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Forum Santé Publique : le vieillissement porteur d’innovation


SeniorActu.com


13 décembre 2010


France


1/ Les enjeux médico-sociaux et économiques face aux défis démographique, épidémiologique et sociologique du vieillissement

A/ Le défi démographique 
Le vieillissement de la population française est inéluctable car déjà inscrit dans la pyramide des âges. Cet allongement de la durée de vie ne fera que s’amplifier les années futures. Après un léger recul en 2008, l'espérance de vie des femmes est, en effet, repartie à la hausse en 2009, gagnant deux mois, à 84,5 ans, selon les données publiées par l’Insee. A l’horizon 2060, une personne sur trois aura plus de 60 ans, selon les dernières prévisions de l’Insee, dévoilées en octobre dernier. 

B/ Le défi médico-social 
Vieillir, c’est d’abord vivre plus longtemps en bonne santé : le vieillissement de la population n’est pas uniquement à la source de nombreuses maladies liées à l’âge comme l’arthrose, l’ostéoporose, et dans certains cas, les maladies cardiovasculaires et le diabète. Mais, il doit être abordé dans une dimension plus globale. 

En effet, la prise en charge du vieillissement de la population française n’est pas seulement une affaire de médecine. Une coordination entre le médico-social et le sanitaire s’avère indispensable pour permettre aux personnes âgées de rester chez elles. Pour le plan Solidarité Grand Age, « l’offre de soins et de services à domicile doit être développée et adaptée, pour répondre aux attentes des personnes âgées et leur permettre de conserver leur cadre familial habituel le plus longtemps possible. » A cet égard, le rôle des aidants, s’appuyant sur les solutions mises en place pour faciliter le maintien à domicile, s’avère primordial. 

La prise en charge des enjeux du vieillissement est pluridisciplinaire. Ministère de la santé, associations, agences régionales de santé (ARS), élus locaux et bien-sûr, professionnels de la santé ont tous un rôle à jouer. 

La France sur les traces du Japon 
Selon les Nations Unies, l’âge médian de la population mondiale s’établissait, en 2009, à 28 ans, ce qui signifie que 50% d’entre-elle étaient moins âgés que 28 ans, les 50% restants plus âgés. Cet âge médian était le plus élevé en Europe (40 ans) et le plus faible en Afrique (19 ans) ; il variait de 15 à 43 ans selon les pays. La population du Japon était et reste la plus âgée du monde avec un âge médian de 44 ans, talonnée par l’Allemagne et devançant de 20 places la France (près de 40). 

Sur la scène internationale, la France possède une particularité. « On y vit très longtemps et en bonne santé. Parallèlement, le pays affiche un taux de fécondité de 1,99 enfant par femme en 2009, le plus élevé de tous les pays européens, avec l’Irlande et le Royaume-Uni », constate Denis Jacquat, député de la Moselle, qui préside le Groupe d'Etudes sur la Longévité de l’Assemblée Nationale. 

Le Japon, pays où le vieillissement de la population est le plus crucial, a pris très tôt en considération ce phénomène. L’Archipel s’est, en effet, très tôt, engagé, sur la voie des réformes. Il est en passe de faire du vieillissement une dynamique d’innovation et de consommation. Cet exemple pourrait servir de référence à la France, confrontée aujourd’hui au départ à la retraite de ses baby-boomers. Ces premières générations d'après seconde guerre 1939-1945 ont atteint ou dépassé les 60 ans depuis 2007. 

D’autant que, comme le souligne l’Institut Montaigne, « Optimiste, la vision japonaise n’en oublie pas d’être offensive : il n’y a pas d’autre alternative à la conservation d’un système généreux de protection sociale que de faire du vieillissement une dynamique d’innovation et de consommation. La France, quant à elle, ne l’envisage que sous des aspects négatifs, en pointant le coût prohibitif des retraites et la dérive du coût de la santé. Si bien que le vieillissement de notre population est d’abord perçu comme une menace, pour la créativité et la croissance.» 

Une constatation partagée par Bernard Ennuyer, sociologue, directeur d’un service de maintien à domicile dans le XVIIème arrondissement, à Paris. « La France a une image très négative de la vieillesse. Pourtant, la plupart des personnes de 65 ans et plus vieillissent bien même si ce n’est pas le cas pour 8 à 10% de la population de 65 ans restant. De bonnes initiatives ont été mises en place, des gérontopôles fonctionnent bien, mais certains des services créés manquent encore parfois cruellement de coordination ». 

