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Les Américains Commencent à Payer l'Effet Fast-food
Par Audrey Savournin
24 mars 2005
Les Américains devraient vivre de moins en moins vieux, selon une étude publiée dans le New England Journal of Medicine du 17 mars. Si l'espérance de vie a atteint aux Etats-Unis le record de 77,6 ans en 2003, après deux siècles de progression, elle risque en effet désormais de reculer. En cause : l'obésité, qui accroît les risques de maladies cardiaques, de cancer et de diabète. Elle annulerait ainsi les gains de longévité assurés par les progrès de la médecine. Selon cette recherche, les 15 % d'obésité infantile menacent déjà de réduire l'espérance de vie des Américains de quatre à neuf mois. Et l'obésité, tous âges confondus, si elle se maintient à son niveau actuel, pourrait leur faire perdre de deux à cinq années de vie dans les cinquante ans à venir.
Pour le docteur Jay Olansky, chercheur à l'université de l'Illinois de Chicago et principal auteur de l'étude, « pour la première fois dans l'histoire moderne, les jeunes générations d'aujourd'hui auront une vie plus courte et moins saine que celle de leurs parents, à moins que nous intervenions». Une intervention à laquelle ne croit pas le docteur Jean-Marie Robine, directeur de recherche à l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et directeur du groupe Démographie et Santé au centre Val d'Aurelle à Montpellier : «L'obésité aux Etats-Unis est un phénomène très ancien, les autorités ne s'en sont jamais préoccupées.» Il ne doute donc pas qu'elle puisse encore progresser et entraîner une hausse de la mortalité, mais il est plus réservé quant à son impact sur l'espérance de vie : «Il est difficile de savoir si ce sera compensé ou non par les avancées de la recherche.»
Une chose est sûre, l'obésité se propage un peu partout et l'Europe n'est pas à l'abri. Mais, «contrairement aux Etats-Unis, elle a pris conscience du problème très rapidement, il y a trois-quatre ans. Et on est loin des proportions américaines», précise Jean-Marie Robine. Rien à craindre donc pour la longévité des Européens. A moins que les fast-foods (d'implantation plus récente qu'aux Etats-Unis) n'aient pas encore produit tous leurs effets.
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