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"La force de l'âge" : l'enjeu crucial du vote des séniors en 2012



Par Rémi Hugues, Le Monde


12 Janvier 2012
 

France






 

En raison du poids démographique qu'il constitue, l'électorat senior est devenu un enjeu majeur de la vie politique française. Quel candidat aujourd'hui a-t-il le plus de chances de capter ce "pactole électoral" ?

Alors que l'actualité des derniers mois s'est plutôt braquée sur les jeunes, qui, du "Printemps arabe" au mouvement des "Indignés", se mobilisent sur l'ensemble de la planète dans l'espoir de construire un monde plus juste, l'élection présidentielle qui s'annonce se jouera surtout en fonction du choix des plus de 60 ans, qui représenteront plus du tiers des électeurs. Ce sont ces treize à quatorze million de Français, qui, in fine, pourraient bien décider du nom du prochain président de la République.

LES SENIORS, UN "MAMMOUTH" ÉLECTORAL

En 1960, les soixante ans et plus représentaient 17 % de la population. En 2007, 22 %. D'après Bernard Denni, en 2012 cette proportion, en termes de vote, dépassera le tiers du corps électoral.

En effet, leur poids est plus important au sein de la population électorale, puisqu'ils sont presque tous inscrits sur les listes électorales. En outre, contrairement aux autres classes d'âge, ils se déplacent massivement aux urnes. Cela nous oblige, par conséquent, à être particulièrement attentifs à leurs intentions de vote. Si le futur président de la République ne peut pas l'emporter seulement grâce au vote des seniors, il ne peut par contre pas espérer la victoire sans le soutien d'une partie substantielle d'entre eux.

Avant de chercher à savoir qui semble aujourd'hui être le mieux placé pour obtenir les faveurs de cet électorat, il s'agit de connaître ses préférences traditionnelles en termes de vote.
La prime au sortant de droite

L'adage selon lequel les plus de soixante ans votent majoritairement à droite est vérifié empiriquement. Ce vote en faveur de la droite est d'ailleurs très stable : au second tour de l'élection présidentielle depuis 1965, il se situe autour de 60 %. La nette préférence des seniors à l'égard de Nicolas Sarkozy en 2007 n'était donc pas une rupture, mais au contraire constituait une réelle continuité dans la Ve République. Plus qu'au second tour, l'électorat senior est avant tout décisif au premier tour de l'élection présidentielle. Il est l'arbitre incontournable des duels fratricides au sein de la droite, permettant à celui pour qui il se prononce majoritairement d'accéder au second tour. On objectera l'exception apparente de 1995, où Édouard Balladur réalise un meilleur score que Jacques Chirac auprès des seniors ; mais en réalité cet événement n'invalide pas la règle selon laquelle les soixante ans et plus choisissent toujours le candidat de droite sortant, en responsabilité au moment de l'élection : Giscard contre Chirac en 1981, Chirac contre Barre en 1988 et Balladur contre Chirac en 1995. Par exemple, en 1988, 54 % des électeurs de droite de plus de 63 ans votent pour Jacques Chirac et 22 % pour Raymond Barre.

Cette prime au sortant s'explique par une attitude "légitimiste" des seniors, qui choisissent en majorité le candidat de droite sortant ou qui a exercé les responsabilités les plus prestigieuses (comme pour Nicolas Sarkozy en 2007).

AVANTAGE SARKOZY (ET HOLLANDE)

À partir de ce constat, on peut estimer que Nicolas Sarkozy obtiendra le 22 avril une grande partie des suffrages des seniors. Ses deux principaux concurrents au sein de la "droite" (au sens très large), François Bayrou et Marine Le Pen, occupent un positionnement que rejettent traditionnellement, par "légitimisme", les seniors : le centrisme de type "troisième voie" pour le premier et l'extrémisme pour la seconde.

Peu accoutumés au vote sanction, leur vote "légitimiste" devrait a priori largement bénéficier à Nicolas Sarkozy. Mais François Hollande devrait aussi capter une part importante de cet électorat, désormais gonflé par le papy-boom et où se trouvent désormais de nombreux "jeunes seniors", depuis toujours acquis à la gauche. On mesure déjà pleinement le phénomène dans les élections locales où les retraités de la fonction publique remplacent les anciens maires du crû dans nombre de communes rurales. De plus si Hollande n'a jamais occupé de poste ministériel, il jouit d'une visibilité et d'une notoriété, qu'il doit à ses dix années passées à la tête du Parti socialiste et, plus encore, à sa nette victoire dans une primaire à forte médiatisation et participation. La prime au plus expérimenté, et donc au plus légitime, s'applique d'ailleurs également à la gauche. Par exemple, à l'élection présidentielle de 2002, 59 % des seniors de gauche votent pour Lionel Jospin tandis qu'ils sont 29 % à le faire parmi les 18-30 ans de gauche.

LE THÈME CENTRAL DE LA "PROTECTION"

De fait, le panel " France 2012 ", réalisé du 30 novembre au 5 décembre par l'institut Ipsos pour la Fondapol [4], qui regroupe un échantillon large (5 415 personnes), place en tête du premier tour Nicolas Sarkozy et François Hollande, avec respectivement 36 % et 29 % des intentions de vote. Par rapport au mois de novembre, on observe une hausse des intentions de vote en faveur de Nicolas Sarkozy, au détriment de François Hollande. Cela s'explique probablement par une actualité internationale dense du côté du chef de l'État (sommet de Bruxelles du 26 octobre 2011, sommet du G20 les 3 et 4 octobre), qui lui a permis de renforcer sa stature internationale, et donc sa légitimité en tant que président de la République. Par ailleurs, le thème de la " protection des Français " est particulièrement efficace auprès d'une population ayant plus d'aversion au risque… et dépendant plus prosaïquement des transferts sociaux (maladie et retraite) ; à coup sûr, le candidat qui paraîtra le meilleur garant du maintien de cette redistribution en faveur des seniors marquera un point décisif. Quant aux deux principaux outsiders, François Bayrou et Marine Le Pen, leur score chez les seniors est inférieur à leur résultat parmi l'ensemble des personnes interrogées, avec respectivement 7 % et 13 %. Il faut cependant noter que les données contenues dans le panel sont antérieures à la percée du président du Modem dans les sondages.

Plus que toute autre élection auparavant, l'élection présidentielle de 2012 se jouera sur le choix que feront les plus de soixante ans. Le vainqueur célébrera-t-il pour autant la "force de l'âge", comme jadis François Mitterrand salua les "forces de la jeunesse et du travail", sur lesquelles s'était appuyée sa première élection à la magistrature suprême ?


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