2 Mars 2012
France
Le
vieillissement de l’œil a des impacts globaux
sur la santé. Une étude qui a
été publiée dans le
"British Journal of Ophtalmology" souligne
qu’avec l’âge, le cristallin – la lentille
placée à l’intérieur de
l’œil – jaunit, ce qui va diminuer l’absorption
de la lumière bleue. Or l’œil est
l’organe privilégié pour se caler
sur l’alternance jour/nuit.
Cette diminution de l’éclairement va
donc perturber le rythme circadien, ce rythme
biologique de 24 heures qui régule les
sécrétions hormonales. Il n’est
donc pas étonnant que les personnes
âgées souffrent de troubles du
sommeil et/ou d’insomnie, voire de
dépression.
Perte de la
vision, de repères et
désociabilisation
Avec l’âge, le jaunissement du
cristallin s’accompagne souvent d’une
dégénérescence maculaire
[ndlr : détérioration de la
macula, cette petite zone de la rétine
située au fond de l’œil, près du
nerf optique]. Ce vieillissement physiologique
de l’œil est un facteur aggravant de perte de
repères, de désorientation
spatio-temporelle et de
désintérêt pour la vie
sociale. Ce n’est pas la vision en tant que
telle qui pose problème, mais toutes
les actions qui lui sont liées, et ce
d’autant plus que l’on vit dans une
société où l’image est au
centre de tout. Par exemple, lorsqu’une
personne voit moins bien, elle va moins lire
le journal ou regarder la
télévision ; elle pourrait alors
ne plus s’intéresser à ce qu’il
se passe dans la vie politique.
Bien sûr, il existe des livres audio ou
des émissions avec audio-description.
Mais les personnes âgées dont la
vue baisse ne vont pas passer
spontanément à
l’audio-description. C’est compliqué,
il faut vraiment faire attention à tout
ce qui est dit. Or, lorsque l’on regarde une
émission, il arrive que nos
pensées dérivent. Là, la
concentration doit absolument être
soutenue. Si on a tendance à s’assoupir
devant la télévision, on perd
très facilement le fil.
Il est difficile pour les personnes
âgées de se réadapter, de
reconstituer l’environnement avec leurs autres
sens. Le cerveau a plusieurs entrées
potentielles, par exemple auditives, tactiles
ou visuelles. Si on lui en retire une, il ne
fonctionne plus normalement. À 20 ans,
on pourra s’y habituer beaucoup plus
facilement qu’à 60.
Opération
de la cataracte et luminothérapie
Jusqu’à présent, on utilisait
des implants bloquant les rayons ultra-violets
ou des implants bloquant aussi la
lumière bleue pour prévenir les
effets délétères de la
lumière sur la macula et tenter de
prévenir la
dégénérescence maculaire
lors des interventions de la cataracte.
Dorénavant, il faudra
réfléchir à
privilégier les implants qui laissent
passer la lumière bleue, de
façon à préserver le
rythme circadien et à "recaler" ces
personnes âgées
opérées.
Cette étude sur le vieillissement de la
vue et le désynchronisme circadien
ouvre ainsi la voie à la
réalisation d’études portant sur
la luminothérapie et plus simplement
à une réflexion sur
l’éclairement au quotidien. Pour
contrecarrer une partie de ce déficit
d’absorption de lumière bleue avec
l’âge, il faut veiller à ce que
l’œil reçoive une luminescence
suffisante.
Le fait de vivre dans un environnement fait de
néons ou d’halogènes n’apporte
pas un éclairage convenable. Rappelons
que marcher de temps en temps dans la rue fait
du bien, surtout lorsque l’on passe sa
journée dans un bureau aveugle, sans
fenêtres ou dont les vitres filtrent la
lumière. C’est donc l’occasion de
repenser l’ergonomie et la luminosité
au quotidien.