Les seniors viennent en aide aux seniors
Le Point
8 Mars 2012
Pologne
Comme chaque lundi dans le local des
petits frères des Pauvres de
Poznan, une douzaine de personnes
âgées s'astreignent
à des exercices de gymnastique,
avec leur coach, Ludwika Kochman, elle
aussi une senior.
"Je m'entraîne trois heures par
jour et malgré mes 66 ans,
j'arrive à faire la même
chose que quelqu'un qui en a 18", assure
Ludwika, professeur de gymnastique
bénévole de cette
association, dont le but est de lutter
contre l'exclusion des personnes
âgées.
"Je veux que tous ces gens comprennent
que s'ils prennent soin de leur corps,
ils resteront en bonne santé",
ajoute cette sportive qui se vante de ne
pas être tombée malade une
seule fois depuis 23 ans.
Ses exercices font surtout travailler
les articulations, essentielles pour la
mobilité des personnes
âgées, le tout en musique.
"Grâce à la gymnastique,
nos gestes sont fluides, nous sommes
contents, heureux. C'est très
apaisant pour les nerfs et ça
nous donne beaucoup d'espoir pour le
présent et pour l'avenir", se
réjouit Stanislaw Soloch, 72 ans,
un senior de l'association.
Danse, théâtre, sorties au
musée font partie des autres
activités proposées par
l'association.
Des visites à domicile sont aussi
organisées pour tenir compagnie
aux personnes isolées et aider
celles qui ne sont pas autonomes.
"Cela fait six ans que je vis seule,
depuis que ma fille est morte à
la suite d'une maladie soudaine",
raconte Janina Kaliszan, 80 ans, qui
souffre de malvoyance, de diabète
et d'hypertension.
Maria Tytula, elle aussi senior et
bénévole des petits
frères des Pauvres, est venue
rompre sa solitude.
"On fait des courses ensemble, on se
promène, on va au cinéma,
chez le médecin. On se
complète", commente Maria,
soulignant que Janina sortait rarement
de chez elle quand elle l'a
rencontrée.
Les deux femmes, devenues presque
inséparables, se voient
régulièrement depuis un
an.
"J'essaye par ma présence et par
le temps passé avec elle, de lui
rendre la vie plus agréable",
ajoute-t-elle. Mais elle reconnaît
qu'elle ne peut plus faire d'efforts
physiques importants pour l'aider dans
des tâches pénibles.
Depuis la création de
l'association en France en 1946 par
Armand Marquiset, les petits
frères des Pauvres sont
présents en Allemagne, Espagne,
Irlande, Suisse, Etats-Unis et Canada.
Depuis 2002, la Pologne est le
huitième et dernier pays en date
où ils se sont implantés.
L'association y est présente dans
trois grandes villes : Varsovie, Poznan
et Lublin.
"Avant l'entrée de la Pologne
dans l'Union européenne, de
nombreux bénévoles sont
partis se former en France. Du coup, au
début des années 2000,
c'est l'association en France qui a
voulu qu'on fasse partie de la
Fédération internationale
des petits frères des Pauvres",
explique Anna Kosikowska,
présidente de l'association
à Poznan. Elle-même a
passé cinq mois en formation
à Lille, Dunkerque et Paris.
Les premières années
après leur création en
Pologne, les petits frères des
pauvres polonais étaient soutenus
financièrement par des
entreprises françaises. Depuis
2006, ils sont désormais
autonomes. A Poznan, les projets de
l'association sont financés par
la ville à hauteur de 80.000
zlotys par an (20.000 euros).
"Cet
argent sert à
rémunérer nos deux
employés, financer les sorties
culturelles pour les personnes
âgées, ainsi que des
projets plus importants", ajoute Anna.
Un temps envisagés, des
échanges avec la France n'ont
finalement pas abouti.
"Le transport est bien trop
compliqué à organiser. Il
faut garder en tête que ce sont
des personnes âgées et
qu'un tel voyage est très
fatigant pour eux. En revanche, on est
en contact permanent avec nos homologues
français qui nous transmettent
tout leur savoir en terme de formation",
affirme-t-elle.
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