On les appelle les papys voleurs

Ariel F. Dumont, France Soir

Italie

9 avril 2008 

Voler de la nourriture, voilà le lot de nombreux retraités italiens. Avec un pouvoir d’achat qui fond comme neige au soleil et la stagnation des retraites, de plus en plus de retraités se font épingler dans les supermarchés.

Selon une enquête, 40 % des vols commis en grande surface sont le fait des retraités. « J’augmenterai les pensions de 400 euros », promet Walter Veltroni. « Et moi, je les augmenterai de 500 euros », renchérit Silvio Berlusconi. A six jours des élections législatives, les deux candidats au poste de Premier ministre essayent par tous les moyens de séduire les indécis. Et Dieu sait s’ils sont nombreux. A commencer par les personnes âgées dont le pouvoir d’achat s’est tellement réduit que de plus en plus d’entre elles sont obligées de voler de la nourriture dans les supermarchés.

Pour un petit morceau de fromage ou une confection de jambon cru ou plus simplement un litre de lait ou du pain, ils s’approchent des étalages, prennent un produit et contrôlent la date, le prix, le nom du producteur. En somme, ils se comportent comme n’importe quel autre client. Puis, c’est la peur et la honte au ventre qu’ils cachent leur chapardage sous leur manteau.

Drame ordinaire

Lorsqu’ils se font épingler à la caisse, certains se mettent à pleurer et racontent une histoire terrible. Une histoire de retraite qui fond comme neige au soleil face à l’augmentation des prix. Une histoire de solitude. Parfois, les directeurs des supermarchés ont pitié d’eux et leur offrent un petit quelque chose mais en leur faisant promettre de ne plus recommencer.

Face à l’augmentation du vol à la tire dans les supermarchés et du profil des voleurs, certains directeurs de grande surface se sont organisés. Plus de vidéo-surveillance dans les rayons, plus d’inspecteurs déguisés en clients et une ligne directe avec la police. Mais tout cela ne suffit pas à décourager les personnes âgées tenaillées par la faim. Selon une enquête, les vols commis par des personnes âgées ont augmenté de 40 % en un an. Mais ces chiffres se situent probablement en dessous de la moyenne, certains supermarchés préférant éviter de dénoncer les coupables pour leur éviter la honte d’une intervention de la police. Et la honte de se retrouver face à leurs enfants et de devoir leur expliquer le drame de leur pauvreté qu’ils ne veulent pas raconter par pudeur.

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