Maltraitance des personnes âgées : le point par l’OMS
Source OMS, Senior Actu
24 août 2011
Monde
La
maltraitance
des personnes âgées consiste en un acte
unique ou répété, ou en l'absence d'intervention
appropriée, dans le cadre d'une relation censée
être une relation de confiance, qui entraîne des blessures
ou une détresse morale pour la personne âgée qui en
est victime. Ce type de violence constitue une violation des droits de
l'homme et recouvre les violences physiques, sexuelles, psychologiques
ou morales ; les violences matérielles et financières ;
l'abandon ; la négligence ; l'atteinte grave à la
dignité ainsi que le manque de respect.
La
problématique
La
maltraitance
des personnes âgées est un important
problème de santé publique.
Même
si
l'on dispose de peu d'informations concernant l'ampleur de la
maltraitance dans les populations âgées, en particulier
dans les pays en développement, on estime que 4 à 6% des
aînés dans les pays à revenu élevé
ont été victimes d'une forme ou d'une autre de
maltraitance à domicile. Toutefois, les seniors craignent
souvent de signaler la maltraitance auprès de leur famille,
leurs amis ou des autorités.
Les
données
sur l'ampleur du problème dans les institutions
telles que les hôpitaux, les maisons de retraite et les
établissements de soins de longue durée sont rares.
Cependant, une enquête menée auprès du personnel
des maisons de retraite aux États-Unis d'Amérique laisse
penser que les taux sont sans doute élevés : 36% des
membres du personnel ont dit avoir été témoins au
moins une fois de violences physiques infligées à un
patient âgé au cours de l'année
écoulée ; 10% ont reconnu avoir commis eux-mêmes au
moins une fois un acte de violence physique à l'égard
d'un patient âgé ; et 40% ont dit avoir harcelé
psychologiquement des patients.
Quant
aux
chiffres sur la maltraitance des personnes âgées dans
les établissements des pays en développement… Ils sont
encore plus rares !
La
maltraitance
en institution recouvre le recours à la contrainte
physique à l'égard des patients, le non-respect de leur
dignité -par exemple en négligeant de changer leurs
vêtements souillés- et de leur liberté de choix
concernant la vie quotidienne, le manque intentionnel de soins
(entraînant par exemple l'apparition d'escarres), l'abus ou le
défaut de traitement médicamenteux, ainsi que la
négligence et la violence morales.
La
maltraitance
des personnes âgées peut conduire à
des traumatismes physiques -il peut s'agir d'égratignures
bénignes, d'ecchymoses mais aussi de fractures des os et de
traumatismes crâniens qui peuvent conduire à une
incapacité permanente- et avoir des conséquences
psychologiques graves, parfois durables, parmi lesquelles figurent la
dépression et l'angoisse.
Pour
les
aînés, les conséquences de la maltraitance
peuvent être particulièrement graves du fait que leurs os
sont plus fragiles et que la convalescence durera plus longtemps.
Même un traumatisme relativement bénin peut laisser des
séquelles graves et définitives, voire entraîner la
mort.
À
l'échelle
mondiale, on considère que le nombre de cas de
maltraitance des personnes âgées risque de
s'accroître, compte tenu du vieillissement rapide de la
population dans de nombreux pays et de l'impossibilité de
répondre à leurs besoins du fait des contraintes
budgétaires. Ainsi, d'ici à 2025, le nombre des plus de
60 ans dans le monde devrait au moins doubler, passant de 542 millions
en 1995 à quelque 1,2 milliard.
Facteurs
de
risque
Les
facteurs
de risque qui peuvent accroître les possibilités
de maltraitance d'une personne âgée peuvent être
relevés au niveau individuel, au niveau de la famille, de la
communauté et au niveau socioculturel.
Au
niveau
individuel
Parmi
les
risques au niveau individuel figurent la démence de la
victime et les troubles mentaux, ainsi que l'abus d'alcool et de
substances pour le consommateur de ces substances. Parmi les autres
facteurs individuels augmentant le risque de violence à
l'égard de la personne âgée figurent le sexe et la
cohabitation. Même si les hommes âgés courent le
même risque d'être victimes de violence que les femmes,
dans certaines cultures où les femmes ont un statut social
inférieur, les femmes âgées courent un risque plus
élevé de négligence par abandon lorsqu'elles
perdent leur mari et sont dépossédées de leurs
biens. Le risque de formes plus persistantes et plus graves de violence
et de traumatisme peut aussi être plus important pour les femmes.
Au
niveau
de la famille
La
cohabitation
constitue un facteur de risque de maltraitance pour la
personne âgée. Il est encore difficile de
déterminer si les épouses ou les enfants adultes de
personnes violentes sont davantage susceptibles d'être
eux-mêmes responsables d'actes de violence. La dépendance
(souvent financière) de l'auteur des actes de violence à
l'égard de la personne âgée accroît aussi le
risque de violence.
Dans
certains
cas, des relations tendues à l'intérieur de la
famille depuis longtemps peuvent s'aggraver par suite du stress et de
la frustration à mesure que la personne âgée perd
son autonomie. En dernier lieu, étant donné que davantage
de femmes accèdent au monde du travail et ne disposent plus
d'autant de temps libre, les soins aux personnes âgées
deviennent un fardeau plus lourd, ce qui accroît le risque de
violence.
