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Où sont passés les 5 milliards des retraités ?

Par Nga Che Crescencia, Le Messager (Douala)

7 Février 2006

 

La compagnie nationale aérienne dont la privatisation fait partie des plus importantes conditionnalités de l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative Ppte en mars prochain, est traversée par un gros nuage qui obscurcit la visibilité entre ses principaux responsables et certains retraités de l'entreprise.

La signature du protocole d'accord relatif au traitement du volet social de la privatisation de la Camair le 16 août 2005, marquait le début effectif du processus de privatisation de la compagnie aérienne nationale. Le document paraphé dans les services du ministère de l'Economie et des finances par l'administrateur provisoire, Paul Ngamo Hamani d'une part, et d'autre part par les délégués du personnel de Camair, officialisait l'allocation de 5 milliards Fcfa à la compagnie aérienne. Ce qui, selon l'administrateur provisoire de Cameroon airlines, devait servir au dédommagement de 430 travailleurs de la compagnie devant être délestés du personnel Camair. Mais, sept mois après la mise en application dudit document, rien que 117 employés ont effectivement bénéficié de l'application des clauses du protocole d'accord. Qu'en est-il donc des 313 employés restant qui attendent incessamment d'être dédommagés par Paul Ngamo Hamani ?

Le premier point d'ombre de cette situation commence tout d'abord avec l'établissement des listes des partants de la Camair : selon un délégué du personnel de cette entreprise, parmi les 430 employés retenus, plus d'une dizaine seraient de jeunes stagiaires dont les noms auraient été insérés dans les listes de départ sans leur consultation aucune, au détriment de plusieurs employés de plus de 50 ans, qui pourtant ont effectivement écrit pour demander leur retraite par anticipation. Seulement, les stagiaires dont les noms auraient été retenus dans les listes de départ n'ont nullement été notifiés par l'administrateur provisoire ; ce qui signifie en clair qu'officiellement, ces derniers ne font plus partie du personnel de la Camair, mais qu'officieusement, ils continuent bel et bien de travailler pour le compte de la compagnie aérienne. Ceci implique donc que contrairement à ce que l'administrateur provisoire de la Camair avait annoncé à l'opinion publique peu avant la signatur e du protocole d'accord, la compagnie aérienne nationale est loin de s'être réellement séparée de 430 employés tel qu'il avait été prévu au départ par l'Etat.

Motifs fallacieux

Alors que ces listes de départ sont toujours sujettes à question au sein même de la Camair, la deuxième vague d'employés ayant reçu leur lettre de départ, sont encore dans l'attente du paiement de leur pécule de retraite tel que prévu par le protocole d'accord. En effet au premier alinéa de l'article 7 dudit document, il est stipulé que " les sommes dues au travailleur lui sont intégralement reversées par virement, chèque certifié ou en espèces, en une seule tranche à la date de cessation d'emploi. " Malheureusement, plus de trois mois après leur départ, aucun radis n'a encore été octroyé à ces retraités de la deuxième vague. Lors de l'installation de la nouvelle équipe dirigeante de la Camair en décembre dernier au siège de l'entreprise à Douala-Bonanjo, l'administrateur provisoire, lui-même avait solennellement promis de solder tous les comptes des retraités à la date du 15 janvier 2006. Mais à cette date, aucun centime ne leur a été reversé.

Plusieurs motifs fallacieux ont été utilisés par l'administration provisoire de Camair pour justifier ce retard de paiement. Le plus notable d'entre eux est celui de la mise en application effective de la nouvelle loi des finances ; en effet, approchés par les retraités le 5 janvier dernier, le directeur financier de la Camair, Yimnya Merlin, affirmait n'avoir pas encore été informé de la promulgation de la nouvelle loi des finances, qui, selon lui, serait le document qui permettrait à la Camair de décaisser les fonds alloués aux retraités. Motif qui s'avère des plus fallacieux dans la mesure où la loi des finances 2006 a été promulguée la première semaine de janvier 2006.

La colère monte

Pendant ce temps, le processus de privatisation de la Cameroon airlines poursuit son avancée sans encombre, comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. En effet, le 26 janvier dernier, le ministre de l'Economie et des finances, Polycarpe Abah Abah, a lancé un premier appel d'offres pour le rachat de la Camair dans les colonnes de Cameroon Tribune. Le jour suivant dans le même canard, il a été écrit que " ( ) le passif de la Camair sera réglé par un liquidateur qui sera désigné à cet effet. Les droits sociaux seront réglés par l'Etat ", (p7). Selon cet article, il ne s'agit nullement des retraités actuels ayant été délestés du personnel Camair selon les clauses du protocole d'accord du 16 août 2006, mais plutôt d'une vague de retraités à venir, dont la Camair devra assurer le départ juste après la privatisation effective de la compagnie aérienne.

Au siège même de la Cameroon airlines à Douala, l'administrateur provisoire, Paul Ngamo Hamani est insaisissable ; toutes les personnes ayant sollicité une audience auprès de ce dernier attendent désespérément d'être reçues. Alors que la présidente du comité de suivi des départs, Mme Massouké, reste totalement muette à ce sujet, sa collaboratrice la plus immédiate, la représentante de l'administrateur provisoire lors des négociations du protocole d'accord et membre du comité de suivi des départs, Nsoga Marguerite (chef de département gestion du personnel à la suite des dernières nominations), est en vacances à l'étranger depuis maintenant une semaine. Le reste des directeurs affirment n'avoir aucune idée réelle de ce qui se trame autour de l'argent des retraités de la Camair.

Alors que la date butoir de réception de dossiers des potentiels repreneurs de la Camair est fixée au plus tard le 13 février 2006 avant 17 heures à la commission technique de privatisation et de liquidation, la colère, elle, commence à prendre de l'ampleur chez les retraités de la Cameronn airlines. 


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