Vieillesse et addiction: un problème croissant
Sciences
et avenir
17 Octobre 2011
France
En Europe et en
Amérique du Nord, la surconsommation de substances
légales en vente libre (tabac, alcool et certains
médicaments) ou sur ordonnance (antidépresseur,
anxiolytiques, sédatifs, hypnotiques, myorelaxants) est un
phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur chez les
personnes âgées. Une étude récente indique
par exemple que le nombre de personnes de plus de 50 ans vivant avec
une dépendance pourrait doubler entre 2000 et 2020.
Or, avec l’âge, certaines substances ont un impact physiologique
plus important. L’organisme n’a en effet plus les mêmes
capacités de filtration et d’élimination, notamment chez
les personnes ayant une insuffisance hépatique ou
rénale. La logique serait d’alléger les prescriptions
(par exemple avec des demi-doses) plutôt que de les augmenter ou
de les maintenir au fil des ans. Mais les médecins ont
quelquefois la main lourde et bien souvent entourage et soignants ont
du mal à prendre conscience de cet abus de substances, de cette
addiction.
Dans un éditorial qui paraît dans le journal of the
British Geriatrics Society (BGS), le professeur Peter Crome appelle les
services de santé prenant en charge ce public à prendre
la dépendance chez les personnes âgées avec plus de
sérieux. En systématisant par exemple l’évaluation
de la consommation de substances psychoactives, et surtout en
intégrant les patients détectés dans un processus
de soin. Car en dépit d’une croyance assez répandue
(même chez les professionnels), la recherche montre «que le
sevrage accompagné des personnes âgées produit des
résultats semblables, et parfois supérieurs, que chez des
personnes plus jeunes.»
C’est d’ailleurs aussi un problème car les aidants ne sont pas
formés à la prise en charge de ce type de pathologie et
les structures spécialisées sont quasiment inexistantes.
Avec le vieillissement de la population et l’augmentation de la
prévalence de l’addiction chez les plus de 50 ans, le nombre de
patients concernés va rapidement devenir très important.
Une prise de conscience des pouvoirs publics est nécessaire afin
que ces phénomènes addictifs puissent être
correctement traités.
L’abus de médicaments ou d’alcool est à l’origine de
plusieurs pathologies associées : chutes fréquentes,
changements dans les habitudes alimentaires, perte de poids,
irritabilité et agitation. Ce mois-ci, Sciences et Avenir publie
d’ailleurs les résultats d’une étude indiquant que la
consommation chronique d'anxiolytiques et de somnifères
augmenterait le risque d’entrée dans la maladie d'Alzheimer. En
particulier une prescription prolongée abusive. Certains
troubles cognitifs peuvent aussi faire penser à l’apparition
d’une démence alors qu’ils sont peut-être le fait d’une
surconsommation médicamenteuse ou alcoolique.
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