19
septembre 2006
Le
parquet de Niort accepte de juger des employeurs qui sélectionnaient les
candidats sur leur âge.
Il
pose délicatement ses mots : «Il y a un âge où l'on n'est plus séduisant
pour l'entreprise.» Il a 45 ans, et il ne l'est donc plus. En 2005,
Vincent de Rocher et six autres chômeurs portent plainte pour
discrimination suite à la parution de 40 annonces d'emploi imposant un âge
limite : «Cherche un directeur de communication de moins de 40 ans», «
Cherche un chef comptable de
moins de 30 ans».
En
tout, 70 entreprises sont impliquées : Bouygues, la SNCF, mais aussi des
cabinets de recrutement et les sites Internet qui diffusaient ces annonces
(Monster.fr, l'Apec, Cadremploi...). En juillet dernier, le parquet de
Paris et plusieurs parquets de province, qui avaient été saisis de ces
multiples plaintes, avaient décidé de les classer sans suite ( Libération
du 4 septembre).
«Seniors».
Retournement de situation ce week-end : Vincent de Rocher reçoit une
lettre du tribunal de grande instance de Niort (Deux-Sèvres) : le
procureur a décidé de prendre le contre-pied de ses pairs. La plainte de
Vincent de Rocher, qui porte sur une seule des 40 annonces d'emploi
incriminées, passera, elle, devant les juges. Ancien directeur des
ressources humaines, bac +5, Vincent de Rocher était tombé sur l'annonce
d'une société d'assurance qui recherchait un cadre «entre 30 et 40 ans».
«Nous avons délibérément refusé de poursuivre les petites
entreprises : la maladresse de l'artisan ne nous intéresse pas. Ce que
l'on veut dénoncer, c'est la déresponsabilisation des grands groupes
face au travail des seniors.»
Sermonner.
Les plaintes des chômeurs avaient été transmises aux parquets par la
Halde, la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité,
qui a fait de l'affaire un exemple. La frilosité de la justice pénale,
qui classait sans suite les plaintes et s'en remettait à un simple «rappel
à l'ordre», faisait mauvais genre... Comme si, en matière de
discrimination, mieux valait sermonner.
L'affaire de Niort, elle, sera bien jugée, lors d'une audience de
comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (le «plaider
coupable» à la française). Vincent de Rocher demande un euro symbolique
de dommages et intérêts. Depuis quelques mois, il n'est plus chômeur.
Il a accepté un contrat d'avenir dans un lycée. Touche moins que le Smic,
pour ses 26 heures de travail mensuelles.
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