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Le
plan dépendance sous le feu des critiques Cette
volée de bois vert intervient à un moment où Jean-Pierre Raffarin,
fragilisé, voit s'accumuler les spéculations sur un éventuel
remaniement gouvernemental, voire sur son départ de Matignon. Malgré
une annonce soigneusement préparée et à l'issue d'un suspense savamment
entretenu, la présentation jeudi par Jean-Pierre Raffarin du dispositif
gouvernemental d'aide aux personnes âgées, destiné à tirer les leçons
du drame estival de la canicule, n'a convaincu ni les professionnels ni la
plupart des observateurs. Approuvé par Jacques Chirac et l'UMP, ce plan
"Vieillesse et
solidarité" a en effet suscité scepticisme et hostilité des
centristes de l'UDF, de la gauche et des syndicats. Certes, le
président, qui se trouvait jeudi à Carcassonne (Aude) pour un sommet
franco-espagnol, s'est "réjoui" du plan présenté
jeudi par le premier ministre, évoquant "une très grande réforme
novatrice" et "une pierre importante ajoutée à notre
système de protection sociale". Le président de l'UMP, Alain
Juppé, s'est félicité du "choix pragmatique et cohérent"
du gouvernement, estimant que "Jean-Pierre Raffarin nous rappelle
collectivement notre devoir de solidarité face aux plus fragilisés
d'entre nous". Enfin, pour Jacques Barrot, président du groupe
UMP à l'Assemblée nationale, "ce jour de travail supplémentaire
consenti par les forces vives du pays prouve que le dynamisme économique
est nécessaire pour assurer de nouveaux progrès sociaux". Par contre,
l'UDF a exprimé son opposition. Le président du groupe centriste à
l'Assemblée nationale, Hervé Morin, a prévenu qu'il "n'était
pas prêt à voter" la suppression d'un jour férié ou d'une
journée de RTT. "Depuis la Révolution française, on a supprimé
la dîme, la gabelle, la corvée et on va demander aux Français de donner
100 % de leur travail d'une journée à l'Etat. Ce n'est pas une façon
d'encourager le travail", a-t-il commenté. "Une
journée de travail offerte aux employeurs", selon la CGT Même réaction
d'hostilité de la part des partis de gauche et d'extrême gauche : le
plan Raffarin est "insuffisant, injuste" et "choquant"
quant à son financement, a martelé le premier secrétaire du PS, François
Hollande. La secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, a accusé
le gouvernement de "créer une nouvelle taxe pour les salariés".
"C'est toujours aux plus modestes que l'on demande de travailler
plus, de payer plus, d'être solidaires et fraternels", a-t-elle
constaté. La LCR a dénoncé "la charité obligatoire"
instituée par le gouvernement et le Mouvement républicain et citoyen (MRC,
chevènementiste) a accusé le gouvernement Raffarin de "réintroduire
la corvée comme sous l'Ancien Régime". Quant au
secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, il a promis "une
opposition résolue" de la confédération à toute rediscussion
des conventions collectives qui découlerait automatiquement de la
suppression d'un jour de congé. Pour la CGT "c'est une journée
de travail offerte aux employeurs et non pas aux personnes âgées".
Selon la CFTC, il s'agit d'"une agression contre les 35 heures"
et la décision de faire travailler les salariés un jour de plus
constitue une mesure "sans justification économique"
en période de chômage massif. Les syndicats professionnels se sont de
leur côté montrés sceptiques : l'Union professionnelle artisanale veut
une discussion sur le financement et l'Union des métiers et des
industries de l'hôtellerie affirme que la suppression d'un jour férié
"nous étonne et nous gêne". Grande
sévérité des professionnels Les
syndicats de maisons de retraités ont été encore plus hostiles : la Fédération
nationale accueil et confort pour personnes âgées (Fnacppa, maisons de
retraite et aide à domicile) est "atterrée". C'est "une
copie bâclée", selon l'aide à domicile (Unassad). Pour le
Synerpa (maisons de retraite privées), le plan est "largement en
dessous des objectifs minimaux que l'on pouvait attendre". Le
Synerpa s'est en outre inquiété des financements, soulignant que "les
premiers crédits - peut-être 400 millions pour les maisons de retraite -
sont simplement reconduits d'une année sur l'autre mais ne se cumulent
pas !" L'Association des directeurs d'établissements d'hébergement
pour personnes âgées (Adehpa), a qualifié ce plan de "grenouille
déguisée en bœuf", faisant valoir que "15 000
soignants supplémentaires, c'est 1,5 poste par établissement".
