La passion charnelle au troisième âge sur grand écran
Deborah Cole, Agence France-Presse
6
Septembre 2008
Allemagne
Le coup de foudre existe à tout âge. C'est le message délivré par Andreas Dresen dans son film Wolke 9, sorti jeudi sur les écrans d'Allemagne et qui brise un tabou en contant une histoire d'amour brut chez des plus de 60 ans, scènes dénudées à
l'appui.
Les critiques allemands ont encensé cette fiction intimiste et très réaliste dans laquelle une grand-mère d'une soixantaine d'années, installée depuis trois décennies dans un mariage plutôt heureux, redécouvre subitement la passion dans les bras d'un amant bientôt octogénaire rencontré par le fait du hasard.
Wolke 9, c'est l'histoire d'un amour physique montré sans filtre et qui, du point de vue du réalisateur Andreas Dresen, pourrait arriver à tout instant, quel que soit le pays.
Le film se passe dans la banlieue de Berlin. Mais «l'amour peut vous tomber dessus n'importe quand», a déclaré le réalisateur, originaire d'ex-RDA, lors de la première du film à Berlin.
Inge n'arrive pas à résister à Karl, 76 ans, dont elle tombe follement amoureuse. Elle aime pourtant toujours son mari, Werner -qui voue une passion au son des locomotives. Elle lui lave les cheveux avec tendresse puis lui fait l'amour sur un vieux lit défoncé.
«Mais devrais-je gaspiller les 20 dernières années de ma vie» en renonçant au plaisir de la passion avec Karl, interroge Inge lorsque, rongée par sa culpabilité liée au désir charnel et déchirée entre deux hommes et deux vies, elle se confie à sa
fille.
Wolke 9 n'est pas seulement une histoire de sexe chez des retraités, c'est aussi une histoire classique sur la difficulté d'aimer l'autre, explique Andreas Dresen, l'une des têtes de file du nouveau cinéma
allemand.
«Le sexe n'est qu'une petite partie du film, et pas forcément la plus importante», selon lui. Le Jury de la sélection Un Certain Regard du dernier Festival de Cannes a attribué son Prix «Coup de Coeur» à Wolke 9, dont le titre signifie «Nuage 9» en référence au texte d'une chanson de John Lennon évoquant le «Cloud 9», soit le septième
ciel.
Dans ce film comme dans ses précédents, Andreas Dresen laisse les acteurs improviser, sans artifice. Avant de tourner, il avait fait visionner à toute son équipe «Intimité» (Intimacy) du Français Patrice Chéreau, qui avait filmé des corps imparfaits, de manière crue. Certaines scènes de Wolke 9 peuvent, elles aussi,
choquer.
Le film n'est pas sans rappeler le Harold et Maude de l'Américain Hal Ashby (1971), histoire d'une relation entre un homme âgé de 20 ans et une vieille femme.
Dans les rangs du public jeudi à Berlin, Wolke 9 a suscité des larmes, des applaudissements frénétiques et une ovation debout, tout comme lors du Festival de Cannes en mai dernier. Mais aussi quelques gloussements de femmes aux cheveux
blancs.
«Mon mari est vautré toute la journée dans le canapé à regarder la télévision», confiait à la fin de la projection une spectatrice, Ursula Bullack, 71 ans: «je ne sais pas comment je réagirais si quelqu'un chamboulait ainsi ma vie comme dans ce film».
Le quotidien populaire Bild, journal le plus lu d'Allemagne, a salué l'interprétation «sans compromission et sans peur, une pure joie pour tout fan de cinéma».
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