La faillite des soins dentaires pour les personnes âgées
Par Martine Perez, le Figaro
France
3 Décembre 2007
Les maladies de la bouche et des dents affecteraient 84 % des hommes et 97 % des femmes de plus de 60 ans.
Les plus de 60 ans sont ceux qui ont le plus de problèmes dentaires et qui recourent le moins aux soins en raison du coût.
Les personnes âgées n’osent pas en général évoquer leur problème dentaire. Et pourtant, toutes les données publiées à ce jour soulignent l’importance des troubles bucco-dentaires après 60 ans et leurs conséquences pour la santé.
Lors du congrès de la Société française de santé publique qui vient de se tenir fin novembre à Montpellier, le Dr Fabien Cohen (Société française des acteurs de la santé publique bucco-dentaire) a présenté une série d’enquêtes révélant l’urgence d’un plan pour les soins dentaires des seniors. Ainsi, dans nombre d’établissements médicalisés pour personnes âgées, entre 20 et 50 % des résidents présentant une édentation partielle ou totale ne disposent pas d’appareils
dentaires.
Les plus de 50-60 ans n’ont jamais bénéficié des grandes campagnes de prévention lancée il y a trois ou quatre décennies et qui ont contribué à réduire très nettement le risque de caries pour les générations ultérieures. Selon la dernière – et la seule – enquête du Credes sur ce sujet, les maladies de la bouche et des dents arrivent en troisième position dans les pathologies des plus de 60 ans : elles affecteraient 84 % des hommes dans cette tranche d’âge et 97 % des femmes !
Une moyenne de 8,3 dents
Les enquêtes menées plus récemment dans les établissements pour personnes âgées (maison de retraite ou centres spécialisés dans la prise en charge de la dépendance) révèlent d’énormes besoins qui concernent tous les champs de l’odontologie, soins conservateurs et prothétiques ou mesures de prévention.
Une étude effectuée dans l’Essonne dans 41 établissements pour personnes âgées a montré que celles-ci possèdent en moyenne 8,3 dents au lieu de 32 et qu’une dent sur deux présentes est malade. Le même travail a mis en évidence dans cette population une proportion de 34 % totalement édentés dont 40 % ne sont pas appareillés. Sur ces 41 établissements, seulement 2 sont dotés d’un fauteuil dentaire pour soins et examens et 66 % n’ont pas engagé de réflexion à ce sujet. En Poitou-Charentes, une enquête dans le même contexte a fait le même type d’observations, avec pour 47 % des résidents, une édentation antérieure visible lors de la parole ou du sourire. Le même constat a été fait en Bretagne où dans des centres médicalisés pour personnes âgées 36,7 % des résidents nécessitant un appareil dentaire n’en étaient pas pourvus ou encore dans le Val-de-Loire, où sur les 195 établissements ayant répondu à l’enquête, 7 seulement disposaient des modalités permettant une surveillance des problèmes
dentaires.
«Les caries dentaires et les maladies parodontales sont des facteurs de risque pour la survenue de dénutrition ou d’endocardite, souligne le Dr Fabien Cohen. La prise en compte de la santé bucco-dentaire ne relève pas seulement de soins de confort, mais d’une véritable question de santé publique nécessitant un plan de formation des personnels soignants comme de ceux qui entourent les personnes âgées.» Les répercussions psychologiques et sociales de l’édentation partielle ou totale sont également loin d’être négligeables.
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