Quant aux 10 000 places supplémentaires, "il aurait fallu en créer
40 000 d'ici 2007", selon elle. Enfin, les évêques ont demandé
au gouvernement une "concertation". Pour
Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes
hospitaliers de France (Amuhf), "même si la volonté politique
semble bien réelle, il n'y a rien de pérenne dans ce plan qui pose
beaucoup plus de questions qu'il n'offre de certitudes". "Le
vrai problème, c'est l'emploi, ajoute M. Pelloux. Au lieu
d'annoncer qu'on va créer de nouveaux lits, on ferait mieux de renforcer
les équipes existantes. Il aurait fallu commencer par combler les emplois
dont on a annoncé la création dans le cadre des protocoles signés ces
dernières années." L'ADMR
(services à domicile) a en revanche salué "des mesures qui vont
dans le bon sens", et tout comme la Fnath (association des
accidentés de la vie), s'est dite satisfaite de la création d'"une
nouvelle caisse". La FHF (maisons de retraite publiques) l'a
trouvé "en retrait par rapport aux attentes du secteur",
mais a salué "un effort significatif". Jean-Pierre
Raffarin vante son bilan Enfin,
c'est dans un scepticisme quasi unanime que la presse a accueilli vendredi
le plan du gouvernement, qualifié au mieux d'"usine à gaz",
au pire d'"impôt-travail" qui risque de se révéler
contre-productif en termes d'emploi. "Le gouvernement transforme
en opération de charité ce qui aurait dû être un engagement budgétaire",
estime par exemple Frank De Bondt dans Sud-Ouest. Pour sa part, L'Humanité
reproche au premier ministre "de transformer un drame humain, l'hécatombe
sous l'effet de la canicule estivale, en mauvaise farce : la journée du
travail obligatoire et gratuit". La principale critique adressée
à M. Raffarin est la mise en place d'"un nouvel impôt",
comme l'écrit Hervé Chabaud dans l'Union, alors que "les
petits salariés qui ont peu ou pas du tout profité de la baisse d'impôt,
vont devoir, en plus, faire cadeau d'un jour de travail", selon
Bernard Revel, dans l'Indépendant du Midi. Face à
cette volée de bois vert, Jean-Pierre Raffarin a défendu jeudi soir sur
France 3 le bilan de ses dix-huit mois à Matignon, en soulignant qu'il
n'avait pas "honte" de son action et n'entendait pas céder
au "découragement". "Franchement, un premier
ministre qui réussit à faire la réforme des retraites, à faire la réforme
de la décentralisation, des smic - avec le 13e mois pour les
smicards - et là à changer vraiment en quatre ans la vie des personnes
handicapées, des personnes âgées... franchement, je ne suis pas honteux
de ce que je fais", a-t-il dit en vantant son bilan. "Je
le fais pour mon pays et je ne m'occupe pas de ma carrière personnelle",
a-t-il ajouté. Interrogé sur le choix de la suppression d'un jour férié
plutôt qu'une augmentation de la CSG, le chef du gouvernement a estimé
que "c'est la création de richesse" et le travail, et
pas une augmentation d'impôt, qui devait "financer le
social". "On ne peut pas systématiquement aller
chercher de l'argent dans la poche des Français", a-t-il insisté.
If you
need further information about this reform, you may visit the French
Government Website: www.premier-ministre.gouv.fr Copyright
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