Ces dernières années, la France a accompli de grands progrès dans la mise en place d’un système de soins des personnes âgées. Il lui reste encore des progrès à accomplir pour améliorer encore la coordination entre le sanitaire et le social, entre les soins de ville et de l’hôpital, les différentes sources de financement, les sociétés privées et les associations de maintien à domicile. 

Accroissement de l’espérance de vie 
L'espérance de vie des Françaises est supérieure de deux ans à celle des femmes de l'ensemble de l'Union européenne à 27, selon l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (Insee). En Europe, seules les Espagnoles ont une espérance de vie supérieure de quelques mois aux Françaises. 

En revanche, l'espérance de vie des hommes continue sa progression régulière en France mais reste juste au niveau de la moyenne des principaux pays européens. Un garçon né en 2008 en France peut espérer vivre jusqu'à 77,6 ans contre 76,2 ans dans l'ensemble de l'Union européenne à 27. La Suède et l'Espagne figurent en tête du classement : les garçons nés en 2008 peuvent espérer y vivre plus de 79 années. 

Ainsi, la France est confrontée à une situation inédite. Le nombre de plus de 60 ans n’a jamais été aussi important (22,6% de la population au 1er janvier 2010) et ira croissant. Il lui faut donc trouver des solutions. Les pouvoirs publics et l’Assemblée nationale en ont conscience comme le rappelle Denis Jacquat. « Notre groupe a vocation à être un lieu privilégié de dialogue, de réflexion et de proposition. Ouvert aux quatre groupes politiques composant l’Assemblée, il doit permettre de faire évoluer les mentalités et de formuler des solutions concrètes aux problèmes posés par cette «révolution». Il aspire à aborder sans tabou toutes les conséquences de l’allongement de la durée de la vie, son impact sur l’économie, sur la société, sur la politique et sur la santé publique. Il devra également être envisagé comme un outil de comparaison international et européen, afin d’identifier et étudier les meilleures pratiques. » 

C/ Le défi épidémiologique 
Pour que la population reste en bonne santé, elle doit être bien soignée. Or, le Professeur Françoise Forette regrette que les personnes de plus de 80 ans et celles moins âgées ne soient pas logées à la même enseigne. « Cette différence de traitement est liée à plusieurs facteurs : les enseignements académiques que nous donnons dans les Universités ne font pas la part assez grande aux particularités du traitement des personnes les plus âgées et certains médicaments, en particulier les plus nouveaux, n’ont pas été testés pour cette catégorie de la population en particulier. » 

L’âge est un facteur reconnu de iatrogenèse et la consommation médicamenteuse est connue pour augmenter avec l’âge. L’augmentation du risque de iatrogenèse lié à l’association de ces deux facteurs constitue une raison majeure d’être attentif au bon usage du médicament chez le sujet âgé. Par ailleurs, la France a mis en place un Plan Alzheimer 2008-2012. 

Aujourd’hui, en France, 6% de la population des plus de 65 ans et 18% des plus de 75 ans sont atteints de forme de démence dont 80 % de maladie d’Alzheimer. Sur les 856 000 patients atteints de démence en France, près de 300 000 seraient dépendants. D’ici 2020, selon l’Insee, 1,3 million de personnes seront touchées par la maladie d’Alzheimer, soit une personne sur quatre de plus de 65 ans. Pour Françoise Forette, Professeur de médecine interne et de gériatrie à l’Université Paris V et Présidente du Conseil de surveillance de l’Hôpital Broca (Paris), l’un des grands enjeux des années à venir est la prévention de l’ensemble de ces maladies invalidantes. 

D/ Le défi économique 
La France dispose de peu de données financières en matière de prévention du vieillissement de la population. La principale source d’information sur le sujet, se trouve dans l’Avis du Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie d’avril 2010, porté sur le « Vieillissement, longévité et assurance maladie » qui met en cause un certain nombre d’idées reçues, souligne Isabelle Durand-Zaleski, responsable du service de Santé Publique à l’Hôpital Henri Mondor de Créteil. 

