Les séropositifs de plus de 50 ans, qui suivent des traitements anti-sida depuis des années, vieillissent plus vite et avec plus de difficultés que la population générale mais personne ne semble vraiment savoir comment leur rendre la vie plus facile.
Avec l'efficacité des nouveaux traitements antirétroviraux, qui font de l'infection au virus de l'immunodéficience humaine (VIH identifié en 1981) une maladie chronique, les séropositifs peuvent espérer vivre aussi longtemps que la population non infectée. "Nous en recevons qui ont dépassé 80 ans", indique Jean-Michel Molina, chef de service des maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Louis à Paris.
Pour Gottfried Hirnschall, directeur VIH/sida à l'Organisation mondiale de la santé, le sujet a été un peu négligé, alors que le nombre des séropositifs vieillissants ne fait
qu'augmenter.
Aux Etats-Unis, selon une enquête présentée à Vienne à la Conférence internationale sur le sida, qui s'achève vendredi, les plus de 50 ans constitueront d'ici quelques années plus de la moitié des séropositifs. "Un tsunami va frapper le système de soins", dit Julian Hows, 54 ans. Au Kenya, où les trithérapies salvatrices sont arrivées plus tard, les 50-64 ans représentent déjà 5% des personnes infectées.
Même si la maladie est chronique, le vieillissement est accompagné d'un cortège de problèmes qu'il faut affronter. Aux Etat-Unis la dépression touche 60 à 70% des patients.
D'abord "ils ont arrêté de s'occuper de leur carrière professionnelle, ils ont claqué tout leur argent, sans construire de projet", dit Jean-Luc Romero, 51 ans, conseiller régional
d'Ile-de-France.
"Je n'ai pas de carrière, pas de maison, j'aurai une retraite très faible et probablement solitaire, je regarde l'avenir avec beaucoup d'incertitudes", confirme Julian Hows, 54 ans, devant une centaine de personnes, dont la moitié de séropositifs, qui opinent lors d'un atelier à la Conférence.
Et pourtant, "nous sommes là pour durer", lance dans un immense sourire Dorothy Onyango, une grand-mère séropositive du Kenya.
La préoccupation principale des séropositifs vieillissants, selon une enquête britannique, est leur situation financière. Plus souvent au chômage, ils gagnent moins que les autres, sont plus souvent en-dessous du seuil de pauvreté.
En outre, ils souffrent d'isolement social, se sentent l'objet de stigmatisation et n'osent pas trop en parler, même à leurs
amis.
Sur le plan physique, ils font face à un vieillissement accéléré, touchant aussi bien les capacités mentales que le coeur, les muscles et les os. "Ils ont des maladies qu'il y a chez tout le monde mais plus tôt", relève le Pr Molina : cancers, problèmes cardio-vasculaires, ostéoporose, insuffisance rénale, lipodystrophie (masses graisseuses), diminution de la masse
musculaire...
Quelque 24% des patients observés présentent des anomalies aux tests cognitifs, contre 3 à 5% en population générale, selon une étude réalisée l'an dernier par l'Agence nationale française de recherches sur le
sida.
"Deux phénomènes se conjuguent : le vieillissement normal et l'effet des traitements", explique le Pr Molina. Il y a aussi, dit-il, les conséquences de l'inflammation que génère le virus, qui diminue sous traitement sans complètement disparaître. La date où le traitement a démarré pourrait aussi jouer un rôle, ce qui devrait inciter à les fournir plus tôt.
Une solution serait de simplifier les traitements, "mais il faut encore garder leur efficacité", note le Pr Molina. Les séropositifs, eux, voudraient se sentir moins seuls, et demandent des "groupes de soutien". Dorothy Onyango, elle, souhaiterait des programmes de soins et de prévention adaptés à leur âge.
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