Retraités: Opération bientraitance

Par Marie-Lys Lubrano, Le JDD.fr

13 Mai 2009

France

La maltraitance dans les maisons de retraite n'est pas une fatalité. (Maxppp) 
En assistant à la première émission des Infiltrés, sur le plateau de France 2 en octobre dernier, la secrétaire d'Etat à la Solidarité Valérie Létard ne s'attendait pas à voir les images que David Pujadas lui a montrées: des scènes insupportables de maltraitance quotidienne, filmées en caméra cachée dans une maison de retraite de Seine et Marne. Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts. Mais Valérie Létard n'a rien oublié.

Présentant, mercredi, son plan "bientraitance", elle n'a d'ailleurs pas manqué de donner des nouvelles de l'établissement de Saint-Jean-les-Deux-Jumeaux, en Seine-et-Marne. "Le site (où se trouvait l'établissemen à l'époque) est aujourd'hui désaffecté, et les résidents ont pour l'essentiel été pris en charge dans les nouveaux locaux", expliquait-elle. La maison de retraite, qui a donc déménagé, a recruté 27 personnes pour renforcer son équipe. Signe encourageant, l'absentéisme -habituellement symptomatique d'un ras-le-bol du personnel soignant- a un peu diminué. Le dialogue s'est même renoué avec les proches des résidents: 150 familles sont venues visiter les nouveaux locaux, il y a six semaines. La confiance revient donc doucement... "La maltraitance n'est pas une fatalité", jure la secrétaire d'Etat. "Ni pour les résidents, ni pour les personnels".

Les mesures contre la maltraitance

Annoncées en octobre dernier, après la diffusion des Infiltrés, les premières enquêtes "flash" -c'est-à-dire décidées inopinément par les services locaux- devraient être organisées dès cet été dans les maisons de retraite. D'après les données collectées depuis la mise en place de la hotline (accessible au 39 77) il y a treize mois, un cas de maltraitance sur six aurait lieu au sein d'un établissement. En plus des inspections, la secrétaire d'Etat a donc décidé de donner un coup de collier sur la formation du personnel: 30 000 médecins, aides-soignant et agents administratifs seront formés aux "méthodes de bientraitance". A charge ensuite pour eux de former leurs collègues, notamment à l'aide d'un DVD intitulé 24 heures de la vie d'un EPHAD (Etablissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) -documentaire sûrement très différent de celui des Infiltrés.

Chaque établissement a reçu, au mois d'avril, un questionnaire d'auto-évaluation qu'il doit rendre au plus tard le 30 juin. Car cet été, le gouvernement organise... les assises de la bientraitance. Enièmes états généraux qui n'engagent à rien et dont il ne résulte pas davantage ? Valérie Létard assure que non. Maisons de retraite, associations, aides à domiciles, représentants départementaux et représentants de l'Etat se réuniront pour "parler sans tabou", affirme-t-elle. Le tout débouchant, cela va de soi, sur des "actions concrètes". 

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