« Ce n’est pas une surprise : la population des plus de 75 ans représente 8% de la population française et 20 % de la dépense de soins. Et par ailleurs, les affections de longue durée pèsent pour les deux tiers des dépenses de l’assurance maladie. Et ces patients sont majoritairement des personnes âgées. En revanche, certaines idées reçues (comme l'hypothèse que la dernière année de vie coûterait plus cher) sont fausses, si l’on en croît le rapport du Haut Conseil. En réalité, la dépense de soins de la dernière année de la vie représenterait 8 % de la dépense totale cumulée. Une autre idée reçue qui est fausse : le vieillissement ne coûte pas plus cher en dépenses de soins. En fait, les dépenses de soins sont strictement identiques entre 65 et plus de 85 ans (de 1.500 à 2.000 euros). En revanche, ce qui détermine l’augmentation de la dépense, c’est la proximité du décès mais cette dépense augmente de la même manière pour les personnes de 65 à plus de 85 ans. Le Haut Conseil conclut que ce n’est pas d’être âgé qui coûte cher, mais d’être très malade. » 

2/ Les acteurs de santé face au défi du vieillissement
Les pouvoirs publics ont pris conscience de l’ampleur du problème lié au vieillissement de la population. Ils ont, en effet, notamment mis en place en juin 2006, le plan Solidarité Grand Age. Ce plan de cinq ans ambitionne de prendre en compte les transformations démographiques et d’adapter les besoins des personnes âgées. 

Parmi les mesures prévues figurent : 
- l’augmentation de l’encadrement des soignants 
- la création de véritables plateformes gérontologiques permettant de décloisonner le domicile et l’établissement 
- l’uniformisation des réductions d’impôts dont bénéficient les personnes âgées à domicile et en établissement 
- la prise en compte de la charge en soins dans le cadre des renouvellements de conventions tripartites. 
- la création de lits supplémentaires en Etablissements d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD). 

Dans ce contexte, les professionnels de santé ont un rôle pivot à jouer puisqu’ils représentent la cheville ouvrière de l’organisation du système de soins des plus de 65 ans. Aujourd’hui, le secteur médico-social accompagne plus de 1,2 million de personnes âgées et handicapées dans leur parcours de vie et de soins. Il regroupe près de 30 000 établissements et services et représente près d’un million d’emplois, selon les données des Agences Régionales de Santé (ARS). 

A/ L’organisation d’un système transversal de soins autour de la personne âgée 
Avant 100 ans, la vie à domicile constitue le mode de vie majoritaire : neuf octogénaires sur dix habitent encore chez eux ou chez leurs enfants et c’est encore le cas de deux tiers des nonagénaires, explique l’INSEE en octobre dernier. Pourtant, d’après l’enquête Handicap-santé, la moitié des nonagénaires, vivant à domicile ou en institution, rencontrent en 2009 beaucoup de difficultés pour exécuter seuls au moins une des tâches suivantes : se laver, s’habiller, couper sa nourriture, se servir à boire, manger ou boire. 

Parmi les nonagénaires évoquant ces difficultés, 44% vivent en maison de retraite, 29% habitent à domicile en couple ou avec leurs enfants et 27% vivent seuls. La vie à domicile est surtout le fait de personnes valides, ou alors aidées. Parmi les nonagénaires qui vivent seuls malgré des difficultés sévères d’entretien personnel, 92 % reçoivent une aide professionnelle et 26% une aide de leur entourage pour réaliser ces tâches. 

Autre moyen de prendre en charge le grand âge, les EHPAD, communément appelées maisons de retraite, accueillent les personnes de plus de 65 ans, dont le niveau de dépendance ne permet plus le maintien à domicile. Dans le cas où la dépendance est dite temporaire, conséquence d’un épisode aigu d’une maladie chronique, d’un accident de la vie, ou encore de traumatismes postopératoires, un séjour dans un établissement de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) est alors nécessaire pour retrouver son autonomie. 

En décloisonnant le public du privé, les Agences Régionales de Santé, ARS, opérationnelles depuis le printemps dernier, jouent un rôle, aux côtés des conseils généraux, dans les modes de prise en charge. Parallèlement, l’hôpital évolue en donnant une place de plus en plus grande à la médecine gériatrique. De même, la filière de soins, articulée autour des pharmaciens, des infirmières, des kinésithérapeutes, des médecins généralistes facilitent le retour à domicile des personnes âgées, après une hospitalisation temporaire, et leur maintien à domicile en organisant tous leurs soins. 

Pour que tous travaillent ensemble, des réflexions sont menées au sein des réseaux de santé. C’est le cas d’ « Ancrage » dans le XVIème arrondissement, qui fait travailler ensemble les généralistes, l’hôpital et les différents services. En outre, l’hôpital européen Georges Pompidou par exemple, dans le XVème arrondissement, mène une expérience prometteuse. Ces initiatives devraient être généralisées. « La concurrence est parfois vive entre les différentes parties prenantes de l’aide à domicile, alors qu’il faudrait rassembler nos forces. Localement, dans certains endroits, le travail en réseau est très efficace. mais globalement sur l'ensemble du territoire, il reste encore beaucoup de progrès à accomplir », affirme Bernard Ennuyer. 