Au
niveau
communautaire
L'isolement
social
des personnes chargées des soins et des personnes
âgées, et l'absence de soutien social qui en
résulte, est un facteur de risque important de la maltraitance
des personnes âgées par les personnes qui s'occupent
d'elles. De nombreuses personnes âgées sont mises à
l'écart à cause de leurs infirmités physiques ou
mentales, ou se retrouvent seules à la suite de la perte de
leurs amis et des membres de leur famille.
Au
niveau
socioculturel
Certains
facteurs
socioculturels peuvent influer sur le risque de maltraitance
des personnes âgées : la représentation des
personnes âgées comme des êtres frêles,
faibles et dépendants ; l'érosion des liens entre les
générations au sein de la famille ; les règles
d'héritage et le droit à la terre, qui influent sur la
répartition du pouvoir et des biens matériels dans les
familles ; le départ des jeunes couples vers d'autres
régions, privant les personnes âgées du soutien de
leur descendance dans les sociétés où,
traditionnellement, les jeunes s'occupaient des anciens ; et l'absence
de ressources pour payer les soins.
Au
sein
des institutions, la maltraitance risque davantage de s'exercer
lorsque : les normes de soins, les services de protection sociale et
les établissements de soins pour les personnes
âgées laissent à désirer ; le personnel est
mal formé et rémunéré, et surchargé
de travail ; l'environnement matériel est défectueux ; et
les intérêts de l'institution sont pris en compte au
détriment de ceux des pensionnaires.
Prévention
De
nombreuses
stratégies ont été mises en oeuvre pour
prévenir la maltraitance des personnes âgées,
lutter contre celle-ci et en atténuer les conséquences.
Les interventions qui ont été expérimentées
-principalement dans les pays à revenu élevé- pour
prévenir la maltraitance sont notamment : des campagnes de
sensibilisation du public et des professionnels, et un dépistage
(des victimes et des auteurs de violence potentielle) ; des
interventions de soutien aux personnes s'occupant de la personne
âgée (par exemple gestion du stress, services de
relève) ; des formations sur la démence destinées
aux personnes s'occupant des personnes âgées.
Les
efforts
visant à réagir face à la maltraitance et
à l'empêcher incluent notamment : le dépistage des
victimes potentielles ; l'obligation de signalement des cas de
maltraitance aux autorités ; les services de protection des
adultes ; les visites à domicile par les services de police et
les travailleurs sociaux ; les groupes d'entraide ; les familles
d'accueil et les foyers d'accueil d'urgence ; et les interventions pour
soutenir les personnes s'occupant des personnes âgées.
À
l'heure
actuelle, on dispose de peu de données quant à
l'efficacité de ces interventions. Le soutien apporté
à la personne s'occupant de la personne âgée
après un cas de maltraitance afin de réduire la
probabilité de sa réapparition s'est avéré
efficace. En outre, le soutien aux personnes chargées des soins
aux personnes âgées afin de prévenir la
maltraitance et la sensibilisation des professionnels au
problème semblent encourageants.
Les
données
factuelles laissent penser que les services de
protection des adultes et les visites à domicile
effectuées par les services de police et les travailleurs
sociaux pour des victimes de maltraitance peuvent en fait avoir des
conséquences négatives et entraîner une
augmentation de la maltraitance à l'égard de la personne
âgée.
De
multiples
secteurs peuvent contribuer à la réduction de
la maltraitance à l'égard des personnes
âgées, notamment : le secteur de la protection sociale (en
fournissant un soutien juridique, financier et une aide à
l'hébergement) ; le secteur de l'éducation (par
l'éducation du public et l'organisation de campagnes de
sensibilisation) ; et le secteur de la santé (par le
dépistage et le traitement des victimes par les agents de soins
de santé primaires).
Dans
certains
pays, le secteur de la santé a joué un
rôle primordial en sensibilisant l'opinion à la
maltraitance des personnes âgées, tandis que dans
d'autres, c'est le secteur de la protection sociale qui s'est
mobilisé le premier.
À
l'échelle
mondiale, les connaissances relatives à la
maltraitance des personnes âgées et à la
manière de la prévenir sont insuffisantes, en particulier
dans les pays en développement. L'ampleur et la nature du
problème commencent seulement à être
esquissées, de nombreux facteurs de risque sont encore
contestés et les données disponibles sur les mesures
efficaces pour prévenir la maltraitance des personnes
âgées sont limitées.
L'action
de
l'Organisation Mondiale de la Santé
L'OMS
et
ses partenaires collaborent pour prévenir la maltraitance des
personnes âgées moyennant des initiatives qui contribuent
à identifier et quantifier le problème, et à y
répondre, notamment : en consolidant les bases factuelles
disponibles sur les types et l'ampleur de la maltraitance à
l'égard des personnes âgées dans différents
lieux (afin de comprendre l'importance et la nature du problème
au niveau mondial) ; en élaborant des lignes directrices
à l'intention des États Membres et de tous les secteurs
pertinents afin de prévenir la maltraitance des personnes
âgées et de renforcer leurs capacités à y
faire face ; en diffusant les informations auprès des pays et en
soutenant les efforts nationaux visant à prévenir la
maltraitance des personnes âgées ; et en collaborant avec
les institutions et les organisations internationales afin de mettre un
terme au problème à l'échelle mondiale.
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