«C'est
une maladie qui peut en englober
plusieurs autres. Elle touche
principalement les personnes de plus
de 65 ans. Elle se caractérise
par un laisser-aller de
l'hygiène personnelle et des
lieux. Les gens accumulent plein
d'objets dans leur maison et ne s'en
défont plus au point où
cela constitue un risque pour leur
propre santé», explique
Marie-Claude Lacombe,
médecin-conseil à la
Direction de la santé publique
des Laurentides.
Les personnes touchées amassent
un nombre incalculable d’objets et
même d’animaux qui les
amènent à vivre dans des
situations insalubres. Parmi les
articles fréquemment
accumulés
pêle-mêle, on retrouve des
journaux, des revues, des
boîtes, des bouteilles, de la
nourriture et des déchets. Le
lieu d'habitation se transforme alors
en véritable dépotoir.
Bien souvent, des troubles
psychologiques caractérisent
les personnes touchées par
l'insalubrité morbide, comme la
démence, les troubles obsessifs
compulsifs, la schizophrénie,
l’alcoolisme, un déficit
d’attention, un retard mental ou des
pertes cognitives.
«Il est difficile d'identifier
les personnes atteintes de ce trouble
parce qu'elles vivent seules, sans
contact avec l'extérieur.
Souvent c'est un proche qui va sonner
l'alarme ou le service des incendies
lorsque les pompiers inspectent les
logements dans le cadre de leur
travail», ajoute la Dre Lacombe.
En hausse
Difficile également de chiffrer
le nombre de personnes touchées
ou susceptibles de l'être. Les
situations sont
généralement
rapportées lorsqu’elles
présentent un problème
grave pour la santé et la
sécurité. Les personnes
affectées demandent rarement de
l’aide. Selon le document
Insalubrité
morbide : quand l’insalubrité
menace la santé, publié
l'an dernier par la Direction de la
santé publique des Laurentides,
le phénomène affecterait
de 1 à 2 % de la population.
Généralement, il s'agit
des personnes
seules autant de sexe féminin
que masculin. De plus, le
vieillissement de la population,
l’isolement des personnes, la
pauvreté des liens sociaux, la
non-intervention dans les cas
d’insalubrité sont tous des
éléments qui risquent
d’en augmenter la prévalence.
Conséquences
On imagine aisément les
conséquences sur la
santé de telles conditions de
vie. L'insalubrité des lieux
d'habitation peut entraîner des
effets sur la santé dont les
risques peuvent être d’origine
chimique, physique, biologique ou
psychologique. Le manque
d’hygiène, l’accumulation de
déchets, de restes d’aliments
et de papiers, le grand nombre
d’animaux et de leurs
excréments favorisent dans un
logement la présence de
contaminants d’origine biologique
(moisissures, bactéries,
insectes) qui peuvent causer des
allergies, de l’asthme, des
intoxications (gastro-entérites
ou irritations pulmonaires),
l’aggravation de maladies
déjà existantes,
diverses infections
récurrentes, des dermatites,
des infestations de puces et de
punaises de lit.
Il en va de même pour les divers
produits chimiques accumulés,
dont certaines substances
incompatibles, qui peuvent causer une
irritation des voies respiratoires,
des nausées, des maux de
tête des brûlures
sévères, des pertes de
vie dues aux risques d’incendie
accrus.
Solutions
En présence d’une situation
d’insalubrité morbide, il faut
fournir à la personne
concernée l’aide
nécessaire et une
coopération sur place des
différents intervenants pour
qu’elle puisse, si cela est possible,
rester dans son logement.
«Dans de nombreux cas, les
personnes touchées offrent une
résistance envers toute
intrusion de leur territoire et ne se
séparent qu’avec
difficulté de leurs objets
entassés. Mais la plupart du
temps, elles acceptent l'aide qu'on
leur tend. Plusieurs ressources, dont
la famille, doivent être mises
à contribution», rappelle
Marie-Claude Lacombe.