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France 1er novembre 2006
Alors que l'examen à l'Assemblée nationale du projet de loi de financement
de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2007 s'annonçait relativement
paisible, les députés ont créé la surprise, hier, en votant un
amendement qui, in fine, supprime les charges sociales sur les indemnités
de départ en retraite versées par les entreprises et les salariés. Et
ce contre l'avis du ministre délégué à la Sécurité sociale, Philippe
Bas, qui a dénoncé " une disposition allant à l'encontre de toute
la politique que nous voulons mener pour inciter à la prolongation
d'activité des travailleurs âgés ". Le plan d'action pour l'emploi des seniors, dévoilé en juin, supprime la
possibilité, pour les entreprises, de mettre à la retraite d'office les
salariés avant 65 ans dès lors qu'ils ont tous leurs droits à pension,
une disposition qui figure dans le PLFSS. Dès l'année prochaine, les
branches ne pourront plus conclure d'accord sur ce sujet, et ceux déjà
signés ne pourront plus produire leurs effets au-delà de 2009. Mais de
nombreux députés, sensibilisés par le Medef, s'inquiètent des conséquences
pratiques. Car dans le cadre des départs d'office, les indemnités de
mise à la retraite (dites " Infléchir le texte au Sénat Pour éviter de pénaliser les entreprises comme les salariés concernés,
l'amendement des députés UMP Bruno Gilles, Dominique Tian et Philippe
Vitel a créé le " départ décidé en commun ", qui "
repose sur un double volontariat, mais est assimilé pour ses effets à
une mise en retraite ". A savoir une exonération de charges fiscales
et sociales. " Si vous exonérez les indemnités de la même façon,
vous incitez les salariés et les entreprises à privilégier les départs
anticipés à la retraite ", s'est écrié Philippe Bas, qui a demandé
une deuxième délibération, avant de renoncer, le groupe UMP ayant fait
savoir qu'il n'était pas question de demander aux députés de se déjuger. Le gouvernement va donc tenter d'infléchir le texte au Sénat, mi- novembre.
L'enjeu financier est considérable, le ministère de la Santé estimant
que la perte de recettes sociales pourrait atteindre entre 400 et 700
millions d'euros l'année prochaine. L'amendement prévoyant que ces
pertes seront compensées par un relèvement des taxes sur l'alcool, il
est inéluctable que la loi évolue encore. D'ici là, un rapport sur le
sujet de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de
l'Inspection générale des finances (IGF) sera disponible (" Les
Echos " du 19 octobre). " Les entreprises continuent d'avoir un
double discours sur l'emploi des seniors, déplore un haut fonctionnaire.
Elles assurent qu'il faut travailler plus longtemps pour sauver les régimes
de retraite tout en manoeuvrant pour obtenir des dispositifs avantageux de
départ. La schizophrénie est totale. " Par ailleurs, les députés ont modifié, hier soir, l'article repoussant au
mois suivant la naissance le premier versement de l'allocation de base de
la Prestation d'accueil du jeune enfant (Paje). L'allocation sera versée
à partir du jour même de la naissance. Le gouvernement espérait 100
millions d'euros d'économies de cette mesure. Il n'en obtiendra donc que
la moitié, ce qui dégradera d'autant le déficit de la branche famille.
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