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Berlin accélère la mise en oeuvre de la retraite à 67 ans
Par Antoine Jacob, Le Monde
Allemagne
3
fevrier 2006
Les Allemands savaient déjà que, pour bénéficier d'une retraite à taux plein, ils devraient travailler jusqu'à 67 ans, au lieu de 65 actuellement. Mais cette disposition, prévue dans le programme du gouvernement en place depuis novembre 2005, devrait entrer en vigueur plus tôt que prévu.
Ainsi en a-t-il été décidé en conseil des ministres, mercredi 1er février, au grand mécontentement des syndicats et de certains responsables des partis au pouvoir. Au lieu d'être relevé à raison d'un mois par an entre 2012 et 2035, comme initialement prévu, l'âge légal du départ à la retraite le sera d'un mois par an jusqu'en 2023, puis de deux mois par an. Résultat : à partir de 2029, les Allemands qui souhaitent bénéficier d'une retraite complète devront travailler jusqu'à 67 ans.
Le régime commencera à s'appliquer aux personnes nées à partir de 1962. Ceux qui auront cotisé pendant quarante-cinq ans pourront toutefois partir à la retraite dès 65 ans à taux complet. C'est ce premier projet de vraie réforme sociale que la coalition au pouvoir, qui regroupe les Unions chrétiennes (CDU-CSU) et le Parti social-démocrate (SPD), compte proposer d'ici 2007 aux députés.
RELANCER LA NATALITÉ
Les débats s'annoncent âpres. D'un côté, il existe un consensus pour reconnaître que le pays, vieillissant, aura de plus en plus de mal à financer ses retraites sans un prolongement de la vie active. De l'autre, la réalité du marché du travail est telle que, pour un grand nombre de personnes, le futur régime, imaginé par le gouvernement, se traduira par une réduction de leur retraite.
Selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), seuls deux Allemands sur cinq parmi les 55- 64 ans ont aujourd'hui un emploi. Les autres sont soit au chômage, soit en préretraite. Seule une entreprise privée sur deux se dit prête à engager un quinquagénaire. Dans ce contexte, heureux sont ceux qui pourront bénéficier d'une retraite à taux plein. Tout le monde n'a pas les moyens de se payer une assurance-vie ou d'épargner dans les fonds de pension individuels privés introduits en 2002.
D'où les critiques émises après la présentation du projet par le ministre du travail et des affaires sociales, le social-démocrate Franz Müntefering. "Si on ne crée pas davantage d'emplois pour les plus âgés et un environnement du tra-vail qui leur soit plus favorable, ce nouveau programme reviendra à réduire à nouveau les retraites", a protesté une dirigeante du syndicat des services Ver. di. M. Müntefering a assuré que le gouvernement oeuvrerait en ce sens. Parallèlement, tout doit être mis en oeuvre pour relancer la natalité. Les premières mesures ont été adoptées, en janvier.
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