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L'avenir des pensions en perspective
Par
Vincent Rocour, La Libre Belgique
Belgique
14
novembre 2005
Le Pacte entre les générations a déjà fait beaucoup parler de lui. Les syndicats en contestent la rigueur. Mais le gouvernement le présente comme une disposition incontournable. Dans le fond, c'est la viabilité du système légal des pensions qui est en jeu. Rien de moins. Vaste débat de société.
Il est un fait indéniable: la durée des carrières s'est considérablement rétrécie. Et si cette tendance est à l'oeuvre partout dans le monde occidental, elle se marque plus encore en Belgique qu'ailleurs. Dans son dernier rapport, le Conseil supérieur de l'Emploi indiquait que la durée moyenne d'une carrière professionnelle en Belgique s'élève à 36 ans alors que la moyenne européenne est de 41 ans.
Pourquoi ce phénomène? D'abord parce que les jeunes se lancent généralement plus tard dans la vie active que leurs aînés. Dans les années 80, la scolarité obligatoire a été étendue jusqu'à l'âge de 18 ans (une singularité belge). Et puis, le monde des entreprises exige des travailleurs toujours plus qualifiés, ce qui les incite à allonger la durée de leurs études.
Par ailleurs, la carrière se termine aussi plus tôt en Belgique qu'ailleurs. Le Conseil supérieur de l'Emploi note ainsi que 26 pc des Belges âgés de 55 à 64 ans sont encore au travail alors que la moyenne européenne se situe aux alentours des 40 pc. Différents mécanismes de sortie précoce du marché du travail - l'âge légal de la retraite est fixé à 65 ans en Belgique - ont été élaborés: départ à la retraire anticipée, prépensions, crédit-temps, chômage des aînés, etc. Ces systèmes ont fonctionné à plein régime.
Le problème, c'est que cette diminution de la durée des carrières se conjugue avec l'arrivée imminente des enfants du baby-boom à l'âge de la pension. Dans 25 ans et à politique inchangée, on devrait compter deux travailleurs pour trois pensionnés.
Que faire pour soutenir le choc démographique? On ne peut décemment pas envisager d'augmenter encore les cotisations sociales: la pression parafiscale sur le travail est déjà considérée en Belgique - même par les syndicats - comme trop élevée. On ne peut pas davantage tenter de limiter le montant des retraites. Le pensionné belge n'est pas le mieux loti de la classe européenne. Loin de là même. L'Office national des pensions estime qu'un travailleur salarié peut tabler aujourd'hui sur un revenu de pension moyen de 1.099 € par mois et une travailleuse, sur un revenu de 536 €. Pour les indépendants, ces montants moyens sont encore plus chiches: 834 € par mois pour un homme et 408 € pour une femme.
Les autorités publiques ne sont cependant pas restées inactives. Elles multiplient les initiatives pour garantir un avenir au système légal des pensions. Un fonds de vieillissement a ainsi été constitué.
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