Les personnes âgées seraient
contre l'euthanasie
Le
Figaro
11 Octobre 2011
France
Une
étude réalisée à partir d'entretiens
révèle qu'une grande majorité des plus de 75 ans
est opposée à l'euthanasie et fait confiance aux
médecins pour les décisions de fin de vie.
«Nous ne nous sentons ni vieux ni malades», «nous
voulons vivre encore le mieux et le plus longtemps possible»,
«nous ne voulons vraiment pas aller en maison de retraite»,
«notre qualité actuelle de vie nous convient, merci de
tout faire pour nous aider à la conserver ainsi»,
«nous avons confiance dans la médecine pour cela»,
«nous voulons qu'elle ne baisse pas les bras trop tôt et
qu'elle continue de nous traiter au maximum de ses
possibilités»…
L'enquête sur les vœux en fin de vie des personnes
âgées, réalisée par le Centre
d'éthique clinique de l'hôpital Cochin, dirigée par
le Dr Véronique Fournier, rendue publique mardi et
réalisée à partir de 200 entretiens, bat en
brèche tous les poncifs sur l'euthanasie (selon lesquels 70% des
Français y seraient favorables) et remet en question le ton
miséricordieux sur lequel ce sujet est habituellement
abordé. «Les personnes âgées ne veulent pas
d'euthanasie, résume le Dr Véronique Fournier. Elles
attendent de leurs médecins qu'ils se battent au maximum en cas
de maladie, mais refusent l'acharnement thérapeutique lorsqu'il
n'y a plus rien à faire.»
La loi sur la fin de vie de Leonetti du 22 avril 2005 a introduit la
possibilité pour les personnes âgées de laisser des
directives anticipées, c'est-à-dire d'écrire
à l'avance ce qu'elles attendent de la médecine au cas
où elles ne seraient plus en état d'exprimer leur
volonté. Des médecins, qui avaient timidement
abordé ce sujet avec des patients âgés et qui
s'étaient fait envoyer promener, s'en sont émus
auprès du Centre d'éthique clinique de Cochin.
D'où l'idée de mener cette enquête sous forme
d'entretiens auprès des principaux intéressés. 200
personnes de plus de 75 ans, les unes hospitalisées, les
autres en bonne santé et vivant chez elles ou en maison de
retraite, ont accepté de répondre. «Notre objectif,
précise le Dr Fournier, était de mieux comprendre ce que
les plus de 75 ans ont à dire sur les directives
anticipées, sur leur fin de vie et les conditions de leur
mort.»
Une chose est sûre: 83% des personnes interrogées ne sont
pas intéressées par les directives anticipées,
c'est trop tôt, trop compliqué, ou encore c'est une
mauvaise idée, inutile, dangereuse, inappropriée. «
La préoccupation la plus forte de tous ceux que nous avons
rencontrés concerne le sens de la vie qui reste et non le sens
de la mort, relève le Dr Fournier. Par ailleurs, 40% ne
répondent pas sur l'euthanasie et 40% de ceux qui s'expriment
sont contre une loi. Pour autant, ils sont 10% à s'exprimer dans
le sens d'une aide à mourir. Ceux-là pour la plupart
adressent cette demande à la médecine: ils voudraient que
les médecins puissent leur délivrer la mort en toute fin
de vie, comme si cela faisait partie de leur fonction naturelle.»
Cette large opposition des personnes âgées à
l'euthanasie est une des grandes révélations de cette
enquête. Elle nous interpelle d'autant plus fortement que les
sondages réalisés en France au cours des dernières
années ont régulièrement indiqué au
contraire une forte adhésion à ce concept. Comment
expliquer une telle divergence ? Cela signifierait-il que lorsque l'on
est jeune et en bonne santé, on reste sur une vision
relativement simple, primaire voire consumériste de la fin de
vie ? Et lorsque l'on vieillit, on est dans une posture plus
réaliste, plus concernée, plus spirituelle ? À
moins que l'euthanasie vise surtout les autres, ceux que l'on ne
supporte pas de voir vieillir et souffrir ? Cela conforte en tout cas
le point de vue de cancérologues qui ont souvent
déclaré que lorsque la douleur est bien prise en charge,
il n'y a quasiment jamais de demande d'euthanasie.
L'autre grand enseignement de cette enquête, c'est que les
personnes âgées font confiance à leur
médecin pour les décisions de fin de vie, comme
l'arrêt des traitements actifs lorsqu'ils ne servent plus
à rien. Pour elles, les directives anticipées visent
à désengager le médecin, à le
déresponsabiliser. En fait, c'est justement en fin de vie,
qu'elles ont sans doute le plus besoin d'un médecin responsable
et humain qui les guide vers un choix qu'elles ne peuvent pas faire.
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