Home |  Elder Rights |  Health |  Pension Watch |  Rural Aging |  Armed Conflict |  Aging Watch at the UN  

  SEARCH SUBSCRIBE  
 

Mission  |  Contact Us  |  Internships  |    

        

 

 

 

 

 

 

 

 



Faut-il souscrire un PERP ?


Par Laurence Delain, Le Monde

France

29 octobre 2006


Lancé à grand renfort de publicité il y a deux ans et demi, le plan d'épargne-retraite populaire (PERP) devrait être bientôt mis en avant dans les agences bancaires. L'automne et, plus particulièrement, la fin d'année sont des périodes toujours favorables à la promotion de l'avantage fiscal lié à la souscription d'un PERP dont les cotisations sont déductibles du revenu net imposable dans certaines limites. "En 2005, comme en 2004, le mois de décembre a représenté plus du quart des cotisations de l'année", remarque la Fédération française des sociétés d'assurances (FFSA), dans une étude statistique publiée en mai.

Créé par la loi Fillon sur les retraites du 21 août 2003, le PERP a, semble-t-il, bien besoin de ce coup de pouce saisonnier pour se rappeler à la mémoire des Français. Contrairement aux premières projections effectuées par les assureurs et les banquiers qui tablaient sur une collecte comprise entre 1 et 3 milliards d'euros dès 2004, ce nouvel outil d'épargne retraite peine à prendre sa place. "42 % des Français ont entendu parler du PERP, mais seulement 13 % pensent en souscrire un dans l'année", constatait l'Observatoire du cercle des épargnants (groupe Generali) dans une étude menée au printemps en partenariat avec le Cecop (centre d'études et de connaissances sur l'opinion publique) sur la préparation de la retraite. "Promouvoir un placement en rentes reste très difficile, car un décalage persiste entre la prise de conscience du problème des retraites et le passage à l'acte individuel pour le résoudre", note Jean-Pierre Wiedmer, directeur du pôle assurances de HSBC France.

Comparé à l'assurance-vie, qui pèse aujourd'hui plus de 1 000 milliards d'euros, et constitue pour nombre d'épargnants un moyen de compléter sa retraite à titre individuel, le PERP fait encore pâle figure avec un encours global de 1,5 milliard d'euros. Sur 1,7 million de plans ouverts fin mars 2006, plus de 1,2 million de PERP ont été souscrits entre avril et décembre 2004, mais seulement 446 000 en 2005 et 71 000 au premier trimestre 2006.

Ces chiffres doivent cependant être relativisés. "Le PERP, à l'instar des contrats de retraite complémentaire loi Madelin pour les indépendants, demande un effort d'épargne de long terme, son alimentation procède par des versements réguliers, et son développement ne pourra se faire que progressivement", indique Eric Lemaire, porte parole d'Axa France.

Lancés en 1994, les contrats Madelin ont ainsi mis quatre ans avant de franchir le cap du milliard d'euros d'encours (1,2 milliard en 1998). Mais ils enregistrent depuis le début de l'année 2000, des taux de croissance annuels supérieurs à 20 % (+ 27 % en 2005) et couvrent aujourd'hui plus de 40 % des travailleurs non salariés. Au total, 619 000 contrats étaient souscrits fin 2005 pour un encours sous gestion de 9,2 milliards d'euros sous gestion. "Il faut laisser le temps au PERP de se positionner dans la gamme des produits d'épargne", estime Jean-Yves Hocher, directeur général de Predica, filiale d'assurance-vie du Crédit agricole, leader du marché avec plus du tiers des encours sous gestion.

Le Perco, plan d'épargne-retraite collectif, également créé par la loi Fillon afin de promouvoir les placements retraite dans le cadre de l'entreprise pourrait cependant lui faire sérieusement de l'ombre. Fin septembre 2006, selon les statistiques de l' AFG (Association française de la gestion financière), l'encours des Perco atteignait 645 millions d'euros, soit une progression de 96 % par rapport à décembre 2005. Désormais 31 129 entreprises, représentant plus d'un million de personnes, proposent ce plan et près de 189 000 salariés ont d'ores et déjà effectué des versements dans un Perco.

Ce plan d'épargne salariale de long terme, destiné aux salariés d'entreprises déjà dotées de PEE (plan d'épargne entreprise), offre davantage de souplesse que le PERP (sorties anticipées et récupération possible à échéance sous forme de capital défiscalisé). Il peut être aussi abondé par l'employeur. Autant d'arguments qui pour nombre d'épargnants compenseront le fait que contrairement au PERP, le Perco ne bénéficie pas d'avantage fiscal à l'entrée.

Pour l'heure, le PERP séduit un public plutôt jeune : fin 2005, près de 50 % des détenteurs avaient moins de 40 ans, contre 24 % 50 ans ou plus, dont l'effort d'épargne-retraite demeure modeste. Toujours fin 2005, 59 % des PERP affichaient moins de 500 euros de montant, et seuls 9 % dépassaient les 2 000 euros. "Même si le PERP est proposé aux clients fortement imposés en quête de défiscalisation, la logique qui prévaut est celle d'un équipement progressif dans une perspective globale de préparation de la retraite", indique-t-on chez Ecureuil-Vie, numéro deux du secteur derrière le Crédit agricole.

A l'instar de ses concurrents, l'Ecureuil a dû revoir son discours marketing sur le PERP, au départ essentiellement axé sur l'aspect défiscalisant de ce placement. Rappelés l'an dernier à l'ordre par le CCSF (Comité consultatif du secteur financier), qui a émis neuf recommandations afin que les professionnels insistent davantage sur la notion d'épargne-retraite inhérente au PERP, son fonctionnement et son caractère contraignants (sortie obligatoire en rente), nombre de réseaux ont infléchi leur démarche de vente en faveur de davantage de pédagogie. Reste à savoir si ces principes vertueux sont bien appliqués sur le terrain.


Copyright © Global Action on Aging
Terms of Use  |  Privacy Policy  |  Contact Us