Dans un "acte d'amour", Jean Mercier a
aidé le 10 novembre dernier son
épouse malade, âgée de 83
ans, à mettre fin à ses jours
à leur domicile de Saint-Etienne, et se
retrouve poursuivi pour "homicide volontaire"
et "non-assistance à personne en
danger", a-t-il témoigné
mercredi à l'AFP.
"Josanne souffrait de dépression.
Depuis 5-6 ans elle avait de l'arthrose
lombaire et bougeait difficilement. Elle
s'était cassé le poignet 15
jours auparavant", a relaté cet ancien
contrôleur de travaux chez EDF,
âgé de 83 ans également et
marié depuis 55 ans.
"Ce matin-là elle m'a demandé
tous les médicaments. Je l'ai
aidé à les décapsuler et
lui ai apporté un verre d'eau, qu'elle
a bu avec. J'ai attendu qu'elle soit
décédée pour appeler le
médecin", se remémore-t-il.
Leur chambre, sur laquelle des scellés
ont été posés, lui est
encore interdite d'accès.
Selon lui, "ça s'est passé
comme elle le souhaitait. Ca fait vingt ans
qu'on s'était mis d'accord pour l'un et
l'autre. Depuis près de deux ans, elle
avait adhéré à
l'Association pour le droit de mourir dans la
dignité".
Un des administrateurs de l'association,
Mickaël Boulay, également avocat,
le défend.
"Nos deux enfants ont compris et me
soutiennent", affirme M. Mercier, qui a aussi
quatre petits-enfants.
Dès le 11 novembre, à l'issue de
sa garde à vue, il a été
mis en examen pour "homicide volontaire" et
"non-assistance à personne en danger".
Il a interdiction de se rendre à
l'étranger.
"Je ne m'attendais pas à des
poursuites pour homicide volontaire",
reconnaît-il, espérant un
non-lieu sur ce point.
Entendu mardi par un juge d'instruction de
Saint-Etienne, il doit être
convoqué de nouveau dans les prochaines
semaines, et ne devrait pas être
jugé avant plusieurs mois.
Il assume ce qui s'est passé,
même s'il y a "toujours un fond de
culpabilité qui vient me tarauder",
souligne-t-il.
Atteint lui-même de la maladie de
Parkinson et d'un cancer de la prostate, il
"espère pouvoir faire la même
chose pour lui-même" lorsque le temps
sera venu.
M. Mercier est persuadé que "d'ici
quatre-cinq ans une loi sera votée" sur
la dépénalisation de
l'euthanasie. "Je voudrais que mon exemple
serve", dit-il.