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Le taux d'emploi des seniors décolle enfin


Le Figaro

 
20 Mars 2012

  France


 

La multiplication de mesures en faveur de l'emploi des séniors depuis une dizaine d'année semble finir par avoir quelques effets, toutefois leur impact reste limité.

«Depuis 2007, il y a 520.000 seniors de plus au travail. Le taux d'emploi des plus de 55 ans a augmenté de 8 points.» En affichant une telle progression, dimanche sur M6, Nicolas Sarkozy enjolive un peu la réalité… Le taux d'emploi des 55-64 ans a progressé de 3,2% entre 2007 et 2011, selon la Dares, la Direction des études du ministère du Travail. Pourtant, on aurait tort de négliger ce frémissement. Longtemps à la traîne - des seniors en emploi, ce sont des personnes qui cotisent et potentiellement créent de l'activité en dépensant leurs revenus -, la France commence enfin à rattraper son retard.

Pour preuve, le taux d'emploi «sous-jacent» des seniors a, lui, grimpé de 6,1 points. Cet indicateur est plus pertinent que le précédent, car il neutralise les effets démographiques: depuis cinq ou six ans, la tranche d'âge 55-64 ans devrait spontanément voir son taux d'emploi baisser, les générations nombreuses de l'après-guerre basculant de la case «55-59» à la case «60-64 ans», où le nombre de personnes encore au travail plonge. C'est justement ce décrochage à 60 ans qui explique le handicap français. Sur la tranche 55-59 ans, le taux d'emploi atteignait 60,6% en 2010, contre une moyenne de 60,9% dans l'Europe des 27. Mais sur la tranche 60-64 ans, la France atteint péniblement 17,9%, contre 30,5%.

Longtemps a prévalu l'idée selon laquelle, face au chômage, la solution était le partage du travail. D'où la retraite à 60 ans, au début de l'ère Mitterrand, ou les 35 heures sous Jospin. Les courbes du chômage des dernières décennies ont malheureusement montré qu'il ne suffisait pas de sortir les «vieux» du marché du travail pour libérer des emplois pour les jeunes.

Le retournement a commencé en 2002 «et s'est accéléré en 2007-2008», constate une experte de l'emploi. Il tient pour partie au développement du travail des femmes. Mais les réformes des retraites ont aussi joué, avec l'allongement de la durée de cotisation dans le privé, en 1993, dans le public en 2003 puis dans les régimes spéciaux fin 2007. Et «depuis une décennie, les politiques de l'emploi s'attaquent au problème. On a eu une multiplication de mesures, pas forcément d'une ampleur énorme mais qui semblent finir par avoir des effets», poursuit cette spécialiste.

Le «CDD senior» d'une durée de trois ans (2006) a fait un flop. L'obligation faite aux entreprises de négocier sur les effectifs de seniors, sous peine de sanction financière (2009), aboutit surtout à des accords de façade. Mais la surcote, ce «bonus» de pension pour les personnes continuant à travailler alors qu'elles ont leur taux plein (2003), séduit 15% des salariés. Le cumul emploi-retraite a été libéralisé (2004 puis 2010). Les préretraites sur fonds publics ont quasi disparu (2005). La retraite d'office - décidée par l'entreprise, contre l'avis du salarié - a été repoussée de 65 à 70 ans (2009). La dispense de recherche d'emploi pour les chômeurs de plus de 58 ans a été supprimée entre 2009 et 2012. Enfin la réforme Woerth, qui repousse l'âge légal de la retraite à 62 ans, semblait se traduire dès la fin 2011 (premier semestre d'application) par une accélération de la hausse du taux d'emploi des 60-64 ans.

Revers de la médaille: davantage de seniors restent sur le marché du travail mais tous ne trouvent - ou ne conservent - pas un emploi, surtout avec la crise. Le chômage des seniors est donc, lui aussi, à la hausse.


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