Sénégal
9 Mars 2007
À Oussouye, l'hypertension artérielle et le diabète sont la première
cause de mortalité des personnes âgées qui se présentent tardivement
dans les structures sanitaires pour se faire soigner et qui aussi refusent
de se faire dépister.
Le médecin-chef du district d'Oussouye que nous avons rencontré salue la
bonne implantation des infrastructures sanitaires dans le département, même
s'il reconnaît les nombreux mouvements du personnel soignant qui causent
souvent la fermeture de certaines cases de santé.
Dr Malick Badiane parlez-nous un peu du district sanitaire d'Oussouye qui se
trouve dans un département enclavé, et situé à plus de 400 kilomètres
de la capitale ?
Il me sera un peu difficile à le faire. En réalité le district sanitaire
d'Oussouye a été créé avec l'avènement du découpage des districts
sanitaires départementaux. Ce qui fait qu'aujourd'hui, il couvre le département
dans sa totalité et fonctionne avec un centre de santé au chef-lieu du département
ainsi que des postes de santé qui sont un peu partout dans les différentes
localités du Kassa avec un personnel suffisant mais surtout de qualité
qui prend en charge les 37000 habitants que compte le département ce qui
nous permet de respecter les normes de l'Organisation mondiale de la santé
(Oms). Par contre ce qui fait défaut depuis ces temps-ci, c'est la
permanence du personnel de santé car dans le secteur, il y a beaucoup de
mouvement avec des contractuels qui font six mois ou une année et
qu'entre temps certains postes ferment et d'autres s'ouvrent. Une
situation assez difficile et qui mérite une solution et nous interpellons
l'Etat. Même si, dans le département, il faut se féliciter car beaucoup
de réalisations ont été faites. Sur une distance d'au moins dix kilomètres,
il y a un poste de santé, ce qui fait qu'on est mieux doté en structures
sanitaires par rapport aux autres départements de l'intérieur et du nord
du Sénégal. Ce qui est souhaitable, c'est quand on ouvre un poste de
santé quelque part, qu'on le maintienne pour qu'il ne ferme pas. Pour ce
qui concerne les infrastructures il faut dire qu'elles existent et l'Etat
est sur le point de construire un nouveau pavillon et de réhabiliter
d'autres au niveau du centre de santé du département. Le budget a été
déjà voté par les autorités et il est en bonne voie. La situation est
la même au niveau des postes de santé, car là aussi, il y a beaucoup de
partenaires qui nous aident à réhabiliter la plupart de nos postes de
santé ce qui fait que nous n'avons pas de problèmes dans ces postes de
santé et nous sommes en mesure de pouvoir faire face à la demande des
populations par rapport aux prestations et surtout à leurs prises en
charge en matière de soins.
Quelles sont les pathologies les plus récurrentes dans le département
d'Oussouye ?
Comme partout au Sénégal, la pathologie la plus fréquente est le
paludisme, même s'il tue de moins en moins. À côté du paludisme, il y
a l'hypertension artérielle. Du fait du refus des populations de se faire
dépister, les maladies comme le Diabète et l'hypertension artérielle
ont pris des proportions inquiétantes. Et ce sont des personnes âgées
qui sont souvent victimes de ces pathologies et c'est la première cause
de mortalité dans cette tranche d'âge dans notre département. Ce qui
est regrettable dans tout ça, ce sont des décès que l'on pouvait éviter
si les patients se présentent très tôt au niveau du district sanitaire.
Mais en Afrique le malheur est que les gens ne se présentent dans les
structures sanitaires que très tardivement. La conséquence est que les
malades viennent très fatigués et les médecins sont obligés de
constater les dégâts.
Nous sommes dans une zone touristique avec tous les avantages et inconvénients.
Je veux parler des cas de sida...
