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France : Pour M. Sarkozy, les pouvoirs publics sont "passés à côté du drame" de la canicule By Jean-Yves Nau, Le Monde
Défausses
individuelles et dilution générale des responsabilités personnelles :
les auditions de Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, et du docteur
Yves Coquin, directeur adjoint de la direction générale de la santé,
mercredi 17 décembre, par la commission d'enquête parlementaire sur les
conséquences de la canicule ont ressemblé à celles des autres acteurs
de la crise. L'audition de Nicolas Sarkozy était d'autant plus attendue
que le ministre de l'intérieur n'avait pas pu être entendu par la
mission parlementaire d'information qui avait précédé la mise en place
de la commission d'enquête. Durant
près de deux heures, M. Sarkozy est parvenu, en dépit de longues
digressions et d'explications parfois confuses, à convaincre une majorité
des membres de la commission d'enquête, au premier rang desquels son président,
Claude Evin (PS), ancien ministre de la santé, qui s'était montré plus
pugnace lors d'autres auditions. Pour M. Sarkozy, le ministère de l'intérieur,
bien que chargé de la sécurité civile, n'a aucune part de responsabilité
dans cette catastrophe, qui a vu 15 000 personnes mourir de la canicule
durant les deux premières semaines du mois d'août. Selon lui, aucune
information de nature sanitaire n'a été transmise à son cabinet avant
le 12 août, lorsque le nombre croissant des décès a posé des problèmes
aux entreprises funéraires de Paris et de la région parisienne. Interrogé
sur les dysfonctionnements ayant existé dans la circulation des
informations entre la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), la préfecture
de police de Paris et son cabinet, M. Sarkozy a soigneusement pris la défense
de ses collaborateurs, au premier rang desquels Daniel Canepa, directeur
adjoint de son cabinet, qui était de permanence durant l'épisode
caniculaire. Il s'est refusé à critiquer Jean-Paul Proust, préfet de
police de Paris, et n'a pas voulu accabler le chef de cabinet de ce
dernier, Pierre Lieutaud, qui, dans la première phase de la crise, a donné
la consigne à la BSPP de ne pas communiquer les chiffres sur
l'augmentation du nombre de décès. "CLIGNOTANTS" NON ADAPTÉS Sur
ce point, en fin d'audition, le ministre de l'intérieur a précisé qu'il
n'avait, pour sa part, jamais interdit à la BSPP de publier ces chiffres
et qu'il aurait préféré que cette communication ait pu être faite.
" Les clignotants n'étaient pas adaptés pour révéler une crise
dans les hôpitaux, dans les maisons de retraite, dans la solitude des
appartements. Nous sommes passés à côté de ce drame, a déclaré
M. Sarkozy, excluant avoir voulu minimiser la réalité sanitaire. Les
services relevant du ministère ont répondu à la mission qui était la
leur, une mission qui ne comporte pas le suivi statistique de la mortalité,
ni celui du bon fonctionnement des services de santé ou la délivrance de
consignes sanitaires." Le
directeur adjoint de la direction générale de la santé, le docteur Yves
Coquin, a soutenu à son tour qu'il n'y avait eu aucun dysfonctionnement
du service dont il avait la charge. Il a notamment rappelé qu'il avait été
"le premier et le seul"à avoir annoncé, le 9 août, à
un journaliste du Parisien, que la vague de chaleur était
susceptible de provoquer " des centaines de décès". Décrivant
un ministère de la santé privé de toutes sources d'information synthétisée
et dont les différents services sont cloisonnés, le docteur Coquin a précisé
de quelle manière il a fourni l'ensemble des données dont il disposait
au cabinet de Jean-François Mattei. Il a notamment souligné avoir directement informé, dans l'après-midi du 11 août, Anne Bolot- Gittler, directrice adjointe du cabinet de Jean-François Mattei, des difficultés rencontrées par les entreprises funéraires. La question reste entière de savoir si l'ensemble des informations fournies par le docteur Coquin au cabinet de M. Mattei ont été transmises ou non au ministre de la santé, qui, quelques heures plus tard, tenait au journal de TF1 des propos rassurants quant à la maîtrise de la situation. Copyright
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