Tunisie: Chambre des Députés - Journée d'études sur la politique
démographique
Une transition, de multiples conséquences
Par Imen Haouari, La Presse (Tunis)
Tunisie
10 Mai 2007
La variation du taux d'accroissement de la
population est étroitement liée à un ensemble de facteurs politiques,
économiques, sociologiques spécifiques à chaque pays.
Bien qu'il soit faible pour certaines nations européennes et élevé pour
d'autres (le Moyen-Orient et l'Afrique noire), ce taux a observé, ces
deux dernières décennies, une baisse généralisée pour l'ensemble de la
population. A l'instar des autres pays, la Tunisie a connu une
transition démographique caractérisée par la baisse du taux
d'accroissement démographique qui est passé à 1,2% actuellement, soit un
indicateur qui se rapproche de celui des pays développés. « Quatre
principaux facteurs sont responsables de la baisse du taux
d'accroissement démographique dont la baisse de la mortalité et celle de
la natalité», a relevé Mohamed Saklani, Professeur universitaire et
membre du conseil scientifique de l'Office national de la famille et de
la population. L'intervenant a présenté d'autres statistiques qui
caractérisent cette transition démographique. Ainsi, l'espérance de vie
à la naissance a atteint 74 ans en Tunisie, grâce à la politique
sanitaire du pays. Par ailleurs, le taux de fécondité par femme a
notablement baissé, passant de sept enfants au début de l'indépendance à
deux enfants par femme, s'expliquant par la politique de contrôle des
naissances instituée dès le début de l'indépendance et par le recul de
l'âge du mariage. La conjugaison de ces facteurs, a affirmé
l'intervenant, a conduit progressivement au vieillissement de la
population. «Aujourd'hui, on vit une période démographique d'or, car
plus de soixante pour cent des habitants sont des personnes actives qui
participent à la dynamique économique du pays. Mais, nous devons trouver
des solutions au vieillissement de la population».
Vieillissement de la population et nouvelles pathologies
Prenant la parole à son tour, M. Farouk Ben Mansour, directeur du Centre
de la santé reproductive de Tunis, a axé son intervention sur les
caractéristiques de la pyramide des âges tunisienne. Il ressort de cette
pyramide que le nombre des enfants âgés entre zéro et seize ans est en
train de baisser, tandis que celui des personnes âgées de soixante ans
et plus ne cesse d'augmenter. Constituant 18,3% de la population en
1956, la tranche d'âge zéro-quatre ans ne représente plus que 8% de la
population en 2004 et ne représentera que 5,30% de la population en
2029. La tendance est inverse pour les personnes âgées de plus de
soixante ans. Représentant actuellement environ 9,3% de la population
tunisienne, les personnes âgées de soixante ans et plus constitueront,
en 2029, 17% de la population, ce qui a, déjà, conduit l'Etat à
réfléchir aux moyens à mettre en place et aux mesures à prendre dans
différents domaines pour répondre aux besoins spécifiques des personnes
âgées.
Par ailleurs, l'augmentation de l'espérance de vie, responsable du
vieillissement de la population, s'est notamment accompagnée de
l'apparition de nouvelles pathologies liées à la vieillesse. «Ce sont
les maladies cardiovasculaires qui occupent le premier rang des
pathologies liées au vieillissement de la population, a souligné M.
Mansour. L'hypertension, le cholestérol, le surpoids sont les autres
pathologies qui touchent les personnes âgées». Poursuivant sur sa
lancée, l'intervenant a, en outre, souligné que le paysage démographique
du pays dans les années à venir ne connaîtra pas de grands changements
et sera notamment marqué par l'accentuation du vieillissement de la
population, la baisse de la mortalité, l'augmentation de l'espérance de
vie, l'augmentation du coût des soins de santé et la diminution du
nombre d'enfants par famille.
Impact sur les régimes de retraite et de l'assurance maladie
De son côté, M. Mohamed Chaâbane, directeur général des recherches et
des études dans le domaine de la sécurité sociale, a mis l'accent sur
les répercussions que commence à avoir le phénomène du vieillissement de
la population sur l'équilibre financier des régimes de retraite et de
l'assurance maladie. En effet, l'établissement du rapport entre les
personnes qui cotisent et les personnes qui perçoivent une pension de
retraite a fait ressortir que le nombre de pensions de retraite commence
à dépasser celui des cotisations. «Le centre de recherche et des études
sociales a démarré une étude qui a pour objet d'apporter des
recommandations. Il s'agit d'améliorer la couverture sanitaire et la
qualité des soins destinées aux personnes âgées et d'utiliser à bon
escient les ressources disponibles», a relevé M. Chaâbane.
Enfin, M. Slaheddine Ben Fradj, enseignant universitaire et sociologue,
a affirmé que la politique de la Tunisie en matière de vieillesse tente
de concilier les dimensions économique et sociale. «En Tunisie, une
enquête menée auprès de 5.000 familles a montré que neuf personnes âgées
sur dix vivent auprès ou à proximité de leurs enfants. 83% des personnes
âgées reçoivent une aide de leurs enfants», a relevé le sociologue. Il y
a lieu de souligner que la stratégie mise en place pour répondre au
mieux aux besoins des personnes âgées s'articule autour de trois
principaux axes, à savoir le maintien à domicile des personnes âgées
afin de ne pas les extraire à leur environnement naturel et d'éviter
leur marginalisation, le placement familial et l'incitation à la
solidarité intergénérationnelle.
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