Oui, au début les gens pensaient que le sida n'était pas assez présent
dans le département. Mais nous, on avait une appréhension par rapport au
taux réel. Ces appréhensions étaient plus ou moins abusées parce qu'on
a eu à faire des dépistages de masse et l'on n'a noté aucun cas de séropositif
peut-être c'est le cas au hasard. Cela nous a étonné, mais tous les dépistages
de masse que nous avons eu à faire dans le département ne nous ont pas
permis de trouver un seul cas de séropositif. Par contre nous voyons de
plus en plus de séropositifs au niveau du district sanitaire. Ce qu'il
faut noter c'est qu'actuellement comme le mois de janvier, il nous arrive
d'avoir deux cas par semaine ce qui est cas même important pour un département
qui couvre une population de moins de 37 000 habitants. C'est pour vous
dire que le sida est bien présent dans le département d'Oussouye. Et
nous insistons sur le changement de comportement des populations parce que
même s'il y avait un seul cas le danger réside dans le changement de
comportement des individus. Le changement de comportement freinerait la
transmission de ce fléau. Donc les taux peuvent être interprétés d'une
manière à une autre parce qu'un taux peut en cacher un autre qui est réel.
Mais ce qu'il faut dire c'est que le sida est bien présent à Oussouye.
Et qu'actuellement nous suivons plus au moins 37 malades dont certains
viennent d'autres horizons.
Oussouye est aussi dans une zone enclavée où la route est en train d'être
refaite. Par contre celle de Mlomp à Elinkine en passant par Kagnoute est
dans un état de dégradation avancé. Est-ce que cela ne pose pas des
problèmes au niveau d'évacuation de malades ?
Oui vous l'avez dit ici il y a différents types de problèmes, non
seulement Oussouye est un département qui est enclavé, mais c'est le département
où le transport cause beaucoup de problèmes à cause de ses routes. Si
nous prenons l'exemple de Loudia Ouolof qui est à sept kilomètres de la
commune, quand il y a un cas d'urgence, on a tous les problèmes pour les
évacuations sanitaires et les populations sont souvent obligées
d'utiliser le véhicule du sous-préfet pour venir au district. C'est pour
vous dire qu'il y a des difficultés sans compter les gens qui habitent
dans les Ãéles. Donc le problème crucial, c'est le transport et l'état
des routes. Mais nous avec nos partenaires, nous avons pu trouver une
ambulance qui nous permet aujourd'hui d'aller prendre les malades et de
les acheminer vers le district ou à l'hôpital régional de Ziguinchor.
Mais pour certains cas, c'est très difficile. Imaginez un malade qui
quitte Youtou ou les Ãéles de Carabane, pour venir se soigner. Je vous
avoue que le premier problème par rapport aux infrastructures est le
problème du transport et nous souhaitons que les routes soient
construites.
Est-ce qu'avec ces routes chaotiques, il arrive que des femmes accouchent
dans les pirogues et ou encore sur les routes ?
Dieu merci, depuis que je suis ici, je n'ai jamais été confronté à ce
genre de problème, car ici les gens n'ont pas l'habitude d'accoucher chez
eux. C'est un problème culturel, ce qui est une bonne chose pour nous
parce que les accouchements à domicile ne sont pas normaux. L'avantage
dans le Kassa, c'est que culturellement on n'accepte pas que les femmes
accouchent chez eux. C'est la raison pour laquelle les femmes viennent très
tôt. Il y a des cas de figure où la femme est obligée d'accoucher dans
une maternité rurale ou en cours de route compte tenu des difficultés
que je vous ai citées tantôt.
Est-ce- que le district dispose d'un bloc opératoire ?
Oui, le district dispose, d'un bloc opératoire. Mais qui pour l'instant
n'est pas fonctionnel. Ce qui fait que pour le moment nos malades sont évacués
à Ziguinchor à l'aide de nos ambulances et qu'il n'y a pas de problèmes
puisque le diagnostic est fait souvent à temps et que le malade arrive
dans de bonnes conditions à Ziguinchor.
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