Les inégalités sociales reproduites au troisième âge
Par Sandrine Blanchard, Le Monde
France
15 février 2007
Tout
au long de la vie, état de santé et niveau social vont de pair. Même au
sein du troisième âge, l'espérance de vie suit la hiérarchie des diplômes
et des catégories socioprofessionnelles, constate une étude de l'Insee
publiée mercredi 14 février. Lorsque la vieillesse arrive, mieux vaut être
un ancien cadre, marié et vivant dans un logement ordinaire qu'un ex-ouvrier,
veuf et en maison de retraite.
A
86 ans, "les plus diplômés peuvent espérer vivre encore 20 % plus
longtemps que les non-diplômés", souligne l'étude. Cet écart est
particulièrement marqué chez les femmes. Celles qui ont obtenu, dans
leur jeunesse, au moins le baccalauréat ont encore à cet âge une espérance
de vie moyenne de 7,1 ans contre 6,1 ans pour les sans-diplôme. Chez les
hommes, cette différence passe respectivement de 5,2 ans à 4,5 ans.
LES
ANCIENS CADRES MIEUX LOTIS
Au
cours des années 2000-2002, parmi les personnes âgées de 85 ans et
plus, ce sont les anciens ouvriers et employés qui ont eu, chaque année,
les risques de décès les plus importants. Ces risques sont supérieurs
de 6 % à ceux que courent les anciens artisans-commerçants et de 11 % à
ceux des anciens cadres ou des professions intermédiaires. Le constat
apparaît identique chez les femmes, avec une surmortalité des anciennes
ouvrières et employées et une sous-mortalité des cadres. Ce n'est
qu'une fois parvenus à un très grand âge que riches et pauvres
deviennent égaux face à la mort. Ainsi, indique l'étude de l'Insee,
lorsque le cap des 92 ans est franchi, les différences suivant le niveau
de diplôme et de fortune ont - enfin - quasiment disparu.
A
ces écarts liés aux études et aux catégories sociales s'ajoutent le
statut matrimonial et le lieu de vie. A quoi bon vivre si vieux quand l'être
aimé a disparu, semblent nous dire les aînés. Ainsi, après 85 ans, les
risques annuels de mortalité sont bien plus élevés pour les veuves et
les veufs que pour les hommes et les femmes mariées ou célibataires.
Enfin, l'étude souligne que les personnes âgées vivant en collectivité
ont "un risque de décès nettement plus élevé" que celles résidant
toujours chez elles. Ce constat ne surprendra pas. Vivre en maison de
retraite est davantage subi que choisi et souvent lié à un état de santé
qui oblige la personne âgée à quitter son logement.
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