«S'il n'est pas permis de vivre très vieux, qu'on nous laisse au moins naître plus tôt», disait Pierre Dac. Est-ce son sens de l'humour qui a permis au maître du non-sens d'atteindre l'âge respectable de 81 ans? Possible, si l'on en croit une vaste étude récemment publiée dans l'International Journal of Psychiatry in Medicine. Au terme d'un suivi de sept ans d'une cohorte de 53.500 individus, Sven Svebak et ses collègues de l'université des sciences et technologies de Norvège concluent que cette capacité est associée à une réduction de la mortalité d'au moins 20%. «Nos résultats confortent l'idée que le sens de l'humour peut prolonger la durée de vie. Son effet est positif sur la santé mentale et la vie sociale même après la retraite, bien que le bénéfice sur l'espérance de vie n'ait pas été observé après 65 ans, précise Sven Svebak. À partir de là, la prédisposition génétique et les facteurs biologiques du vieillissement deviennent de plus en plus importants.»
Le chercheur norvégien peut être considéré comme une référence dans ce domaine très pointu. Dès 1974, il a mis au point un questionnaire pour évaluer la sensibilité d'un individu à l'humour. Plus récemment, il a démontré que les insuffisants rénaux chroniques dotés d'un bon sens de l'humour avaient un meilleur taux de survie à deux ans que ceux qui en étaient dépourvus. Cette fois, Sven Svebak s'est intéressé à une vaste population d'individus, issus du groupe «Hunt 2» (constitué au total de 66.000 adultes de plus de 20 ans résidant dans le comté de Nord-Trondelag, au centre de la Norvège). Le sens de l'humour des 53.500 participants a été mesuré par un test avec trois questions estimant la capacité à comprendre et à penser d'une façon
humoristique.
Un humour «amical»
C'est un humour «amical», c'est-à-dire ni conflictuel ni insultant, qui est ici étudié, précisent les chercheurs. Ils rappellent aussi que cette aptitude est distincte du rire. «L'humour n'a pas besoin d'être extériorisé. (…) Un pétillement dans le regard peut suffire», insiste Sven Svebak. Dans son groupe d'étude, il observe d'abord que des effets favorables du sens de l'humour sur l'espérance de vie sont présents chez les sujets se considérant en bonne santé et chez ceux qui jugent leur santé précaire, en tout cas jusqu'à 65 ans. Surtout, en répartissant les individus en deux groupes selon leur score au test d'humour, le chercheur constate une différence de mortalité de 20%, indépendamment d'autres facteurs de risque. Un projet débuté aux États-Unis dans les années 1920 avec 1 200 enfants surdoués (QI à 135) avait conclu que ceux dotés d'un solide sens de l'humour avaient plus de chances d'être en vie à 80 ans. Le travail des Norvégiens va dans le même sens, avec un échantillon beaucoup plus représentatif. La nouvelle est d'autant plus réjouissante que, selon Sven Svebak, le sens de l'humour «peut s'apprendre et s'améliorer avec de la pratique».
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