9 Avril 2012
France
«Le
club de Scrabble, ce n’est pas mon truc,
moi, c’est plutôt le club de
musculation. » Joseph Le Louarn,
« 80 balais » le mois
prochain, préfère lever de
la fonte plutôt que de piocher des
lettres. Cet habitant de Saint-Maur
(Val-de-Marne) adore aussi courir. Sur
de très longues distances, pas
pour un footing. Hier, il a pris, pour
la septième fois, le
départ du 27e Marathon des
sables.
Pas moins de 246 km à parcourir
en six jours et autant d’étapes
dans le Sud marocain, sous une chaleur
étouffante. Evidemment, à
son âge, Joseph est le doyen de
cette épreuve qui rassemble
près de 900 athlètes de 45
pays. Comme lui, parallèlement
à l’accroissement de
l’espérance de vie, de plus en
plus de papys et mamies se lancent dans
de sacrés défis sportifs.
Dans les marathons, les triathlons, les
courses cyclistes ou les tournois de
judo, les cheveux blancs gagnent du
terrain. Prenant même parfois de
vitesse les fédérations
sportives. « A la
fédé d’athlétisme,
ça va jusqu’à
vétéran 4 au niveau des
catégories d’âge,
c’est-à-dire jusqu’à 79
ans. Moi, je milite pour la
création d’une catégorie
vétéran 5, pour les 80 ans
et plus. Sinon, je vais devoir
être classé avec des gamins
de 70 ans », sourit Joseph.
Dix septuagénaires sont en lice
cette année au Marathon des
sables, prêts à
conquérir les dunes avec un sac
d’une dizaine de kilos contenant tous
leurs plats lyophilisés sur le
dos. « Le plus dur, ce n’est pas
forcément de courir, c’est de
dormir chaque nuit, par terre, sous une
tente bédouine », estime la
« mascotte » Joseph qui,
l’année dernière, est
arrivé « 696e sur environ
800 ». C’est à l’âge
de 50 ans que cet ex-directeur des
douanes s’est vraiment lancé dans
la course à pied. Depuis, il
collectionne les marathons ou les
participations aux 100 km de Millau. Et
il se porte comme un charme. «
Courir, c’est bon pour la santé.
Le cœur est un muscle, et ce muscle, il
faut le faire travailler. On sait aussi
que l’exercice physique a une influence
sur les neurones. La retraite n’est
vraiment pas incompatible avec
l’endurance », constate le fonceur
du quatrième âge. Lui
s’entraîne trois fois par semaine
dans le bois de Vincennes, à
raison de 90 minutes de foulées.
Mais qu’est-ce qui fait courir ce
retraité branché qui surfe
sur Internet et qui aime s’ouvrir
« aux autres »? « J’ai
toujours été sur la
brèche, j’ai toujours aimé
la vie active, avoir un emploi du temps.
Aujourd’hui, je poursuis le rythme avec
le sport », raconte celui qui
n’aime guère « les voyages
organisés en autocar avec les
aînés ». Il ne veut
surtout pas s’arrêter en si bon
chemin.
« Tant que le physique et le moral
tiennent bon, tant que les
médecins sont d’accord, tant que
je ne perds pas la boule, je continue
», s’enthousiasme-t-il. Joseph,
qui fait « un peu d’hypertension
», connaît ses limites. Il
n’est pas du genre à jouer avec
sa vie. « Si je participe au
Marathon des sables, c’est que mon
cardiologue m’a assuré que je
pouvais le faire. Mes potes toubibs me
disent : Fais attention quand même
», concède-t-il. Pour ces
246 km au milieu de Sahara, le doyen
jure de ne jamais se mettre « dans
le rouge ». « Faut pas trop
pousser la bête. Si j’ai un coup
de mou, je fais une pause à
l’ombre, je mange une barre et ça
repart… »