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Alzheimer:
un vaccin à portée de main
D'apres
Estelle Saget, in l'Express et Doctissimo.fr
Face à la maladie d'Alzheimer, les médecins
disposent de plusieurs molécules qui peuvent retarder son évolution,
mais pas l'éliminer. Outre les résultats prometteurs de nouveaux
composés, le plus grand espoir réside dans la mise au point d'un
vaccin préventif mais également thérapeutique. Retour sur ce qui
pourrait constituer l'une des plus importantes découvertes de ces
prochaines années. Les médecins disposent aujourd'hui
de trois médicaments s'attaquant aux symptômes de la maladie
d'Alzheimer. Ces composés permettent d'améliorer les facultés
intellectuelles et le comportement des malades, sans toutefois les guérir.
C'est dans un tel contexte qu'apparaissent en 1999 les premiers résultats
d'une vaccination thérapeutique sur des souris. Des souris et des hommes Une souris senior pataugeant au milieu
d'un labyrinthe aquatique. Curieux tableau plus digne d'un cirque
que des premiers stades de l'un des plus formidables espoirs pour les
800 000 patients atteints de la maladie d'Alzheimer en France. Et
pourtant. En 1999, Dale Schenk, chercheur à Elan Pharmaceuticals, une
société américano-irlandaise, décide de travailler à la mise au point
d'un vaccin. A l'origine de la maladie d'Alzheimer, on note
l'accumulation anormale de peptides amyloïdes bêta (Aß), responsables
de la formation des plaques amyloïdes caractéristiques des dégâts cérébraux.
Produits en trop grande quantité, ils ne sont pas éliminés à un rythme
suffisant. Ce chercheur a ainsi l'idée de stimuler le système
immunitaire pour qu'il produise des anticorps qui désigneront les Aß
come indésirables, rétablissant par la même occasion l'équilibre. Il restait à passer de la théorie aux
premiers tests. Depuis le milieu des années 1990, les scientifiques
disposent d'un modèle d'expérimentation animale : des souris génétiquement
modifiées pour développer ces plaques amyloïdes caractéristiques.
Schenk a ainsi vacciné des souris de six semaines. Résultats : le
vaccin baptisé appelé AN-1792 les a complètement protégées contre la
formation de plaques. Chez celles déjà malades, les plaques semblaient même
disparaître. Le vaccin présentait donc des vertus préventives mais également
curatives ! En décembre 2000, deux équipes (l'une
de l'Université de Floride2, l'autre de l'Université de
Toronto3) confirment ces résultats. Grâce à des tests
cognitifs sur des souris, ils prouvent que la disparition de ces plaques réduit
les pertes de mémoire liées à la maladie d'Alzheimer. Des essais sur des malades à des
stades peu évolués Forts de ces résultats, les chercheurs
ont commencé les premiers essais chez l'homme. Dans un premier temps,
l'innocuité du produit évaluée par une première série de tests a été
annoncée par Dale Schenk lors du Congrès Mondial Alzheimer à Washington
en juillet 2001. Près d'un quart des patients auraient développé des
anticorps contre la substance amyloïde. Deuxième étape, le lancement d'un
essai clinique multicentrique afin de tester l'efficacité du vaccin. Aux
Etats-Unis 14 hôpitaux participaient à l'expérimentation, ainsi que 5
pays européens, dont la France. Malheureusement plusieurs cas d'encéphalites
se sont déclarés chez les volontaires. Les laboratoires irlandais et américains
qui promouvaient l'essai ont préféré interrompre immédiatement les
essais. Les recherches ont aussitôt repris afin de déterminer la cause
de l'incident. Quoique les laboratoires restent discrets, on évoque la
possibilité d'un problème d'ordre méthodologique. Elan Pharmaceuticals
semble se montrer optimiste en tablant sur le lancement d'un nouvel essai
dans 2 à 3 ans. Il est vrai que les enjeux de la mise au point
d'un tel vaccin avive la concurrence entre chercheurs. L'espoir d'un traitement curatif Contrairement aux autres traitements
contre la maladie d'Alzheimer, c'est la première fois que l'on peut
espérer un effet curatif. Les traitements disponibles actuellement ne
peuvent que réduire les symptômes et retarder l'évolution de la
maladie. Article de l'Express , 19 septembre 2005 De toutes les pistes explorées dans la lutte contre la
maladie d'Alzheimer, c'est la plus prometteuse: un traitement vaccinal au
long cours. Efficace chez la souris, il pourrait l'être aussi chez
l'homme. Un nouvel essai clinique, piloté par le laboratoire suisse
Roche, doit permettre de le vérifier. Dès le début de l'année
prochaine, plusieurs dizaines de patients, parmi les 850 000 personnes
touchées en France, vont y participer dans les hôpitaux de Bordeaux,
Marseille, Montpellier, Nice, Toulouse et Paris. Attention, pas de confusion: il ne s'agit pas d'un vaccin
classique, comme ceux qui permettent aux bien portants d'être épargnés
par le tétanos ou l'hépatite B. La piqûre vise, bien sûr, à produire
une réaction immunitaire. Mais, ici, la mission des anticorps ne consiste
pas à détruire un microbe ennemi. Leur cible: des lésions caractéristiques
d'Alzheimer, les plaques séniles qui se forment dans le cerveau et
bloquent le fonctionnement des neurones. La Journée mondiale contre cette
maladie, le 21 septembre, fournit l'occasion de mesurer les progrès
accomplis dans la voie de la vaccination. Le départ de cette course de fond a été donné il y a cinq
ans déjà. La société irlandaise Elan, associée au laboratoire américain
Wyeth, avait lancé un premier essai aux Etats-Unis et en France,
brutalement interrompu en 2002. Parmi les 298 personnes traitées, 18 présentaient
en effet de graves inflammations du cerveau. L'échec, pourtant, n'était
qu'apparent. Car, dans le crâne des patients, les plaques séniles
avaient bel et bien régressé. Aujourd'hui, les chercheurs proposent deux
nouvelles approches. Soit injecter une protéine mieux ciblée, capable de
pousser l'organisme à produire des anticorps sans pour autant provoquer
d'effets secondaires. Soit injecter des anticorps tout prêts, fabriqués
artificiellement en laboratoire. Chacune de ces solutions fait
actuellement l'objet d'un nouvel essai aux Etats-Unis. Le laboratoire
suisse Novartis a lancé le sien, en Suède, dans les premiers jours du
mois de septembre.
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