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France 5 décembre 2006
L'enjeu était de faire économiser à terme 300 millions d'euros à l'Etat.
Tout agent de la fonction publique qui termine sa carrière en outre-mer
ou décide de s'y installer pour sa retraite - sans même y avoir travaillé
- bénéficie de ce qu'on appelle des indemnités temporaires. Il s'agit
d'une majoration de pension, qui est de 35 % à La Réunion et à Mayotte,
et atteint 75 % en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie. Au fil
des ans, ce qui était un avantage acquis est devenu un filon, si l'on en
croit les chiffres. Ils étaient 9 618 à en bénéficier en 1989, 19 432
en 2000 et... 29 861 en 2005. Selon M. Arthuis, au train où vont les
choses, le coût annuel de cet avantage augmenterait de 70 millions
d'euros par an. "MONTANT EXORBITANT" La combine commence à être connue. Un certain nombre de bénéficiaires ne
disposeraient que d'une boîte aux lettres en outre-mer. D'autant plus
facilement qu'aucun contrôle n'est exercé par l'administration. "Nous
ne voulons pas remettre en cause les situations acquises, tempère M.
Arthuis. Mais il faut suspendre les flux." Son amendement prévoyait
ainsi le maintien de cet avantage pour les seuls bénéficiaires à la
date du 1er janvier 2007. Le sénateur sait que toute publicité autour des indemnités temporaires
est à double tranchant. Elle contribue à faire connaître le filon et
augmente fatalement le nombre des bénéficiaires. Mais elle favorise
aussi une prise de conscience dans l'opinion. Sur ce dernier point, il semble avoir été entendu. Dans un rapport sur les
pensions des fonctionnaires en 2003, la Cour des comptes a conclu qu'il
fallait "mettre fin à l'attribution de cette indemnité injustifiée,
d'un montant exorbitant et sans le moindre équivalent dans les autres régimes
de retraite". Le ministère du budget a diligenté cette année un
audit sur le sujet. Plusieurs associations libérales ont fait de ce thème un cheval de
bataille. C'est le cas de Sauvegarde retraites, qui a acheté un encart
dans Le Figaro du 30 novembre. "Les retraites jackpot des
fonctionnaires d'outre-mer sont devenues intolérables", proclame
cette publicité. L'association Sans employer les mêmes termes, M. Arthuis estime que "le plus gros
problème en outre-mer est celui des surrémunérations des fonctionnaires.
Cela ruine les collectivités locales". L'élu souhaite que ce sujet
puisse faire l'objet d'une "conférence nationale sous l'autorité du
président de la République". "Pour l'instant, on en est au
stade de la lucidité", conclut-il.
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