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C ameroun13 Septembre 2006 C'est
dans un puits d'eau que Bernadette Chea Tamwo, infirmière au petit
dispensaire du centre Bethanie Viacam (Vieux invalides abandonnés du
Cameroun) à Yaoundé, se procure de l'eau pour les soins qu'elle prodigue
aux malades de l'infirmerie de ce centre d'internement des personnes du
troisième âge. Le robinet installé derrière le bureau qu'elle occupe
dans un bâtiment poussiéreux au quartier Nkolmesseng, non loin de la
sous-préfecture de Yaoundé V, reste désespérément sec. "L'un des
problèmes de l'infirmerie c'est le manque d'eau. Nous nous contentons
d'un puits d'eau pour les soins des malades", confie, l'air résignée,
cette infirmière diplômée d'Etat en service au Centre depuis un mois
seulement. Depuis
son arrivée, le quotidien se résume, pour elle, aux consultations et aux
soins des personnes âgées du Centre : "Je consulte les patients,
s'il y a des médicaments je leur donne et lorsque le cas est sérieux,
j'appelle un docteur qui m'encadre", affirme-t-elle. En effet, la
disponibilité des médicaments essentiels n'est pas toujours assurée ici
"il manque des antalgiques, des anti- inflammatoires, des
antibiotiques et des pommades pour les massages des vieux". D'après
cette infirmière, les maladies récurrentes chez ces pépés sont les
troubles de la vue, la surdité, le paludisme, la toux, l'incontinence,
l'hypertension artérielle et le diabète. Face à cette carence, la
fondatrice de ce Centre, Gertrude Avouzoua, n'hésite pas à recourir à
son environnement proche, "nous faisons comme à la campagne. S'il
n'y a pas de paracétamol, on se contente des plantes médicinales
recueillies dans cette broussaille", affirme-t-elle, pointant du
doigt l'importante végétation qui entoure le Centre Bethanie Viacam
ouvert en août 1985. Ici, deux soeurs catholiques, deux infirmiers et un
laborantin s'occupent, sous la coordination de la fondatrice, des 17
vieillards enregistrés à la date de mercredi, 13 septembre 2006. D'après
Gertrude Avouzoua, 285 pensionnaires ont été enregistrés dans le Centre
en 21 ans d'existence. Si
la volonté et la disponibilité de la fondatrice et des encadreurs de ce
Centre ne souffrent d'aucun doute, la faiblesse des moyens d'action reste
indéniable. Aussi, plusieurs initiatives similaires de prise en charge médicale
des personnes du troisième âge connaissent les mêmes tares. Même quand
ils ne sont pas abandonnés et restent dans leurs familles, les vieux,
personnes généralement vulnérables du point de vue physique et
financier, ne sont pas mieux lotis en ce qui concerne leur prise en charge
médicale. Pourtant,
l'Etat se veut un acteur majeur dans la prise en charge médicale de ces
personnes. En effet, le préambule de la constitution du Cameroun proclame
le droit à la protection pour les personnes âgées. En outre, le décret
du président de la République du 25 mai 2005 portant organisation du
ministère des Affaires sociales précise en son article premier, que le
ministre des Affaires Sociales est responsable de l'élaboration, "de
la mise en oeuvre et de l'évaluation de la politique du gouvernement en
matière de prévention et d'assistance sociales, ainsi que de la
protection sociale de l'individu". A ce titre, il est chargé de la
protection sociale des personnes âgées tout comme de l'enfance et des
handicapés. Les aides et secours aux personnes âgées indigentes ou nécessiteuses
sont de sa compétence. Au sein du ministère des Affaires sociales, toute
une sous-direction chargée des personnes âgées a d'ailleurs été créée. Le
ministre des Affaires sociales, lundi dernier, à la cérémonie
d'ouverture d'un séminaire international sur le vieillissement
envisageait une opération de création "progressive" des
services de gériatrie (partie de la médecine qui s'occupe des maladies
de la personne âgée). En fait, à ce jour, seul l'hôpital Central de
Yaoundé dispose d'un service de gériatrie. Toutefois, il ne dispose que
de 8 lits. Selon des chiffres du ministère des Affaires sociales, inspirés
des statistiques de l'Onu publiés en 2002, le Cameroun compterait
pourtant 91.7520 personnes âgées de 60 ans et plus. Catherine Bakang
Mbock évoquait au cours du même séminaire sur le vieillissement,
l'allocation de subventions aux associations d'encadrement des personnes
âgées. Le Centre Béthanie Viacam à Yaoundé et la Mutuelle des
personnes âgées du Cameroun (Mupac) basée à Douala n'ont chacun reçu
qu'une enveloppe de 1 million Fcfa "pour financer des projets
productifs"
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