20 Janvier
2012
Allemagne
Dans les
années 1960, ils avaient à peine
20 ans, prônaient l'amour libre et la
consommation tous azimuts de ce qui les faisait
planer. Cinq décennies plus tard, les
anciens enfants du Flower Power ne sont
manifestement toujours pas redescendus. En
Allemagne, les affaires de drogues impliquant
des retraités se multiplient. Aussi bien
vendeurs que consommateurs, ils encombrent les
tribunaux.
Récemment, la police a fait une descente
dans l'appartement d'un habitant de la ville de
Dortmund, âgé de 70 ans : l'homme,
que la presse locale a surnommé " Opium
Grandpa " (" papi-opium "), a été
dénoncé par un individu auquel il
avait tenté de vendre 20 grammes d'opium
pour 250 euros. Quelque temps auparavant, un
retraité de 71 ans avait
été arrêté pour avoir
fourni de la marijuana à des adolescents.
Un autre, âgé de 73 ans, avait,
lui, été repéré
après avoir appelé les urgences
alors qu'il faisait une overdose de space cake
(gâteau au haschisch). Dans la ville de
Solingen, c'est toute la famille qui
était dans le coup : de la
grand-mère de 85 ans au petit-fils, en
passant par le fils de 50 ans, la tribu
entretenait un trafic d'héroïne et
de cocaïne.
Les rock-stars ne sont pas les seules à
prendre de l'âge tout en gardant leurs
habitudes d'anciens hippies adeptes de
psychotropes. Grâce aux traitements et aux
substituts tels que la méthadone, ils
vivent désormais plus longtemps.
Outre-Rhin, c'est toute une partie de la
génération des baby-boomers qui
semble n'avoir jamais décroché :
400 000 Allemands de plus de 60 ans ont un
problème d'alcool et 14 % des personnes
âgées sont officiellement
alcooliques ou dépendantes de certains
médicaments. Il y a dix ans, la
Rhénanie-du-Nord-Westphalie, un Land
situé à l'ouest du pays et
abritant 23 % de la population, enregistrait 74
procédures judiciaires impliquant des
plus de 60 ans dans des affaires de drogues.
Aujourd'hui, ce nombre est passé à
177. En 2000, seulement 8 % des accros à
l'opium en traitement étaient
âgés de plus de 40 ans. Sept ans
plus tard, ils étaient 22 %. Et leur
nombre ne cesse d'augmenter.
L'Allemagne ne sait plus quoi faire de ses
accros retraités. Les autorités
n'avaient pas prévu le
phénomène et manquent de
structures adaptées pour
septuagénaires dépendants. Face
à la multiplication des cas et au
désarroi des personnels de maisons de
retraite, le gouvernement allemand s'est
décidé à en faire une
priorité dans sa nouvelle
stratégie nationale de lutte contre les
drogues. Le nouveau plan devrait voir le jour
dans le courant de l'année, mais quelques
expériences pilotes sont en cours. D'ores
et déjà, le ministère de la
santé a lancé huit programmes de
formation destinés à sensibiliser
le personnel d'accompagnement des personnes
âgées.