B/ Les stratégies préventives pour un vieillissement en bonne santé 
« Les plus de 65 ans trouvent qu’ils sont plus autonomes à leur domicile et ils ont raison ! » affirme Bernard Ennuyer. Il poursuit en déclarant que « les moyens mis en place aujourd’hui pour qu’ils restent chez eux sont insuffisants ». 

Des aides à domicile contribuent à faciliter aux personnes âgées les tâches de la vie quotidienne. Des aides-soignantes, des infirmières peuvent intervenir si nécessaire et en cas d’hospitalisation à domicile, des kinésithérapeutes et autres professionnels de santé peuvent compléter cette chaîne de soins. Mais la domotique ou les technologies innovantes sont encore insuffisamment développées et pas toujours accessibles en raison d’une prise en charge qui n’est pas systématique. 

Le coût et le financement 
L’autonomie des personnes âgées est prise en charge en grande partie par les fonds publics, via l’Assurance Maladie et les Conseils Généraux, qui financent ensemble la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), explique le député Pierre Lasbordes dans son rapport. Cette dernière joue un rôle central pour financer les aides en faveur des personnes âgées dépendantes et des personnes handicapées. Elle répartit les crédits de l’assurance-maladie et du produit de la journée de solidarité entre les établissements et services pour les personnes âgées. Elle répartit également l’Allocation Personnalisée d’Autonomies (APA) entre les départements. 
Quant à la contribution de l’Etat, elle passe principalement par les déductions fiscales. 

S’agissant du financement des soins d’une personne âgée, il est pris en charge en totalité ou en quasi totalité dans un certain nombre de situations, au même titre que les maladies graves, la maternité ou les accidents du travail. Dans les autres cas, l'Assurance maladie rembourse seulement une partie des frais (partie variable selon le type de prestation) et laisse à la charge du patient une partie de la dépense : c'est ce qu'on appelle le "ticket modérateur". Ce ticket modérateur est, tout ou partie, pris en charge par les assurances complémentaires. 

Il existe trois types de complémentaires santé : les mutuelles (qui couvrent aujourd'hui près de 40 millions de personnes) ; les compagnies d'assurances privées ; les institutions de prévoyance. Cela dit, les personnes modestes peuvent avoir des difficultés à souscrire une complémentaire, malgré les aides dont elles peuvent bénéficier. Ce qui explique que certaines d’entre-elles choisissent l’hospitalisation, qui ne nécessite pas de prise en charge personnelle, plutôt que de rester à leur domicile. 

Pour sa part, Isabelle Durand-Zaleski, responsable du service de Santé Publique à l’Hôpital Henri Mondor de Créteil, estime que « l’organisation de la prise en charge devrait être mieux adaptée. Selon l’Avis d’avril 2010 8 du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie, une part importante de la dépense individuelle moyenne au grand âge s’explique par des inadaptations structurelles comme le clivage sanitaire-social et le recours trop important à l’hospitalisation. » 

Pour les économistes, ce manque de coordination entre l’hôpital et la ville, le sanitaire et le social s’explique en partie par les modes de tarification, notamment à l’acte. Avec une meilleure coordination, les soins seraient mieux organisés et mieux pris en charge, avec une rémunération forfaitisée, globale. Pourtant, le vieillissement ne représente pas uniquement une source de coûts. Les personnes âgées qui partent à la retraite voient leur vie prendre un nouvel essor, ce qui est un enrichissement pour la société. Le troisième âge peut ainsi représenter un levier de croissance et de création d’emplois. 

« Pour que le vieillissement soit un privilège de nos nations, les personnes âgées doivent non seulement être en bonne santé mais également être actives et totalement intégrées dans le cycle économique » estime Françoise Forette. « L’emploi des seniors constitue l’une des clefs de leur l’intégration dans la société. Il faudrait absolument changer le regard que porte la société, et les personnes elles-mêmes, sur leur avancée en âge, de telle sorte qu’elles participent à l’activité de notre pays, même à titre bénévole. 

