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France 29
octobre 2006
Créé par la loi Fillon sur les retraites du 21 août 2003, le PERP a,
semble-t-il, bien besoin de ce coup de pouce saisonnier pour se rappeler
à la mémoire des Français. Contrairement aux premières projections
effectuées par les assureurs et les banquiers qui tablaient sur une
collecte comprise entre 1 et 3 milliards d'euros dès 2004, ce nouvel
outil d'épargne retraite peine à prendre sa place. "42 % des Français
ont entendu parler du PERP, mais seulement 13 % pensent en souscrire un
dans l'année", constatait l'Observatoire du cercle des épargnants (groupe
Generali) dans une étude menée au printemps en partenariat avec le Cecop
(centre d'études et de connaissances sur l'opinion publique) sur la préparation
de la retraite. "Promouvoir un placement en rentes reste très
difficile, car un décalage persiste entre la prise de conscience du problème
des retraites et le passage à l'acte individuel pour le résoudre",
note Jean-Pierre Wiedmer, directeur du pôle assurances de HSBC France. Comparé à l'assurance-vie, qui pèse aujourd'hui plus de 1 000 milliards
d'euros, et constitue pour nombre d'épargnants un moyen de compléter sa
retraite à titre individuel, le PERP fait encore pâle figure avec un
encours global de 1,5 milliard d'euros. Sur 1,7 million de plans ouverts
fin mars 2006, plus de 1,2 million de PERP ont été souscrits entre avril
et décembre 2004, mais seulement 446 000 en 2005 et 71 000 au premier
trimestre 2006. Ces chiffres doivent cependant être relativisés. "Le PERP, à
l'instar des contrats de retraite complémentaire loi Madelin pour les indépendants,
demande un effort d'épargne de long terme, son alimentation procède par
des versements réguliers, et son développement ne pourra se faire que
progressivement", indique Eric Lemaire, porte parole d'Axa France. Lancés en 1994, les contrats Madelin ont ainsi mis quatre ans avant de
franchir le cap du milliard d'euros d'encours (1,2 milliard en 1998). Mais
ils enregistrent depuis le début de l'année 2000, des taux de croissance
annuels supérieurs à 20 % (+ 27 % en 2005) et couvrent aujourd'hui plus
de 40 % des travailleurs non salariés. Au total, 619 000 contrats étaient
souscrits fin 2005 pour un encours sous gestion de 9,2 milliards d'euros
sous gestion. "Il faut laisser le temps au PERP de se positionner
dans la gamme des produits d'épargne", estime Jean-Yves Hocher,
directeur général de Predica, filiale d'assurance-vie du Crédit
agricole, leader du marché avec plus du tiers des encours sous gestion. Le Perco, plan d'épargne-retraite collectif, également créé par la loi
Fillon afin de promouvoir les placements retraite dans le cadre de
l'entreprise pourrait cependant lui faire sérieusement de l'ombre. Fin
septembre 2006, selon les statistiques de l' Ce plan d'épargne salariale de long terme, destiné aux salariés
d'entreprises déjà dotées de PEE (plan d'épargne entreprise), offre
davantage de souplesse que le PERP (sorties anticipées et récupération
possible à échéance sous forme de capital défiscalisé). Il peut être
aussi abondé par l'employeur. Autant d'arguments qui pour nombre d'épargnants
compenseront le fait que contrairement au PERP, le Perco ne bénéficie
pas d'avantage fiscal à l'entrée. Pour l'heure, le PERP séduit un public plutôt jeune : fin 2005, près de
50 % des détenteurs avaient moins de 40 ans, contre 24 % 50 ans ou plus,
dont l'effort d'épargne-retraite demeure modeste. Toujours fin 2005, 59 %
des PERP affichaient moins de 500 euros de montant, et seuls 9 % dépassaient
les 2 000 euros. "Même si le PERP est proposé aux clients fortement
imposés en quête de défiscalisation, la logique qui prévaut est celle
d'un équipement progressif dans une perspective globale de préparation
de la retraite", indique-t-on chez Ecureuil-Vie, numéro deux du
secteur derrière le Crédit agricole. A l'instar de ses concurrents, l'Ecureuil a dû revoir son discours
marketing sur le PERP, au départ essentiellement axé sur l'aspect défiscalisant
de ce placement. Rappelés l'an dernier à l'ordre par le CCSF (Comité
consultatif du secteur financier), qui a émis neuf recommandations afin
que les professionnels insistent davantage sur la notion d'épargne-retraite
inhérente au PERP, son fonctionnement et son caractère contraignants
(sortie obligatoire en rente), nombre de réseaux ont infléchi leur démarche
de vente en faveur de davantage de pédagogie. Reste à savoir si ces
principes vertueux sont bien appliqués sur le terrain.
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