Inaugurant, le 20 mars, le Salon de l'immobilier, Christine Boutin a annoncé
le lancement d'une mission sur la prise en compte du vieillissement dans
les politiques du logement. L'objectif sera plus précisément
d'"explorer les pistes innovantes qui permettront d'adapter le
logement aux évolutions démographiques".
La ministre du Logement a confié cette mission à Muriel Boulmier, qui
est particulièrement qualifiée pour la mener à bien. Elle est en
effet présidente du groupe de travail "Changement démographique
et vieillissement" à la Fédération européenne du logement
social, qui représente environ 10 millions de logements sociaux à
travers le vieux continent. Membre du comité exécutif de l'Union
sociale pour l'habitat (USH), elle est également directrice générale
de Ciliopée - "une PME d'habitat social reconnue pour ses
innovations en matière intergénérationnelles et énergétiques",
selon le communiqué du ministère - et vice-présidente du conseil économique
et social de la région Aquitaine.
Le rapport, dont les conclusions devront être remises à la fin du mois
de juin, abordera notamment la question du logement face à des enjeux
comme l'autonomie, le maintien à domicile ou l'accès aux services.
Dans le cadre de sa mission, Muriel Boulmier mènera une concertation
avec l'ensemble des "acteurs du logement abordable, qu'ils soient
publics ou privés".
Si les évolutions démographiques et les conséquences du
vieillissement en termes de dépendance font l'objet de nombreuses études
et scénarios alternatifs, la question des conséquences sur le logement
est jusqu'alors beaucoup moins explorée. Cette mission sur les enjeux démographiques
du logement intervient cependant juste après la parution de quelques études
ou rapports qui abordent également le sujet sous différents
angles.
L'Insee vient ainsi de publier une étude sur "Le patrimoine économique
national de 1978 à 2007". Celle-ci montre que la valeur nette du
patrimoine des Français a été multipliée par deux au cours de cette
période, principalement grâce au logement (augmentation parallèle du
nombre de propriétaires et de la valeur des logements). Affichant le
plus fort taux de propriétaires, les personnes âgées ont tout
particulièrement bénéficié de cette évolution. Il s'agit toutefois
là d'une tendance générale qui cache des écarts individuels
importants.
Tout en reconnaissant l'amélioration globale du niveau de vie des
personnes âgées, le récent rapport 2009 de la Fondation Abbé-Pierre
sur le mal-logement met en lumière un phénomène peu exploré : les
conditions de logement très précaires de certaines personnes âgées,
qui seraient largement sous-estimées (voir notre article ci-contre).
Enfin, le Conseil économique et social vient d'adopter un avis intitulé
"Seniors et cité" . Il y recommande notamment d'inciter les
collectivités territoriales - et plus particulièrement les communes et
les intercommunalités - à mieux prendre en compte les enjeux liés à
l'augmentation du nombre de seniors et appelle à l'intégration de la
dimension intergénérationnelle dans l'urbanisme et dans le logement.