Beaucoup de personnes âgées sont concernées par l'épilepsie sans le savoir
Par
Nathalie Szapiro-Manoukian
1 mars 2010
France
De grandes crises généralisées facilement reconnaissables, avec des convulsions, les seniors en font peu. «En revanche, parmi les pertes de conscience soudaines et inexpliquées auxquelles ils sont plus souvent sujets avec l'âge, bon nombre sont d'authentiques crises d'épilepsie, remarque le Pr Philippe Ryvlin, praticien hospitalier aux Hospices civils de Lyon, responsable des projets de recherche de l'Institut des épilepsies de l'enfant et de l'adolescent (Idée*) et vice-président de la Ligue française contre l'épilepsie. Mais, comme passé la soixantaine, on craint plus souvent un problème cardio-vasculaire, beaucoup d'épilepsies débutant à cet âge ne sont pas diagnostiquées ou alors avec retard.»
En vieillissant, le cerveau a plus de risque de faire les frais d'un infarctus, d'une hémorragie, d'une tumeur ou d'une maladie dégénérative. Ce sont autant de lésions qui peuvent devenir le point de départ d'une épilepsie, sans forcément donner d'autres symptômes. De quoi semer la confusion, d'autant que le médecin assiste rarement à la crise et que le malade n'en a pas le
souvenir. Conséquence : tous âges et toutes causes confondues, 20 % des épilepsies ne sont pas diagnostiquées en tant que telles et, à l'inverse, 20 % des diagnostics d'épilepsie qui sont posés n'en sont pas !
Risques d'interactions
Si le risque de retard au diagnostic est réel chez les seniors, il n'a rien d'anodin. Déjà parce qu'à cet âge la moindre perte de connaissance peut se solder par une fracture, en particulier du col du fémur avec toutes ses conséquences sur l'autonomie. Mais aussi parce que les examens réalisés à la recherche d'une autre cause font grimper la facture pour la collectivité : au Royaume-Uni où le coût d'une erreur diagnostique a été évalué, il est estimé à 2 000 euros par an et par patient mal diagnostiqué.
C'est d'autant plus dommage que les seniors répondent plutôt mieux aux médicaments que leurs cadets, même s'il faut faire très attention aux risques d'interaction avec les autres traitements. Seul bémol : le changement de médicament, voire le passage à un générique, peut suffire à déclencher une nouvelle crise, en modifiant la concentration du principe actif. Sachant qu'une seule d'entre elles peut rendre définitivement dépendant à cet âge, sur le plan économique et humain, d'extrêmes précautions
s'imposent.
• «Épilepsies, guide à l'usage des patients et de leur entourage», sous l'égide du Comité national pour l'épilepsie (CNE), Éd. Bash, 2010.
• Épilepsie France, association de patients, membre du CNE (01 53 80 66 64).
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