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Réforme des régimes spéciaux : François Fillon persiste

Par Philippe Ridet, Le Monde

France

14 septembre 2006


Francois Fillon 

François Fillon maintient sa proposition, formulée dans Le Parisien du 12 septembre, d'inscrire dans le projet législatif de l'UMP, dont il est chargé, l'alignement des régimes spéciaux de retraite sur le régime général. Le conseiller politique de Nicolas Sarkozy revendique sa "liberté", son "franc-parler" et sa marge de manoeuvre vis-à-vis du président du parti. "C'est la règle du jeu entre nous", a-t-il déclaré au Monde.

A ceux qui, comme le député villepiniste Jean-Pierre Grand, l'accusent d'avoir choisi le jour de la manifestation des employés de GDF, il répond : "Ceux qui disent que ce n'est pas le moment veulent faire perdurer une façon de faire de la politique consistant à finasser." A ceux qui l'incitent à la prudence au nom des intérêts du candidat Sarkozy, il réplique : "Tout candidat qui donnerait l'impression de maintenir cette situation inchangée prendrait le risque de l'impopularité." A la gauche, qui lui reproche "une conception autoritaire du pouvoir", il lance : "Quel que soit le vainqueur de 2007, il aura ce problème face à lui." Seule concession : il admet que la méthode pour parvenir à cet alignement n'était pas "tranchée".

De Washington, où il terminait une visite de quatre jours aux Etats-Unis, M. Sarkozy a plaidé pour la "liberté du débat" au sein de l'UMP, qui s'illustre en ce moment dans le débat sur la privatisation de Gaz de France. Dès la parution des propos de M. Fillon, les conseillers du président de l'UMP restés à Paris ont mis au point la stratégie de "déminage". 1. - Ne pas désavouer l'ancien ministre des affaires sociales, qui a su mener à bien l'allongement des cotisations de retraite dans la fonction publique en 2003 ; 2. - Démentir l'idée que tout serait déjà tranché, sans passer par le dialogue social. 3. - Laisser une marge de manoeuvre à M. Sarkozy, qui doit valider le programme de son parti pour le soumettre à un vote du conseil national le 16 novembre.

Un peu plus tard, les porte-parole de l'UMP, les députés Luc-Marie Chatel et Valérie Pecresse, ont expliqué qu'il s'agissait d'une "position personnelle". Yves Jégo et Patrick Devedjian ont eux choisi de soutenir M. Fillon.

Bernard Accoyer, président du groupe UMP à l'Assemblée, a appelé ses troupes "à ne pas se tromper de combat". Quant au ministre délégué au budget, Jean-François Copé, il a prôné la "concertation", ajoutant prudemment sur LCI. "Ce n'est pas inintéressant d'avoir ce type de projet pour l'avenir."

Mais la plupart des parlementaires ne se posaient qu'une question : "Qu'est-ce qui prend à Fillon de dire des conneries pareilles en ce moment ?" Dans l'entourage de M. Sarkozy, certains députés y ont vu, pour M. Fillon, une manière de prendre le dessus, au nom de la "rupture", sur Jean-Louis Borloo, que certains présentent comme son rival pour Matignon en cas de victoire de M. Sarkozy en 2007.

Cette idée de remise à plat des régimes spéciaux n'est pas nouvelle, même si M. Sarkozy n'avait touché aux droits acquis des salariés d'EDF-GDF, pour mieux faire accepter l'ouverture du capital des deux entreprises décidée en 2004. Le 2 septembre, M. Fillon avait déjà exprimé sa volonté d'en finir avec ce qu'il considère comme une anomalie. Auparavant, cette mesure avait figuré dans les conclusions d'une convention de l'UMP sur le travail, au nom de l'"équité". Depuis, plusieurs études qualitatives ont renforcé cette volonté de la droite de mettre un terme à ce que les électeurs de droite considèrent comme une "injustice".

Mais la concomitance de la parution de l'entretien de M. Fillon - recueilli le 6 septembre - avec le débat à risque sur la privatisation de GDF a réveillé de mauvais souvenirs à droite. En voulant réformer les retraites à la SNCF, en 1995, Alain Juppé avait mis la France dans la rue et les députés aux abois. Ce qui rappelle de bons souvenirs aux syndicats : "Je me souviens avoir mené des batailles importantes à deux reprises sur la question des retraites en 1995 et en 2003, a déclaré le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault. S'il faut d'autres batailles, nous y serons prêts."


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