Ndikiniméki: Un redoutable gang
de sorciers démantelé
Cameroon Voice
19 juillet 2011
Cameroun
Le messager
Accusés d’avoir mangé dans la sorcellerie une dame dont
l’inhumation a eu lieu le week-end dernier, quatre
septuagénaires et une adolescente de 17 ans ont
été appréhendés par la brigade de
gendarmerie de Ndikinimeki et déférés au parquet
de Bafia.
Dans
la journée de mercredi dernier, la brigade de gendarmerie de
Ndikiniméki, située en plein centre ville, a
été assiégée par plus de trois cent
personnes ayant fait le déplacement pour vivre en direct un
spectaculaire procès de sorcellerie. Il s’en est fallu de peu
pour que les populations passent outre les barrières des
éléments de l’adjudant chef Pierre Ndzomo, commandant de
brigade de la gendarmerie de Ndikiniméki, pour mettre la main
sur quatre personnes âgées, accusées de pratique de
sorcellerie. La menace a été si grande que pour
éviter leur lynchage, on a procédé aux
auditions des suspects dans la nuit. Tout est parti du
décès dans les conditions assez suspectes de Moutebeck
Sylvie, arrachée à la vie le 09 juillet après une
longue maladie. « Nous avons
fait le tour des hôpitaux, avions effectué tous les
examens médicaux, les diagnostics ont été les
mêmes, on ne voyait pas la cause de la maladie. Pourtant notre
tante dépérissait au jour le jour »,
explique une nièce de la victime.
C’est
pendant que la famille prépare les obsèques de la dame,
qu’elle tombe sur des révélations macabres qui
échappent à la logique des choses. Elles sont
portées par une jeune fille de 17 ans du nom de Marie Laure
Ombassiékinémounou ; qui accuse ouvertement et sans coup
férir quatre vieillards qui, selon elle, l’ont happée
dans leur cercle des sorciers, des gens avec qui, par des
méthodes peu orthodoxes, ils « mangent » des fils du village
dans la sorcellerie.
La
jeune fille cite les trois dernières victimes qu’ils ont «
mangées
» et dont le décès a été
maquillé. Indigné et fortement ému par le
récit « étrange
» de la jeune fille, le 1er adjoint au maire de Ndikinimeki
saisit l’adjudant chef Pierre Ndzomo, qui, à son tour,
procède à l’interpellation des suspects. Les
présumés sorciers démasqués sont :
Batenguéné Bienvenu (78 ans), Essandjo Pauline (plus de
80 ans), Yébi Bayéméké Joseph (79 ans) et
Bakoumé Pierre (77 ans). Née le 25 novembre 1994 à
Makenéné, Marie Laure Ombassiékinémounou
qui est orpheline de mère en 2004, végète quelques
temps avant de se faire prendre en charge par sa tante Moutebeck Sylvie
qui l’emmène à Ndikiniméki. Entre temps, une
sorcière qui se passait pour l’amie de sa défunte
mère profite pour l’envoûter et lui jeter les gènes
de sorcellerie. Voilà comment elle finit par tomber entre les
mains du quatuor.
Les
faits relatés par la jeune fille dans son audition sont
effroyables. Selon elle, ensemble, ils « mangent » les gens
à une fréquence de deux mois. « Chacun, tour à tour, donne un des
siens que nous mangeons ensemble. La vieille dame Essandjo Pauline se
charge de cuisiner le repas. Souvent on me donne la tête ou le
pied. Batenguéné Bienvenu en sa qualité de chef et
pilote de l’avion, mange généralement le cœur... »
Rapporte-t-elle.
La
chair humaine qu’il ne fallait pas « manger »
Marie
Laure Ombassiekinémounou explique sa démarche de
dénonciation et sa détermination à faire
démanteler le gang, par les sévices corporelles et les
supplices qu’elle a endurés, lorsqu’est venu le moment pour elle
d’organiser le « festin »
en « donnant » un
membre de sa famille. Ayant fait part de sa résistance et
surtout du fait qu’elle n’avait personne à « donner », on lui a
intimé l’ordre de donner sa tante Moutebeck Sylvie. « Ils m’ont torturée plusieurs fois en
me disant que je mourrai si je ne cédais pas. J’ai fini par
céder. J’ai indiqué à Bakoumé Pierre
là où se trouvait le slip de ma tante qu’il est
allé prendre et l’a mis dans une termitière. Au fur et
à mesure que les termites rongeaient le slip de ma tante, elle
dépérissait de plus en plus, jusqu’à ce qu’elle en
soit morte. C’est pour cela qu’on ne pouvait rien voir à
l’hôpital ; sa maladie étant mystique »,
raconte la jeune fille.
A la brigade de
gendarmerie de Ndikiniméki où nous nous sommes rendus
vendredi, 15 juillet dernier, nous avons approché les suspects ;
c’est tout naturellement qu’ils ont rejeté en bloc les
déclarations de la jeune fille. « On nous accuse seulement de pratique de
sorcellerie, alors que nous sommes innocents. On ne sait même pas
ce que la petite fille là raconte » avouent-ils en
chœur. Mais sur les lieux du crime, on ne croit pas à leur
version des faits. De nombreux cas d’empoisonnement et de crimes dont
ils seraient des auteurs pèsent sur eux. « Ils ne sont pas à leur premier coup.
On les a toujours accusés de pratique de sorcellerie ; sauf que
jusqu’ici, c’était des soupçons, maintenant la
vérité est là », affirment des
jeunes du village.
A
la brigade de gendarmerie tout comme dans les environs de
Ndikiniméki, l’on prend avec beaucoup de sérieux le
récit de Marie Laure Ombassiékinémounou.
« Elle parle de façon concise, avec assurance et beaucoup
de sérénité. Imperturbable, sans crainte du danger
qui pourrait venir des personnes qu’elle pointe du doigt, elle ne cache
pas le rôle qu’elle joue dans le cercle, et dit tout sur chaque
victime ; non sans en indiquer l’action menée par chacun de ses
« complices dans le coup », affirme le commandant de
brigade. Après l’audition des prévenus, il les a
déferrés vendredi au parquet de Bafia.
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