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La
douleur des seniors n'est pas normale
Par Isabelle Eustache, adapté par C. De Kock dans Le
Quotidien du médecin
Belgique
6
decembre 2005
La douleur chez les personnes âgées est tellement
fréquente qu'elle est presque considérée comme normale. C'est ainsi que
40% des douleurs ne sont pas soulagées. La prise en charge, malgré de
grands progrès, reste insuffisante. La difficulté pour le senior est de
l'exprimer, celle de l'entourage est de la détecter et d'en apprécier
l'intensité.
Le plus souvent, le patient sait exprimer sa douleur et
son intensité. Une prise en charge adaptée peut alors être mise en
place. Ce schéma est beaucoup plus compliqué chez les personnes âgées.
Nombre d'entre elles ne savent plus très bien communiquer. Sans les mots,
elles doivent trouver d'autres moyens pour exprimer leur douleur.
A l'entourage de détecter les signaux. Or les douleurs sont très fréquentes
(75% des personnes âgées hospitalisées) et très peu communiquées, car
en institution ou à l'hôpital, l'âge moyen est élevé (84
ans).Globalement, on estime que seule la moitié de ces sujets savent
auto-évaluer leur douleur. Cette donnée est également très importante
pour la prise en charge. En effet, un dosage inadapté d'un médicament
anti-douleur risque d'engendrer des effets secondaires. Il existe de
nombreuses échelles d'auto-évaluation, mais la plupart d'entre elles ne
sont pas adaptées aux seniors. Il leur est demandé une appréciation
trop abstraite et la relation entre curseurs, réglette et intensité de
la douleur est mal perçue.
Les troubles de la mémoire entravent également la comparaison des
sensations à des moments différents. Enfin, les personnes âgées ont
tendance à évaluer la gêne ou le handicap plutôt que l'intensité de
la douleur. La sous-évaluation ou inversement, la sur-évaluation sont fréquentes.
En l'absence d'expression verbale, la douleur peut être démasquée à
partir du comportement et de ses changements (réactions de défense,
positions antalgiques, hostilité, atonie, pauvreté gestuelle, etc.). Des
signes peuvent être perçus par l'entourage, les médecins, les aides-soignantes
et les infirmières. Une fois dépistée, encore faut-il savoir la prendre
en charge et contrôler l'efficacité du traitement.
Il faut bien comprendre que la douleur se répercute sur l'état général
du patient: dépression, désocialisation, perte d'autonomie, troubles du
sommeil et de l'appétit. Ainsi, lorsque la douleur cesse, il est possible
de déceler d'autres affections, lesquelles peuvent alors être traitées
de façon appropriée.
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