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La méthode Montessori au secours



Le Parisien


12 Mars 2012

  France




Retrouver une autonomie, de l’estime de soi, pouvoir communiquer… Voici quelques-uns des objectifs de la méthode Montessori, mise en place depuis quelques semaines à la maison de retraite du Manoir à Montgeron, un des rares établissements en France à la tester. D’ici début avril, les 60 salariés de la structure auront été formés par Shirley Trouville, infirmière chez AG & D, société spécialisée dans la prise en charge de personnes souffrant de troubles cognitifs grâce à des démarches non médicamenteuses.

« C’est l’originalité et la force de cette méthode, souligne Shirley Trouville. Elle est très simple, et surtout elle implique tout le monde. Maria Montessori était une psychiatre italienne qui a mis en place une pédagogie pour les enfants en difficulté fondée sur l’observation de leurs capacités. Le grand neurologue américain Cameron Camp l’a transposée aux personnes souffrant de troubles cognitifs. Appliquée avec succès depuis quinze ans aux Etats-Unis, elle permet à des malades d’Alzheimer de réapprendre certains gestes de la vie quotidienne. »

Le point crucial, c’est de connaître la vie de chaque résidant. Un homme qui a passé quarante ans de sa vie comme cuisinier dans un restaurant sera sûrement sensibilisé si on lui parle de recettes, si on le laisse aider pour la préparation des repas (cela peut se résumer à mettre des morceaux de pain dans une corbeille). Il faut aussi garder en tête la philosophie Montessori : « Apprends-moi à faire seul. » « En aidant, on fait souvent à la place de, regrette Shirley Trouville. Cela place le résidant en échec, d’où parfois des comportements agressifs, qui ne sont que le résultat de la frustration des malades. Car si la mémoire leur fait défaut, les émotions sont toujours là. »

Au Manoir, la formation a déjà convaincu. « Notre ouvrier technicien a réussi à capter l’attention d’un résidant très compliqué, qui réagissait souvent de façon agressive, assure Richard Vilmont, le directeur de l’établissement. En changeant des ampoules, le technicien est parvenu à se connecter avec lui. » Séverine, la lingère, acquiesce : « Mon travail ne se cantonne plus au rangement du linge dans les chambres. Avec la méthode Montessori, je porte un autre regard sur les résidants. Je les aborde mieux, je parviens à trouver un sujet qui les intéresse. » Michel, agent hôtelier, ajoute : « J’ai interrogé une dame qui parlait tout le temps de la Normandie. On s’est découvert des origines communes dans cette région. Depuis, je lui cite des villes de là-bas, et je vois une lueur dans ses yeux, on discute. »

Au Manoir, on n’en est pas à la première expérimentation. Depuis quelque temps, tous les résidants se mettent aux jeux vidéo en manipulant la console Wii. Et Vodka, un chien golden retriever, passe ses journées dans l’établissement, caressé par tous les pensionnaires. « La maladie d’Alzheimer est un vrai problème de santé publique : un quart des plus de 85 ans en souffre », souligne Richard Vilmont, qui espère que la méthode Montessori va convaincre d’autres maisons de retraite.



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