Des indicateurs pour choisir une bonne maison de retraite
Par
Agnès Leclair, Le Figaro
6 Avril 2009
France
Conséquence du manque de personnel, la salle de télévision reste souvent le seul loisir des résidents en maison de retraite. Crédits photo : Le Figaro
Après plusieurs scandales sur la maltraitance, et alors qu'est publié le témoignage accablant d'un infirmier en gériatrie, la Fédération hospitalière de France souligne que le nombre moyen de soignants par résident est insuffisant.
Alors que la polémique gronde entre le gouvernement et les professionnels du secteur de la prise en charge des personnes âgées au sujet du budget alloué aux établissements et services médico-sociaux, un nouveau témoignage choc sur le mauvais traitement de nos aînés dans les maisons de retraite s'apprête à sortir. Dans son livre Maman, est-ce que ta chambre te plaît ? ( éditions Privé/Michel Lafon), William Réjault, infirmier spécialisé en gériatrie, dénonce les maltraitances quotidiennes subies par ceux qu'il nomme avec affection «les vieux». Pourtant la dernière maison de retraite où il œuvrait, en plein cœur de Paris, caracole en tête des classements des meilleurs établissements.
Mais même dans ce lieu privilégié pour ex-cadres supérieurs prêts à débourser plusieurs milliers d'euros par mois, l'épaisse moquette ne suffit pas à étouffer la souffrance. Infantilisés, immobilisés dans leur lit, les résidents sont laissés seuls «dans leur lente glissade vers la mort». Faute de crédits, d'effectifs ou tout simplement pour réaliser du chiffre par tous les moyens, «la maltraitance est devenue le quotidien de bon nombre d'institutions pour personnes âgées», résume William Réjault. Mais l'infirmier met à profit son expérience pour aider les familles à repérer les endroits à éviter. «Plus le taux de dépendance moyen des résidents d'un établissement est élevé, plus le personnel est en difficulté et donc moins disponible pour s'occuper d'eux», avertit-il. «Les familles doivent aussi demander quelle est la formation des gens qui vont s'occuper de leurs parents, explique-t-il également. Avec les problèmes de sous-effectifs, il arrive souvent que des personnes non qualifiées s'occupent des soins.»
Enfin, l'infirmier recommande de s'intéresser à ce qui sera proposé aux personnes âgées en dehors des soins. «Vont-ils faire autre chose que de rester planté devant la télé ? Quelqu'un pourra-t-il les aider à se promener, des ateliers sont-ils organisés, un prêtre passe-t-il pour répondre aux éventuelles demandes spirituelles ?» Ce que William Réjault raconte avec émotion, la FHF (Fédération hospitalière de France) a tenté de le mettre en équation. La structure vient en effet de présenter un outil de mesure pour évaluer la qualité de la prise en charge des personnes âgées dans ses 1 000 établissements. Mise en ligne à partir de novembre sur son site Internet, une grille d'indicateurs donnera des informations aussi bien sur le taux moyen de perte d'autonomie des résidents que sur le taux d'encadrement ou encore sur le temps de présence du médecin coordonnateur pour chaque maison de retraite.
Hygiène et alimentation
Pour s'y retrouver dans la jungle de ces critères souvent techniques, un guide sur le fonctionnement des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes a également été élaboré. Il décrit notamment de manière concrète ce qui peut être fait en matière d'hygiène, d'alimentation, de sécurité et de continence à un taux d'encadrement de 0,6 soignant par résident (jugé acceptable) et de 0,3 soignant par résident (la moyenne dans le secteur public).
Le constat est sans appel. Avec un ratio de 0,3 soignant par lit, on ne laisse pas à nos aînés le temps d'avaler leurs repas, ils ne sont pas toujours bien hydratés, les soins bucco-dentaires restent sommaires, un bain n'est pas donné tous les quinze jours en plus de la toilette… Faute de temps. «À ce taux, on peut être quasiment sûr que la personne âgée va perdre sa continence car personne ne pourra l'amener régulièrement aux toilettes», peste Marie-Dominique Lussier, du Syndicat national de gérontologie clinique. Ces indicateurs sont en outre utilisés par la FHF pour protester contre une récente circulaire qui vient modifier le calcul des moyens alloués aux établissements. Les mieux lotis, affichant un ratio d'encadrement de 0,6, risquent d'en pâtir, dénoncent les professionnels du secteur. «À ce taux, on n'applique même pas toutes les recommandations de la Direction générale de l'action sociale, sans parler de l'objectif du plan solidarité grand âge d'un agent par résident pour les personnes âgées très dépendantes», déplore la FHF.
De son côté, Valérie Létard, secrétaire d'État à la Solidarité, argue que les moyens accordés par l'État aux établissements et services pour personnes âgées dépendantes «progressent cette année de 566 millions d'euros, soit une augmentation de 8,2 %».
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