En apesanteur avec Là-haut
Par Barbara
Theate, Le Journal du Dimanche
28 Juillet 2009
Monde
Mais comment font-ils? C'est encore plus haut dans la drôlerie et l'émotion que les studios Pixar nous emmènent avec l'histoire de Carl, un vieux bonhomme ronchon qui décide à 78 ans de s'offrir la vie d'aventures dont il a toujours rêvé avec sa femme, désormais décédée. Sans enfants et menacé d'expropriation, l'ancien vendeur de ballons en attache des dizaines de milliers à son petit pavillon et s'envole vers les terres mystérieuses de l'Amérique du Sud.
A son bord, un passager clandestin: un jeune boy-scout "toujours prêt", débordant d'énergie. Ensemble, ils vont affronter une meute de chiens qui répondent aux ordres d'un vieil explorateur devenu fou, rencontrer un toutou plus que fidèle, ainsi qu'un drôle d'oiseau préhistorique, entre le dodo et le toucan.
Après Toy Story, Monstres & Cie, Le Monde de Nemo, Ratatouille et Wall-E, Pixar nous offre avec Là-haut un nouveau tour de magie, nous faisant passer en douceur des rires aux larmes. Couleurs, effets spéciaux, on en a plein les yeux et plein le coeur. Mais quel est donc le secret de cette formidable usine à rêves ? Voici six commandements incontournables.
Chez Pixar, on écoute les conseils de ses aînés
Le réalisateur de Là-haut, Pete Docter, s'est souvenu d'un précieux conseil donné par Joe Grant, un vétéran de chez Disney, qui avait travaillé sur Dumbo et avec qui il avait collaboré alors que le maître avait 90 ans. "Tu peux faire un film plein d'humour, mais tu dois offrir au spectateur quelque chose dont il se souviendra demain, l'année prochaine ou même dans dix ans : l'émotion."
On n'oublie pas les enfants
Avec ses gags délirants à l'humour très "cartoon" et dignes d'un Loup de Tex Avery ou d'un Bip-Bip et le Coyote de Chuck Jones, Là-haut est sans doute la production la plus loufoque du studio. "Nous voulions contrebalancer l'émotion, très importante dans la première partie. Et qui rend le film plus adulte. Or, si nous ne faisons pas des films pour les petits ou pour les grands, nous ne voulons pas oublier les enfants. On a tous été marqués, très jeunes, par la mort de la mère de Bambi et on se souvient tout autant des mésaventures hilarantes de Bugs Bunny", explique Ronnie del Carmen, le superviseur de l'histoire. "Pete Docter a assuré la dimension émotion. Bob Peterson est arrivé avec des idées incroyables, comme le doberman qui parle avec une voix de fausset ou les commandes d'avion des chiens en forme d'os."
Les histoires viennent du coeur
"On parle mieux de ce qu'on connaît bien, explique Pete Docter. Chez Pixar, vous travaillez sur un film pendant quatre ans à plein temps. Vous ne pensez plus qu'à ça et vous en arrivez à oublier que le vrai bonheur se trouve dans les choses simples du quotidien. Comme les moments passés en famille. Après une journée bien remplie au bureau, mes plus beaux souvenirs restent le fou rire avec ma fille un jour où elle était coincée dans les toilettes d'un restaurant. Je me suis demandé si, quand je serai vieux, je n'aurais pas de regrets. Carl, le héros qui fuit la réalité en ballon, c'est un peu moi qui prendrais enfin de très longues vacances !"
Le génie de John Lasseter
Le créateur de Pixar est une sorte de Yoda de l'animation qui ne lâche jamais ses apprentis Jedi. Tout passe par John Lasseter. La plus petite idée doit être validée par lui avant de partir en production. Et ce nouveau Walt Disney ne lâche rien: sa mission ? "Leur apprendre à réaliser des films pas seulement très bons mais uniques." A tout ce qu'on lui propose, il répond: "C'est bien, mais ça peut être encore mieux !" "Aucun de ses commentaires n'est gratuit ni blessant, John est juste totalement dévoué à son art. Il est un modèle pour nous tous", raconte Pete Docter. "Grâce à lui, renchérit Ronnie del Carmen, nous ne nous reposons jamais sur nos lauriers. Nous essayons toujours d'aller plus loin dans l'innovation et nous ne savons toujours pas ce que nous faisons."
On n'a pas peur d'aller sur le terrain
C'est peut-être de l'animation, mais pour être crédible, il faut être réaliste. Voilà pourquoi tous les animateurs ayant un chien ont été chargés de l'amener au bureau et de l'observer sous toutes ses coutures. Tandis que Pete Docter et plusieurs membres de son équipe ont mis le cap sur les jungles d'Amérique du Sud aux confins du Venezuela, du Brésil et de la Guyane. "C'était très physique pour des gens qui passent leur vie assis devant leur ordinateur! se souvient Ronnie del Carmen. Nous avons grimpé de très longues heures sur un terrain accidenté et si nous n'avons pas rencontré de chiens qui parlent ou d'oiseau préhistorique, nous avons fait la connaissance de fourmis tueuses. De quoi savoir exactement quelles seraient les réactions de Carl."
On n'hésite pas à prendre des risques
Afin de surprendre le public chaque fois, Là-haut offre un design inédit. "On voulait retrouver le style mais aussi la force des grands classiques de Disney. Si nous avons développé de nouveaux logiciels permettant de figurer de façon plus réaliste les plumes, les nuages et des milliers de ballons, nous avons cherché à simplifier le plus possible l'aspect des personnages en ramenant leurs traits à ce qui les représente et les définit le mieux, explique Pete Docter. Quitte à donner dans la caricature: ainsi, si la règle des proportions veut que les personnages aient un corps qui mesure en hauteur six ou sept fois leur tête, celui de Carl ne fait que trois fois la taille de sa tête. Nous nous sommes inspirés des BD de George Booth dans le journal The New Yorker, des personnages de papys grincheux incarnés par Spencer Tracy, Walter Matthau ou James Withmore." Mais le plus risqué était de prendre un vieil homme pour héros. "On nous a dit que c'était dangereux. Comme de montrer la mort de sa femme. Ce film est un hommage aux personnes âgées, que nous ignorons trop souvent et dont nous aurions tant à apprendre."
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