Berlin favorise l'emploi des seniors après avoir repoussé l'âge de la
retraite
Par Antoine
Jacob, Le Monde
Allemagne
1er
décembre 2006
Le gouvernement allemand a adopté, mercredi 29 novembre, une série de
mesures destinées à maintenir ou à ramener sur le marché du travail
les seniors. Baptisé Initiative 50 plus, ce projet de loi, qui devrait
entrer en vigueur au printemps 2007, est destiné à accompagner le report
prévu de l'âge légal du départ à la retraite. Celui-ci passera
progressivement de 65 à 67 ans d'ici 2029, selon une décision
gouvernementale prise en février et confirmée mercredi.
Comme ailleurs en Europe, les employeurs allemands rechignent à faire
travailler les personnes de plus de 50 ans. Outre-Rhin, 55 % des 55 à 64
ans sont soit en préretraite, soit au chômage. Une tendance qui, selon
les experts, risque d'aller en s'aggravant avec le vieillissement de la
population, particulièrement marqué dans ce pays. L'initiative adoptée
mercredi en conseil des ministres vise à faire passer à 50 % la
proportion des actifs dans cette catégorie d'âge d'ici à 2010.
Pour y parvenir, le ministre du travail, le social-démocrate Franz Müntefering,
a présenté diverses mesures incitatives. Un employeur qui embauchera,
pendant une période d'au moins douze mois, un chômeur de plus de 50 ans
recevra une aide correspondant à 30 % à 50 % du coût salarial ainsi
occasionné. Une entreprise pourra employer des chômeurs de plus de 52
ans pendant une durée déterminée de cinq ans. Par ailleurs, l'Agence
pour l'emploi remboursera de manière plus généreuse les dépenses de
formation du personnel d'entreprise dès l'âge de 45 ans.
Le gouvernement a également prévu de compenser partiellement la différence
entre les allocations chômage et un bas salaire, lorsqu'un inactif de
plus de 50 ans acceptera un emploi faiblement rémunéré. Avec ce "Kombilohn",
disponible pendant deux ans, M. Müntefering espère rendre le travail
plus attractif pour les chômeurs peu ou pas qualifiés.
Ces mesures, censées remettre 100 000 personnes de plus de 50 ans sur le
marché du travail, constituent un complément-clé du chantier des
retraites, mis en route par la grande coalition dirigée par la chrétienne-démocrate
Angela Merkel. A partir de 2012, le départ à la retraite sera relevé
d'un mois par an jusqu'en 2023, puis de deux mois par an. Résultat : à
partir de 2029, les Allemands qui souhaitent bénéficier d'une retraite
complète devront travailler jusqu'à 67 ans.
Ceux qui auront cotisé pendant quarante-cinq ans pourront toutefois partir
à la retraite dès 65 ans à taux complet. Cette exception déplaît aux
syndicats, qui voient là une discrimination à l'égard des femmes et des
chômeurs de longue durée. Pour M. Müntefering, il s'agit d'une faveur
faite aux personnes qui ont commencé à travailler très jeunes.