La colocation séduit de plus en plus les seniors
Par Catherine Rollot, Le Monde
12 Aout 2009
France
Venu du nord de l'Europe, le partage d'un appartement entre seniors commence à se développer en France, notamment par l'intermédiaire d'associations ou de sites Internet. Antidote à la solitude, réponse à la baisse du pouvoir d'achat, alternative à la maison de retraite, cette formule a de nombreux atouts.
A 69 ans, Christine Baumelle, présidente de l'association La trame, une structure qui oeuvre à briser la solitude des aînés est une ardente militante de la colocation pour les papy et mamy-boomers. Psychosociologue à la retraite, elle a lancé, en juin 2007, des "unités de vie collectives de 4 à 8 personnes", baptisées Cocon3S ("3 s" pour solidaires, seniors, solos). Pour aider les candidats à se rencontrer, l'association dispose d'un site Internet et organise des "rendez-vous de la colocation" dans différentes villes de France (Vannes, Lyon, Paris...).
Trois cocons fonctionnent déjà dans le Gard, les Hautes-Pyrénées et en Dordogne. Un quatrième doit démarrer en septembre dans le Morbihan. "Il faut du temps pour démarrer, admet la sexagénaire. La colocation entre seniors n'a rien à voir avec celle entre étudiants. Les retraités qui se lancent dans l'aventure doivent être prêts à lâcher leur logement, se séparer d'une partie de leurs meubles, et à faire maison commune après des années de vie en solo et des habitudes bien ancrées."
Le choix des colocataires est plus délicat, car les projets s'inscrivent sur le long terme. C'est pourquoi Mme Baumelle, qui va partager sa villa près de Vannes avec deux autres personnes à partir de septembre, n'hésite pas à "prêter" pendant quelques jours son domicile à des groupes de futurs colocataires, afin qu'ils testent la vie en commun.
C'est une expérience personnelle qui a donné l'idée à Marc Mairet de lancer, début 2009, le site d'annonces dédiés aux seniors Legrandpartage.fr. "Après la mort de mon père, je cherchais un logement pour ma mère, incapable de vivre seule, explique-t-il. Une des solutions était le foyer-logement, mais les listes d'attente étaient interminables. Un peu à contrecoeur, je me suis dirigé vers une maison de retraite. (...) Il fallait attendre pour avoir une place, mais en plus les prix pratiqués étaient exorbitants." Une association lui souffle l'idée de développer un espace dédié à la colocation entre aînés. Elle lui permet de trouver une solution pour sa mère. "Elle partage une jolie maison de ville à Lyon avec une dame de 75 ans."
Le concept en est encore à ses débuts, mais Pierre Lelal, qui vient de créer Partage-senior.net, y croit. Pour cet enseignant en activité, qui revendique plus de 1 000 contacts, la montée en puissance du papy-boom ouvre de belles perspectives. "La France compte à ce jour plus de 13 millions de personnes âgées de plus de 60 ans dont un quart vivent seules suite à un divorce, au décès du conjoint ou à l'éloignement de la cellule familiale. Cette tendance va croître, avec de plus en plus de "jeunes vieux" en bonne santé qui espèrent bien profiter de l'allongement de l'espérance de vie." Dix projets seraient en gestation en métropole, quinze en outre-mer et une dizaine à l'étranger. "On peut tout imaginer. C'est un peu sans fin. On m'a même demandé : "Pourquoi ne montez-vous pas un projet de vie sur un voilier pour des seniors qui ont envie de faire le tour du monde ?""
Pour l'instant, les colocations qui fonctionnent sont sur un mode plus classique. Leurs membres sont souvent des femmes, autour de 65 ans, partageant une grande maison. "Les hommes s'y intéressent quand ils sont malades, plaisante Mme Baumelle. Et ils ont encore tellement tendance à se faire servir !" Le bon équilibre ? "Un cocon mixte d'au moins quatre personnes. A deux, les gens ont tendance à reproduire un fonctionnement de couple, à partir de quatre ou cinq, une ambiance s'installe et les colocataires se sentent plus libres", explique la psychosociologue. Pour garantir le bon fonctionnement de la vie en commun, La trame met à disposition une charte de bon fonctionnement mais chaque cocon peut fixer ses propres règles et aller bien au-delà du partage du loyer et des charges.
Plus qu'une question d'âge ou de sexe, le vivre-ensemble est de toute façon plutôt une affaire de personnalités. "Les colocataires doivent être des gens ouverts, bien équilibrés, capables de prendre des risques, et tenant compte des réactions et des besoins des autres", poursuit la présidente de La trame. "Beaucoup de qualités, reconnaît-elle mais quand ça fonctionne bien, la colocation est le meilleur antidépresseur du monde ! "
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