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Le soutien aux personnes agées repose encore sur la solidarité familialePar: Laetitia Van Eeckhout Un ménage français sur cinq comptant au moins une personne de plus de 65 ans bénéficie de l´aide d´un proche. Le
tiers des ménages comptant au moins une personne de soixante-cinq ans ou
plus (soit 2,3 millions de ménages) recourt aujourd´hui, selon l´Insee,
à une aide extérieure à domicile. Et pour un sur cinq, cette aide est
dispensée par un professionnel. Au cours des dix dernières années, le
recours à une aide à domicile professionnelle s´est beaucoup développé,
sous l´effet du vieillissement de la population, mais également des
mesures prises en faveur des emplois familiaux. Pour avoir recours à un tel soutien professionnel, les ménages
dépensent en moyenne 900 francs par mois. Ce montant ne couvre
cependant pas toutes les dépenses occasionnées par les aides en faveur
des personnes âgées. En effet, une partie des heures d´intervention des
professionnels est, sous certaines conditions de revenus et de dépendance,
partiellement ou totalement financées par les caisses de retraite, l´assurance-maladie
ou les conseils généraux. Selon l´Observatoire de l´action sociale décentralisée
(ODAS), les dépenses des départements dans ce domaine s´élèvent à
4,8 milliards de francs. Celles engagées par les caisses de retraite
atteignent quelque 8 milliards. On ne saurait toutefois réduire le coût supporté par
les individus aux seules dépenses occasionnées par le recours à une
aide professionnelle payante. La solidarité familiale joue encore un rôle
essentiel dans l´accompagnement du vieillissement. Au total, 1,3 million
de ménages – soit un sur cinq de ceux comptant au moins une
personne de plus de soixante-cinq ans – bénéficie de l´aide d´un
proche. Et le temps d´aide moyen consacré par celui-ci est de quatre
heures et demie par semaine. Ce soutien familial joue un rôle d´autant plus crucial
que le ou les parents sont dépendants. Alors que deux tiers des ménages
bénéficiant d´une aide comptent au moins une personne dépendante, un
tiers d´entre eux sont exclusivement soutenus par leur famille. Et quand
bien même six de ces mêmes ménages sur dix bénéficient d´une aide
professionnelle, celle-ci est quasiment toujours complétée par un
soutien familial. Une solidarité familiale qui, avec l´éclatement des
familles, risque de s´essouffler. En augmentant les plafonds de
ressources et en diminuant le degré de dépendance conditionnant l´ouverture
de droits, la future prestation autonomie soulagera un peu les ménages. Reste que si l´Allemagne a fait le choix en 1995 de créer
une cotisation spécifique pour couvrir la dépendance, la France, elle, a
jusqu´alors renoncé à faire de celle-ci un nouveau risque assumé par
la solidarité nationale, par crainte d´aggraver plus encore le déficit
de la Sécurité sociale. Ce qui aurait conduit à augmenter les
cotisations sociales et à mettre à contribution la branche retraite.
Mais soutenir pleinement le développement du réseau d´aide à domicile
ne supposerait-il pas de reconnaître la dépendance comme un enjeu de
solidarité nationale ? |