Ces patients sont très bien étiquetés par les critères de FRIED (5 critères identifiés en 2001 : une sensation de fatigue extrême et une faiblesse, une diminution de la vitesse de marche, une perte de poids, une faible endurance, des activités physiques réduites), lesquelles devront être suivies de très près pour les faire basculer dans la catégorie des personnes en bonne santé et non pas dans celle des personnes dépendantes, lors d’un stress. En enfin, les personnes dépendantes pour lesquelles, il est important d’avoir des innovations de prise en charge, représentent la troisième catégorie. » 

3/ Les solutions innovantes médicales, sociales et technologique face au défi du vieillissement

A/ Tableau général 
La politique axée sur la Recherche, sur la qualité des soins, sur toutes les nouvelles technologies qui permettent de mieux prendre en charge les personnes âgées et faciliter leur maintien à domicile. « Le grand enjeu des années qui viennent, prévoit le Professeur Françoise Forette, consiste à maintenir la santé des personnes âgées pour en limiter la dépendance. Il y a trois sortes de personnes âgées : en bonne santé, avec parfois des maladies mais qui vivent normalement, et pour lesquelles, il faut prévenir les maladies et bien les soigner lorsqu’elles surviennent, celles qui sont fragiles qui sont elles-aussi autonomes mais dont la diminution des réserves physiologiques font qu’elles sont plus vulnérables à certains stress. 

B/ Aspects pratiques 
Le rôle des gérontopôles pour préserver l’autonomie de la personne âgée 
« Dans la Région Midi-Pyrénées, nous mettons en oeuvre des actions pour diminuer l’aggravation de la dépendance, en bonne coordination avec l’ARS, le Conseil Général, les EHPAD » explique Bruno Vellas, Responsable du Pôle Gériatrie et Gérontopôle, CHU de Toulouse, maladie d'Alzheimer. Des actions qui peuvent être source d’économies pour la collectivité. La lettre de mission signée du ministère de la santé et du secrétariat d’état aux personnes âgées, qui a été renouvelée l’an dernier, prévoit quatre missions essentielles pour les gérontopôles : 

- l’accès à l’innovation et à la recherche clinique pour les personnes âgées fragiles qui en ont été souvent exclues. Il s’agit de développer l’innovation et la recherche clinique aussi bien dans les bio-marqueurs, que dans le domaine de l’imagerie, la découverte de nouvelles molécules dans la maladie d’Alzheimer ou la sarcopénie (fonte de la masse musculaire). « Dans la maladie d’Alzheimer, nous coordonnons le réseau du Centre National de Gestion des Essais de produits de Santé (CeNGEPS), qui est une association de partenaires publics et privés (GIP) entre l’industrie pharmaceutique et la direction de la recherche clinique de treize CHU », explique le Professeur Vellas. 

- des grands essais de prévention, en menant notamment des études d’envergure, portant sur plusieurs milliers de patients pendant plusieurs années, pour la prévention du déclin cognitif ou du déclin fonctionnel. « Nous avons mis en place des grands essais de prévention sur la maladie d’Alzheimer en Europe, une étude multi domaines dans laquelle est étudié l’impact de l’exercice physique, de l’exercice cognitif, de la nutrition et des omégas 3 dans la prévention du déclin cognitif », ajoute le gériatre. 

- le développement de la recherche clinique dans les Etablissements d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes, EHPAD (les maisons de retraite). « Nous avons mis en place dans 280 maisons de retraite, des études : d’observation ; d’identification des flux entre les EHPAD et les hôpitaux ; d’évaluation de Réunions de Concertation pluri-professionnelles pour le diagnostic et la prise en charge des patients atteints de la maladie d’Alzheimer ; de nutrition. » 

- l’amélioration de la qualité des soins gériatriques. Nous allons travailler sur la prévention de la dépendance iatrogénique. « C’est l’un des axes de l’Institut Hospitalo-Universitaires (IHU) de Toulouse, orienté vers les sciences du vieillissement et la prévention de la dépendance dont le gérontopôle, les hôpitaux et l’Université de Paul Sabatier de Toulouse, font partie. Nous avons mis en oeuvre une mesure de la dépendance d’une personne âgée, induite lors de son hospitalisation, les moyens de la prévenir et de la réduire. Ce sera l’une des grandes actions de notre IHU. Nous pourrons ainsi réduire le poids de la dépendance et réaliser des économies considérables » se félicite le professeur Bruno Vellas. 

