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Des retraités français spoliés
par l'Etat congolais
Par
Sophie Austruy, Le Nouvel Observateur
Congo-Brazzaville
5
novembre 2005
Jacques Darleon pensait couler une retraite paisible dans le petit village de Moirax (Lot-et-Garonne), après avoir travaillé dix ans au Congo-Brazzaville. Hélas, la Sécurité sociale de ce pays ne lui a jamais versé un centime de la retraite pour laquelle il avait cotisé. «Je ne perçois aujourd'hui que ma retraite française, soit environ 1 100 euros par mois», déplore cet ancien responsable d'installations pétrolières.
D'après ses calculs, l'Etat congolais lui doit à ce jour 55 000 euros. Après avoir multiplié les démarches auprès des autorités congolaises et françaises, toutes sans effet, il a décidé d'agir en créant le Collectif français des retraités spoliés par le Congo-Brazaville et a annoncé hier, à Bordeaux, qu'il envisageait d'exercer, avec neuf autres retraités dans la même situation, un recours, à titre individuel, devant le comité des droits de l'homme des Nations unies.
Quelque 480 Français se retrouvent ainsi floués par la Sécurité sociale de ce pays d'Afrique centrale.
Depuis 1963, tous les ressortissants français ayant un contrat de travail congolais ont été tenus de cotiser auprès de la sécurité sociale locale. «On ne faisait pas tellement confiance au système mais on n'avait pas le choix», reconnaît Annie Diesnis, retraité depuis 1993 et qui n'a jamais reçu de pension malgré 30 ans de travail comme comptable dans ce pays. «Le Congo discrimine impunément mes clients», affirme Alain Garay, qui assiste le collectif. Cet avocat à la cour d'appel de Paris entend également saisir officiellement le Club de Paris et le Fonds monétaire international qui «continuent d'aménager les dettes de cet Etat qui doit à ce jour, aux dix retraités aquitains, la bagatelle de 1,579 million d'euros».
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