Des restrictions pour les
conducteurs âgés ?
La Presse Canadienne
3 Avril 2012
Canada
Le journal
de l’Association médicale canadienne (AMC)
plaide en faveur de restrictions pour les
conducteurs plus âgés.
Les auteurs d’un éditorial publié
lundi dans le journal de l’AMC font valoir que
certains aînés continuent à
prendre le volant en dépit de
«détériorations substantielles
sur les plans physique et mental».
Le texte s’appuie sur des données de 2009
démontrant que les personnes
âgées forment le groupe d’âge
le plus à risque de perdre la vie dans un
accident de la route, et que l’implantation d’un
système comme celui auquel doivent se
soumettre les jeunes conducteurs pourrait aider
à rendre les routes plus
sécuritaires pour les aînés et
le reste de la population canadienne.
Selon l’un des auteurs de l’article, le professeur
de médecine de l’Université de
Toronto Donald Redelmeier, la plus grande source
de préoccupation des éditorialistes
est le fait que les traumatismes résultant
d’un accident de la route constituent une cause
importante de décès et
d’invalidité chez les personnes
âgées au Canada.
«Cela représente environ un
décès par jour à
l’échelle nationale pour les personnes
âgées de 65 ans et plus»,
expose-t-il.
En vertu de la réglementation qui est en
vigueur dans la majorité des provinces
canadiennes, les personnes âgées qui
pourraient représenter un risque sur la
route en raison de leur état de
santé doivent être signalées
aux autorités par leur médecin.
Dans certaines provinces, les aînés
doivent se soumettre à des examens de
conduite une fois qu’ils ont atteint un certain
âge.
En Ontario, par exemple, les conducteurs
âgés de 80 ans et plus doivent
renouveler leur permis de conduire à tous
les deux ans. Ils subissent alors des
épreuves d’aptitudes visuelles et doivent
répondre à des questions sur la
sécurité routière avant de
participer à un cours de groupe afin
d’actualiser leurs compétences.
Mais le problème avec les règles
actuelles, c’est que de nombreux médecins
ne s’y soumettent pas, affirme M. Redelmeier.
Le permis des personnes âgées
pourrait comprendre des restrictions relativement
à la conduite de nuit, l’emprunt de routes
à grande vitesse et le taux
d’alcoolémie.
Ce n’est pas la première fois que le
journal de l’AMC se penche sur la question des
aînés au volant. Dans un
éditorial publié en avril 2010, il
était question d’instaurer un programme de
retrait du permis de conduire pour certaines
personnes âgées en fonction de leurs
aptitudes.
«Le but principal de notre article est de
recadrer l’interaction clinique et de mettre en
lumière de façon positive
l’intervention des médecins qui soutiennent
le maintien du permis de conduire pour leurs
patients âgés plutôt que celle
visant à imposer un permis
restrictif», indique Donald Redelmeier.
«La majorité des aînés
qui prennent le volant sont parfaitement aptes et
capables et ils devraient avoir la permission de
continuer à conduire (…) L’enjeu, ici,
c’est qu’il y a un nombre infime d’individus qui
contribuent à faire augmenter de
façon significative le nombre de collisions
très graves sur la route»,
précise le docteur Redelmeier,
âgé de 51 ans.
La suggestion mise de l’avant dans le journal de
l’AMC a été mal accueillie par un
lecteur de la publication, à qui l’on avait
offert un droit de réponse dans le
numéro de lundi.
«Je ne comprends pas pourquoi une auguste
institution met de l’avant une notion aussi
superficielle», a écrit Ezra Hauer,
qui a mené des recherches sur la
sécurité routière pendant des
années.
Pour cet homme de 79 ans, le système
d’«apprenti-conducteur» qui est
proposé dans l’éditorial
relève de l’«âgisme».
«Nous sommes plus fragiles. Nous mourons
plus facilement si nous sommes happés,
comme piétons, et nous mourons plus
facilement si nous sommes impliqués dans un
accident de la route», fait-il valoir.
«La fragilité de nos os n’a rien
à voir avec notre capacité à
conduire de façon
sécuritaire.»
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