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Où
sont passés les 5 milliards des retraités ?
La
compagnie nationale aérienne dont la privatisation fait partie des plus
importantes conditionnalités de l'atteinte du point d'achèvement de
l'initiative Ppte en mars prochain, est traversée par un gros nuage qui
obscurcit la visibilité entre ses principaux responsables et certains
retraités de l'entreprise. La
signature du protocole d'accord relatif au traitement du volet social de
la privatisation de la Camair le 16 août 2005, marquait le début
effectif du processus de privatisation de la compagnie aérienne nationale.
Le document paraphé dans les services du ministère de l'Economie et des
finances par l'administrateur provisoire, Paul Ngamo Hamani d'une part, et
d'autre part par les délégués du personnel de Camair, officialisait
l'allocation de 5 milliards Fcfa à la compagnie aérienne. Ce qui, selon
l'administrateur provisoire de Cameroon airlines, devait servir au dédommagement
de 430 travailleurs de la compagnie devant être délestés du personnel
Camair. Mais, sept mois après la mise en application dudit document, rien
que 117 employés ont effectivement bénéficié de l'application des
clauses du protocole d'accord. Qu'en est-il donc des 313 employés restant
qui attendent incessamment d'être dédommagés par Paul Ngamo Hamani ? Le
premier point d'ombre de cette situation commence tout d'abord avec l'établissement
des listes des partants de la Camair : selon un délégué du personnel de
cette entreprise, parmi les 430 employés retenus, plus d'une dizaine
seraient de jeunes stagiaires dont les noms auraient été insérés dans
les listes de départ sans leur consultation aucune, au détriment de
plusieurs employés de plus de 50 ans, qui pourtant ont effectivement écrit
pour demander leur retraite par anticipation. Seulement, les stagiaires
dont les noms auraient été retenus dans les listes de départ n'ont
nullement été notifiés par l'administrateur provisoire ; ce qui
signifie en clair qu'officiellement, ces derniers ne font plus partie du
personnel de la Camair, mais qu'officieusement, ils continuent bel et bien
de travailler pour le compte de la compagnie aérienne. Ceci implique donc
que contrairement à ce que l'administrateur provisoire de la Camair avait
annoncé à l'opinion publique peu avant la signatur e du protocole
d'accord, la compagnie aérienne nationale est loin de s'être réellement
séparée de 430 employés tel qu'il avait été prévu au départ par
l'Etat. Motifs
fallacieux
Alors
que ces listes de départ sont toujours sujettes à question au sein même
de la Camair, la deuxième vague d'employés ayant reçu leur lettre de départ,
sont encore dans l'attente du paiement de leur pécule de retraite tel que
prévu par le protocole d'accord. En effet au premier alinéa de l'article
7 dudit document, il est stipulé que " les sommes dues au
travailleur lui sont intégralement reversées par virement, chèque
certifié ou en espèces, en une seule tranche à la date de cessation
d'emploi. " Malheureusement, plus de trois mois après leur départ,
aucun radis n'a encore été octroyé à ces retraités de la deuxième
vague. Lors de l'installation de la nouvelle équipe dirigeante de la
Camair en décembre dernier au siège de l'entreprise à Douala-Bonanjo,
l'administrateur provisoire, lui-même avait solennellement promis de
solder tous les comptes des retraités à la date du 15 janvier 2006. Mais
à cette date, aucun centime ne leur a été reversé. Plusieurs
motifs fallacieux ont été utilisés par l'administration provisoire de
Camair pour justifier ce retard de paiement. Le plus notable d'entre eux
est celui de la mise en application effective de la nouvelle loi des
finances ; en effet, approchés par les retraités le 5 janvier dernier,
le directeur financier de la Camair, Yimnya Merlin, affirmait n'avoir pas
encore été informé de la promulgation de la nouvelle loi des finances,
qui, selon lui, serait le document qui permettrait à la Camair de décaisser
les fonds alloués aux retraités. Motif qui s'avère des plus fallacieux
dans la mesure où la loi des finances 2006 a été promulguée la première
semaine de janvier 2006. La
colère monte
Pendant
ce temps, le processus de privatisation de la Cameroon airlines poursuit
son avancée sans encombre, comme si tout allait pour le mieux dans le
meilleur des mondes. En effet, le 26 janvier dernier, le ministre de
l'Economie et des finances, Polycarpe Abah Abah, a lancé un premier appel
d'offres pour le rachat de la Camair dans les colonnes de Cameroon
Tribune. Le jour suivant dans le même canard, il a été écrit que
" ( ) le passif de la Camair sera réglé par un liquidateur qui sera
désigné à cet effet. Les droits sociaux seront réglés par l'Etat
", (p7). Selon cet article, il ne s'agit nullement des retraités
actuels ayant été délestés du personnel Camair selon les clauses du
protocole d'accord du 16 août 2006, mais plutôt d'une vague de retraités
à venir, dont la Camair devra assurer le départ juste après la
privatisation effective de la compagnie aérienne. Au
siège même de la Cameroon airlines à Douala, l'administrateur
provisoire, Paul Ngamo Hamani est insaisissable ; toutes les personnes
ayant sollicité une audience auprès de ce dernier attendent désespérément
d'être reçues. Alors que la présidente du comité de suivi des départs,
Mme Massouké, reste totalement muette à ce sujet, sa collaboratrice la
plus immédiate, la représentante de l'administrateur provisoire lors des
négociations du protocole d'accord et membre du comité de suivi des départs,
Nsoga Marguerite (chef de département gestion du personnel à la suite
des dernières nominations), est en vacances à l'étranger depuis
maintenant une semaine. Le reste des directeurs affirment n'avoir aucune
idée réelle de ce qui se trame autour de l'argent des retraités de la
Camair. Alors
que la date butoir de réception de dossiers des potentiels repreneurs de
la Camair est fixée au plus tard le 13 février 2006 avant 17 heures à
la commission technique de privatisation et de liquidation, la colère,
elle, commence à prendre de l'ampleur chez les retraités de la Cameronn
airlines.
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