Il est une marque de respect, en Inde, que
les jeunes utilisent pour saluer un membre
aîné de la famille. Le symbole
est fort : se baisser et toucher, de la main,
les pieds de son interlocuteur. Le jeune
témoigne ainsi de sa soumission et de
son humilité à l’égard
d’un parent plus âgé. Dans une
société très
hiérarchisée, le rapport entre
générations est guidé par
des codes traditionnels qui
révèrent les « Anciens
». Et au sein d’une famille,
l’autorité patriarcale est
incarnée par l’homme le plus
âgé : le grand-père.
Suivant le principe de la « joint family
», qui réunissait autrefois une
famille élargie sous un même
toit, l’Inde moderne favorise la cohabitation
de plusieurs générations d’une
même lignée. Les plus
âgés sont donc pris en charge par
la famille. Dans les villes, la pratique est
moins systématique, mais elle reste de
mise. Chez les familles aisées de la
capitale, les parents habitent volontiers au
rez-de-chaussée, qui est l’étage
des « maîtres », le fils
aîné vit avec son épouse
et ses enfants au premier étage et,
parfois, le second fils au deuxième
étage.
LES
CHANGEMENTS ÉCONOMIQUES
MALMÈNENT LES PERSONNES
ÂGÉES
Cette structure a installé des
relations privilégiées entre les
grands-mères et leurs petits-enfants.
Une épouse retourne toujours chez ses
parents pour son accouchement,
bénéficiant de
l’expérience et de l’aide de sa propre
mère. À la maison, c’est souvent
la grand-mère paternelle qui s’occupe
des petits-enfants. Elle leur transmet
l’enseignement religieux et sa patience est
infinie pour les jeux ou les soins.
L’Inde compte 80 millions de personnes
âgées, une population qui devrait
atteindre les 179 millions en 2026. Or
l’ère des changements
économiques et les modes de vie urbains
ont indéniablement malmené les
personnes âgées. Dans les grandes
villes, des cas d’individus abandonnés
ou maltraités sont
régulièrement rapportés
par les médias. Les maisons de retraite
sont rares, les hospices
délabrés, les équipements
médicaux spécialisés
manquent.
Alerté, le gouvernement a fait passer
en 2007 une loi qui oblige les enfants
à veiller sur leurs parents. Une
personne âgée qui ne peut
subvenir seule à ses besoins essentiels
peut désormais exiger le soutien des
membres de sa famille. Si ces derniers
manquent à leur devoir, ils sont
passibles d’amende et d’une peine de trois
mois de prison. En réalité, les
parents portent rarement plainte contre leurs
enfants, mais la loi a contribué
à sensibiliser la société
indienne aux enjeux du troisième
âge.