pas été utilisés pour la construction de kilomètres
d'autoroute mais pour les personnes âgées et handicapées, toutefois, si
cette caisse n'avait pas existé, ces actions auraient bien été menées,
et l'argent trouvé ailleurs.
Jugez-vous
que les ressources dégagées grâce au jour férié travaillé sont
insuffisantes?
La
cour fait un travail comptable, elle n'est pas dans l'analyse des
politiques publiques, or, nous maintenons notre analyse qu'en matière de
politique publique, il y a eu en la matière un vice de départ. Les
seules ressources dégagées par la CNSA ont pour objet le financement de
deux plans différents: celui né de l'émotion légitime née après le décès
des personnes âgées pendant la canicule de 2003 mais également le plan
en faveur du handicap annoncé par Jacques Chirac après sa réélection
en 2002. On se retrouve avec deux plans financés sur les mêmes crédits
et on a donné la moitié à chacun, c'est un vrai besoin.
Où
trouver les ressources?
Dans
son rapport 2005, la cour avait fait une analyse des besoins, et que
disait-elle? Que la France a accumulé beaucoup de retards en matière
d'aide aux personnes âgées, que les besoins ne sont couverts qu'à moitié,
qu'il va falloir poursuivre les efforts en leur faveur et que la
suppression d'un jour férié ne suffira pas. A ce rythme-là, il faudrait
supprimer la 5e semaine de congés payés ! L'ADEHP avait proposé la
convocation d'une grande conférence réunissant les pouvoirs publics (états,
départements), les partenaires sociaux et les acteurs de l'aide aux
personnes âgées sur ces questions. Philippe Bas (ministre délégué à
la Famille, ndlr) avait dit qu'on en parlerait dans le cadre de la conférence
de la famille (du 3 juillet, ndlr), malheureusement, cette question
cruciale n'a pas été abordé
Que proposez-vous?
Aujourd'hui,
le constat sur les besoins est fait : il faut doubler l'aide aux personnes
âgées. Dans son rapport, le député de la majorité Jean Léonetti
avait évoqué plusieurs pistes comme l'augmentation de la
CSG
, de l'impôt sur les succession, ou une participation des entreprises à
travers l'impôt sur les sociétés. Et la mission des comptes de
l'Assemblée nationale évoque également ces pistes. Sur ce sujet, il y a
de vraies décisions politiques et budgétaires à prendre.
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