Les nouvelles technologies qui favorisent le maintien à domicile 
Historiquement, l’Hexagone a toujours réuni des conditions favorables au développement des technologies médicales. Il compte des ingénieurs et des médecins qualifiés. L’environnement est devenu nettement plus favorable à la recherche et à l’innovation. Le CSIS représente l’un des outils pour dynamiser les énergies. Le Crédit Impôt Recherche constitue également une véritable incitation à potentialiser l’effort de R&D des sociétés de medical device (matériel médical). 

Par exemple, une technologie de télé-cardiologie évitera l’hospitalisation à certains patients. L’avancée s’annonce spectaculaire : les cardiologues pourront ainsi disposer de toutes les informations sur leurs patients et les suivre à distance. C’est à la fois une innovation au service du patient et une avancée pour réduire les coûts de la santé puisque ce système permettra de prévenir à temps le corps médical et d’éviter les hospitalisations en urgence qui sont très coûteuses. 

« La Secrétaire d'Etat chargée des Aînés (aujourd’hui ministre de la Santé auprès du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé, Xavier Bertrand), Nora Berra, a organisé une mission Vivre chez soi, à laquelle j’ai eu l’honneur de participer. Une mission coordonnée par le Professeur Alain Franco, Président du Centre National de Référence Santé à Domicile et Autonomie (CNR-SDA) » indique le Professeur François Piette, chef de service et responsable du pôle Allongement de la vie de l’hôpital Charles Foix (AP-HP). 

Parallèlement, les seniors atteints de pathologies chroniques, reconnus dans le cadre d’affections de longue durée, ont besoin d’une assistance sociale, sanitaire, médicale voire spécialisée sur leur état et leurs maladies. Ces avis spécialisés nécessitent conventionnellement le déplacement vers des spécialistes, situés parfois loin en distance ou en temps du lieu de résidence des personnes. La télémédecine ou l’e-santé représenteront là très prochainement une précieuse ressource. Ce sont les conclusions d’un rapport écrit par le député de l’Essonne, Pierre Lasbordes, qui prône le développement de cette télémédecine. Les décrets de la loi HPST (Hôpital, Patients, Santé et Territoires), relatifs à la télémédecine, parus le 19 octobre vont, en outre, donner un cadre 
réglementaire à cette téléconsultation. » 

Selon les conclusions de cette mission qui considérait le « vivre chez soi » de façon globale chez les aînés le plus souvent actifs et en bonne santé, mais aussi les questions concernant les plus fragiles et dépendants , les technologies et services constituent un point très important pour l’avenir, une sorte d’espoir pour la population des seniors qui souhaite préserver sa bonne santé. Il s’agit en effet de préserver le lien social en favorisant un accès pour tous à Internet qui permettra de mettre à disposition des messages de prévention pour bien vieillir mais aussi de favoriser des liens sociaux à distance. Selon le principe du « design for all » tous les progrès dans ce sens devraient être utilisables par tous. 

Enfin, s’agissant des personnes dépendantes, soit à leur domicile, soit en institution, les technologies et services pourront compenser les déficiences, alléger la dépendance et permettre aux personnes qui sont à domicile de rester plus longtemps chez elles. Elles aideront très efficacement les aidants naturels ou professionnels à mieux coordonner leurs actions et améliorer leur qualité. « C’est par exemple un signal lumineux pour se déplacer dans l’appartement, la suppléance de l’incontinence, la stimulation cognitive (informatique) pour la maladie d’Alzheimer, l’accession à l’information pour les non-voyants… », explique Bruno Charrat, directeur général du Centre National de Référence Santé à domicile et Autonomie. 

Concrètement, beaucoup d’idées émergent, peu de projets aboutissent encore. Les technologies sont parfois mises en oeuvre par des ingénieurs qui n’ont pas forcément la connaissance des besoins. Il faudrait plus probablement travailler davantage avec les associations de patients, les professionnels de santé et les professionnels du secteur technologique. Le financement reste un problème majeur. « Il faut donc trouver les technologies pour lesquelles des financeurs peuvent trouver un intérêt, ajoute François Piette. Pour prendre un exemple simple, si la e-santé, les téléconsultations permettent de faire des économies sur les frais d’ambulance, la sécurité sociale pourrait les prendre en considération. Les départements paient l’aide personnalisée à l’autonomie. 

Ce qui coûte très cher. L’idée serait de proposer un mix entre des heures de présence à domicile et de télé-présence. A ce moment là, les départements pourraient trouver un intérêt à réorienter une partie de leurs dépenses d’Aide personnalisée à l’autonomie vers des solutions technologiques. » 

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