Alzheimer : confirmation de la faible
efficacité des médicaments
Le Point
27 Octobre 2011
France
Alors que le nombre de personnes
atteintes de la maladie d'Alzheimer ne cesse de
progresser (elles seraient actuellement plus de
800 000 en France), les moyens de les traiter
semblent en régression. C'est ce qu'a
confirmé ce matin la commission de la
Transparence, responsable de l'évaluation
des médicaments au sein de la Haute
Autorité de santé (HAS), en
révélant les résultats de
la réévaluation des quatre
médicaments actuellement disponibles
contre cette affection : Ebixa (Lundbeck),
Aricept (Eisai), Exelon (Novartis Pharma) et
Reminyl (Janssen Cilag).
Certes, la HAS se dit "consciente du
problème de santé publique majeur
que représente cette maladie et de la
détresse de l'entourage des malades", qui
ont du mal à trouver des informations
confirmées. C'est pourquoi elle rappelle
que la prise en charge de cette maladie "ne doit
pas se limiter à une prescription
médicamenteuse, mais doit être
globale". Elle publiera d'ailleurs fin novembre
la réactualisation de ses recommandations
professionnelles.
En pratique, comme l'a expliqué le
professeur Gilles Bouvenot, président de
la commission de Transparence, la
réévaluation des dossiers
(après l'examen de 2007) donne un
"service médical rendu" (SMR) faible. Le
document fait état d'effets au mieux
modestes, d'un risque de survenue d'effets
indésirables pouvant nécessiter
l'arrêt du traitement (troubles digestifs,
cardiovasculaires et neuropsychiatriques
notamment) ainsi que d'un risque accru
d'interactions avec tous les autres
médicaments en général
prescrits pour les patients âgés.
Réévaluation à
mi-traitement
C'est pourquoi les experts prônent des
conditions de prescription plus strictes. Les
médecins pourront proposer ces
médicaments à leur malade pour une
durée d'un an, avec une
réévaluation au bout de six mois.
Si le patient répond alors au traitement
"en atteignant les objectifs fixés
(stabilisation ou ralentissement du
déclin cognitif par exemple) et s'il n'a
pas subi d'effets indésirables graves
et/ou altérant sa qualité de vie,
le traitement pourra être poursuivi
jusqu'à un an", affirme le professeur
Bouvenot. Au-delà de cette
période, un éventuel
renouvellement pourra être
décidé après une
réunion de concertation réunissant
le patient (si son état le permet), son
aidant, le médecin traitant, le
gériatre et le neurologue ou le
psychiatre. Le but est de ne le prolonger que
s'il apporte un mieux.
Dès hier soir, les associations de
patients dénonçaient "une
décision incompréhensible". Pour
elles, rien ne justifie aujourd'hui la
révision du service médical rendu
de ces médicaments désormais
jugés "mineurs". C'est pourquoi France
Alzheimer s'interroge sur les raisons de cette
décision qui, à première
vue, n'aurait aucune incidence sur le
porte-monnaie des personnes malades en ALD, ces
dernières étant prises en charge
à 100 % au titre de l'affection longue
durée. Et elle redoute que cette
révision soit le premier pas vers un
déremboursement total de ces produits. Il
suffirait pour cela que leur SMR passe de
"mineur" à "insuffisant".
Décision "paradoxale"
Côté médecins, les
réactions sont mitigées. La
Fédération nationale des centres
mémoire de ressources et de recherche,
l'Association des neurologues libéraux de
langue française et la
Fédération française des
associations de médecins coordonnateurs
en Ehpad (établissement
d'hébergement) ont récemment
écrit à la HAS. Elles jugent la
proposition de prescrire les médicaments
pour six mois seulement avant
réévaluation "paradoxale" et
regrettent que la HAS ne tienne pas compte des
résultats d'une étude montrant que
des patients traités pendant six mois
déclinent à l'arrêt des
médicaments et que la reprise du
traitement ne permet pas de retrouver le niveau
d'avant... Finalement, seule l'arrivée
sur le marché d'un médicament
vraiment efficace pourra mettre un terme au
débat. Malheureusement, ce n'est pas pour
demain.
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